L'éventualité que des éléments du GIA et du Gspc se recyclent dans le banditisme après des années au maquis était envisageable «il y a cinq ans». Le directeur général de la Sûreté nationale, M.Ali Tounsi, a révélé hier, au cours d'une conférence de presse, qu'il a animée à l'Ecole de police de Châteauneuf à Alger que «certains terroristes repentis se sont convertis dans le crime organisé». D'emblée, et même si M.Tounsi n'a annoncé aucun chiffre sur le nombre de ces repentis qui, comme il le dit lui-même, «ont changé d'attitude», en optant pour le crime organisé, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'une vérité indéniable. L'éventualité que des éléments du GIA et du Gspc puissent se recycler dans le banditisme après des années au maquis était envisageable «il y a cinq ans», avec la promulgation de la loi sur la concorde civile. Cette probabilité a été prise en compte par les services de la police nationale qui, a souligné M.Tounsi, «a pris les devants pour faire face à ce fléau». Le Dgsn faisait référence à la résurgence du banditisme qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes dans le pays. Il semble donc que parmi les bandes criminelles qui agissent sur le territoire national, il en est qui, à l'origine, étaient des terroristes qui se sont repentis, pour en fin de compte verser dans le crime organisé. L'autre préoccupation actuelle des services de sécurité est, à en croire l'orateur, la surveillance des mosquées, notamment celles implantées en zones urbaines. «Les mosquées sont très bien surveillées, il y a des rapports hebdomadaires et les bilans mensuels qui sont établis régulièrement à leur sujet (...) pour le moment, aucune anomalie n'a été signalée». S'agissant de la situation sécuritaire à l'intérieur du pays, M.Tounsi estime que celle-ci s'est vite améliorée. «L'année dernière, dira-t-il, on a enregistré presque 400 citoyens assassinés par les terroristes» comparativement à 1997, ajoute M.Tounsi, le nombre de personnes assassinées par le terrorisme était de 7 000. A une question relative à la lutte antiterroriste, le patron de la Dgsn a eu cette réponse: «Il vaut mieux ne pas en parler tant que nous sommes aux prises avec les dernières poches du terrorisme». M.Tounsi s'est contenté, en revanche, de dire que «le gouvernement a décidé d'opter pour d'autres méthodes pour en finir avec les terroristes», sans toutefois, préciser la nature de ces méthodes. Le responsable de la Sûreté a également mis en exergue le fait que le gouvernement algérien ne lésine en aucun cas à fournir à l'institution Dgsn tout ce dont elle a besoin pour assurer une meilleure sécurité au citoyen. «Nous sommes une des quatre priorités du gouvernement (...) celui-ci ne nous refuse rien quand il s'agit de la sécurité du citoyen», a-t-il souligné. En ce sens, il est prévu dans le cadre du programme quinquennal de la Sûreté nationale, le recrutement de quelque 45.000 agents de police tous grades confondus, ainsi que la dotation d'environ 200 daïras reparties à travers le pays de commissariats urbains. Le nombre de policiers en activité avoisine actuellement les 120.000 hommes, et il semble, laisse entendre M.Tounsi, que la majorité d'entre eux active dans la police de proximité. «En termes de redéploiement de la police de proximité, je peux vous assurez qu'on est mieux que la France», a encore déclaré le n°1 de la Dgsn. Celui-ci fera part de la création, dans un proche avenir, de l'académie de police, ainsi que de la construction d'une école de police dans le sud du pays. La question des disparus a été l'un des thèmes abordées par le patron de la Dgsn. En ce sens, M.Tounsi mettra en valeur le concours du laboratoire ADN relevant de la Dgsn dans le traitement du dossier des disparus. Il mettra en valeur également le volet de la coopération entre la police algérienne et Interpol. Sur cette question, M.Tounsi dira que «c'est grâce à l'Algérie qu'Interpol a intégré la lutte antiterroriste parmi ses activités». A noter enfin que l'un des objectifs attendus de cette coopération avec Interpol n'est autre que celui d'aboutir à l'arrestation de Moumen Khalifa, demeurant en fuite à ce jour.