L'heure est venue pour un retour triomphal d' Emmerson Mnangagwa, deux semaines après avoir été contraint de fuir le pays. Ce qui était impensable, il y a à peine quelques jours, au Zimbabwe, s'est donc produit hier. Le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, après avoir été désavoué par son parti qui l'a menacé de destitution s'il ne quittait pas la présidence du pays, au plus tard dans les vingt quatre heures, a fini par donner sa démission. Un temps approché par le chef de l'armée qui lui a proposé cette solution, il avait opposé un non catégorique. Mais des manifestations répétées ont eu lieu qui ont conduit la Zanu-PF à décider son éviction à l'unanimité, le remplaçant par Emmerson Mnangagwa, le vice-président démis de ses fonctions, le 6 novembre dernier, après un conflit avec Grace Mugabe. Outre la Zanu-PF, le Parlement a fixé un véritable ultimatum pour la procédure de destitution. Dans cette optique, Emmerson Mnangagwa a été nommé à la tête de la Zanu-PF, devenant son candidat à l'élection présidentielle. Dans la foulée, la Zanu-PF avait également exclu l'épouse controversée du chef de l'Etat, Grace Mugabe. Toutes ces mesures «marquent le début d'une ère nouvelle», ont estimé plusieurs cadres de la Zanu-PF dont Obert Mpofu. Face à cette fronde, Robert Mugabe n'a eu d'autre choix, après plusieurs rencontres avec les chefs de l'armée, que d'accepter l'offre d'une reddition «en douceur». Le but recherché est de ne pas froisser davantage l'Union africaine qui avait mis en garde contre un coup d'Etat militaire. Le président en exercice de l'organisation africaine et son homologue sud-africain Jacob Zuma, proches de Robert Mugabe, se sont efforcés de lui obtenir une sortie digne. La rue a, elle aussi, participé à la pression sur le chef de l'Etat au point que le Zimbabwe a vécu, samedi dernier, l'une des plus grandes manifestations jamais organisées depuis son indépendance. Le président zimbabwéen s'est entretenu à diverses reprises avec les généraux de l'armée, depuis le coup de force militaire et le message a sans cesse porté sur la volonté d'une passation pacifique, des images ayant même été diffusées montrant les discussions entre le président Mugabe et le le chef d'état-major, Constantino Chiwenga. L'heure est venue pour un retour triomphal d' Emmerson Mnangagwa, deux semaines après avoir été contraint de fuir le pays. A 75 ans, il va hériter d'un Zimbabwe à l'économie sinistrée et aux ressources raréfiées. Celui que l'on surnomme «le crocodile» bénéficie d'un préjugé favorable même si les pays de la Communauté de développement économique de l'Afrique australe (Sadc) ont manifesté leur vive inquiétude face aux évènements.