L'Union africaine a aussitôt réagi par la voix de son président, le Guinéen Alpha Condé qui a déclaré: «Nous n'accepterons jamais le coup d'Etat militaire» et celle du président sud-africain Jacob Zuma qui s'est dit «très préoccupé» par la situation. L'ancien vice-président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, dont l'éviction était à l'origine du coup de force de l'armée, est rentré au pays, jeudi dernier, alors que le bras de fer se poursuit entre le président Robert Mugabe, déterminé à rester en fonction, et les militaires qui lui ont demandé de démissionner. M. Mnangagwa, surnommé le «crocodile» était considéré comme le dauphin désigné du chef de l'Etat avant d'être démis du poste de vice-président et de fuir le Zimbabwe où il était accusé par l'épouse du président Mugabe de «déloyauté». En exil, il n'avait pas cessé de promettre de revenir au pays afin d'y diriger la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Cette promesse, il l'a tenue quarante huit heures après le coup de force de l'armée dont les dirigeants lui sont proches depuis des années. Aussitôt après le coup de force, l'armée a placé en résidence surveillée le président Mugabe, au pouvoir depuis trente-sept ans. Cette mesure a soulevé nombre de réactions africaines, surtout que le nom de M. Mnangagwa circule avec insistance pour diriger la transition. Sauf que le chef de l'Etat a catégoriquement refusé de démissionner, lors d'un premier entretien avec le chef d'état-major de l'armée, le général Constantino Chiwenga, en présence notamment de deux envoyés spéciaux sud-africains. Nouveau signe de son refus de céder aux exigences de l'armée, M. Mugabe a tenu hier matin à se montrer en public, pour la première fois, depuis le coup de force. M.Mugabe qui avait confirmé en personne sa rétention dans sa résidence, a participé à une cérémonie de remise de diplômes à l'université de Harare. Au lendemain de la publication de photos en compagnie du général Constantino Chiwenga, il a réfuté l'annonce d'une «poursuite des discussions» autour de son départ. La Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, semblait divisée entre le «G40» pour génération 40, des quadragénaires proches de Grâce Mugabe, et la faction Lacoste, les fidèles de M. Mnangagwa surnommé le «crocodile». Il semble que la balance ait en fin de compte penché en faveur du président en exercice qui a déjà confirmé son intention de briguer un nouveau mandat de cinq ans en 2018. Prétoria a dépêché deux ministres qui suivent les tractations de près, alors que l'armée annonçait avoir arrêté les «criminels» dans l'entourage du président Mugabe. Les réactions partisanes sont diverses, que ce soit le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti de l'opposition ou d'autres. Quant à l'Union africaine, elle a aussitôt réagi par la voix du président guinéen Alpha Condé qui a déclaré «Nous n'accepterons jamais le coup d'Etat militaire» et celle du président sud-africain Jacob Zuma qui s'est dit «très préoccupé». En outre réunie en urgence au Botswana jeudi, la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) a appelé les protagonistes de la crise «à régler les défis politiques par des moyens pacifiques» en respectant la Constitution du Zimbabwe. L'organisation régionale a annoncé la tenue d'un «sommet extraordinaire urgent» à une date à préciser. Quant au commissaire pour la paix et la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, il déclare soutenir «totalement les efforts de la Sadc» et espérer qu'elle «réussira à apaiser les tensions et à promouvoir une solution pacifique».