Elle intervient au moment où la question des rapatriés prend une tournure polémique. Les ministres français ont l'intention de reprendre leur défilé à Alger, au moment même où la loi sur les rapatriés français n'arrête pas de faire des fracas. Le ministre français des Affaires étrangères, M.Philippe Douste-Blazy est attendu la semaine prochaine à Alger. Sa première mission au Maghreb, après son arrivée à la tête de la diplomatie française le 2 juin dernier, le conduira au Maroc, en Tunisie et en Algérie. Une mission des plus ardues pour le diplomate français, puisque la feuille d'examen contient des équations difficiles à résoudre. Il faut admettre que la visite de Philippe Douste-Blazy intervient dans un moment de controverse à la couleur grisâtre sur la question des rapatriés français et la glorification du colonialisme. La loi du 23 février adoptée par l'Assemblée française, vantant les mérites de la colonisation pourrait s'inviter comme sujet de discussion entre le ministre français et les officiels algériens, même si la couleur a été d'ores et déjà annoncée par Alger. «Nous devons être vigilants à l'égard de ces lois qui sont loin d'être innocentes», disait Bouteflika, en réponse au Parlement français. Le président de la République s'est interrogé sur le fait qu'un Parlement «peut glorifier une période coloniale coupable de massacres contre un peuple entier, et prétendre que cette présence a rendu service aux peuples colonisés». En tout cas, c'est dans une atmosphère tendue qu'intervient la visite du chef de la diplomatie française. Mais une escale qui pourrait néanmoins définir clairement les choses et mettre les points sur les «i». Du fait, tout incite à croire que la visite à Alger du représentant de l'Etat français pourrait opportunément être l'occasion pour discuter en tête à tête de l'attitude du Parlement français. Un agissement qui, rappelons-le, ne cesse de faire bondir également plusieurs intellectuels français, dénonçant ce qu'ils qualifient de «mensonge officiel sur des crimes, et des massacres allant parfois jusqu'au génocide». Une chose est sûre, Alger devra constituer la dernière escale du séjour du diplomate français au Maghreb. Encore, ne s'agit-il pas d'une mission spéciale pour discuter du différend algéro-marocain? C'est une hypothèse qui pourrait être crédible, puisque le ministre français des Affaires étrangères s'apprête à rencontrer les deux chefs d'Etat algérien et marocain. Ces entrevues programmées avec les deux présidents Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohammed VI sont loin d'être au stade d'une simple conversation protocolaire. Est-ce une tentative de médiation? C'est une question qui s'impose avec acuité, sachant que le royaume ibérique a démenti récemment, par la voix de son représentant diplomatique à Alger, le projet d'une médiation entre Rabat et Alger, mais aussi la tenue d'une rencontre au sommet entre l'Algérie, l'Espagne, la France et le Maroc. Au-delà des spéculations, la visite à Alger du diplomate français est éminemment politique. Elle intervient décidément au moment où la question des rapatriés prenait une tournure polémique. Cette escale de M.Philippe Douste-Blazy est appelée à être l'occasion pour reconstruire les ponts.