lettre envoyée par une soixantaine de députés de l'UMP pour protester contre l'invitation du président Bouteflika au 60e anniversaire du Débarquement de Provence à Toulon (sud de la France). / Le ministre français des Affaires étrangères a répondu à la Pour le moment, la teneur de la réponse de Michel Barnier n'est pas connue. Le ministère français des Affaires étrangères s'est engagé toutefois à donner des détails aussitôt que la lettre contenant la réponse de Michel Barnier parviendra à ses destinataires. « Nous avons l'intention de rendre publique cette lettre dès qu'elle sera parvenue à leurs destinataires », a déclaré, hier, la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo. Elle a précisé, en outre, que la réponse officielle du Quai d'Orsay, envoyée lundi dernier, « a fait l'objet d'une concertation interministérielle compte tenu de son importance ». Sollicitée par la presse pour divulguer quelques détails de la lettre de Barnier, Cécile Pozzo di Borgo s'est contentée de rappeler que « le travail de mémoire commun qui a été engagé entre la France et l'Algérie a déjà produit des résultats ». Pour atténuer les arguments avancés par les députés de l'UMP pour protester contre la présence du Président algérien, le 15 août à Toulon, elle rappellera que les deux pays sont déjà parvenus à des accords « sur des questions concrètes comme la libre circulation des harkis, la réhabilitation des cimetières français en Algérie et la duplication des actes d'état civil des rapatriés ». Cécile Pozzo di Borgo a signalé, par ailleurs, la publication par le ministère des Affaires étrangères d'« un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de 1963 sur les disparus français de la guerre d'Algérie et une liste de ces disparus ». L'annonce, pour la première fois, concernant l'existence de ces accords a été déjà faite, rappelle-t-on, lors de la visite de M. Barnier à Alger. L'évocation de ce sujet, considéré pourtant comme sensible en Algérie, n'avait suscité aucune réaction des partis ou de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Au-delà, l'Algérie considère globalement la question des harkis comme un « problème franco-français » dès lors qu'ils ont choisi librement de se ranger du côté de la France durant la guerre d'indépendance. Lors de sa visite en France, le président Bouteflika a comparé néanmoins les harkis aux Français collaborateurs ayant composé avec les nazis sous l'occupation. Et n'ayant visiblement pas digéré la reconnaissance par la France officielle du rôle joué par les combattants d'Afrique du Nord dans la libération de leur pays et de l'important rapprochement amorcé par Alger et Paris, des députés de l'UMP, proches des milieux de l'extrême droite, ont tenté d'exploiter le dossier des harkis pour saborder la participation du Président algérien à la célébration du 60e anniversaire du Débarquement de Provence. Dans une lettre adressée à Michel Barnier, en juillet, ces députés ont protesté contre l'invitation du président Bouteflika aux cérémonies du 15 août à Toulon. L'un des signataires de cette lettre, Claude Goasguen, député de Paris, est encore revenu hier à la charge. Il a estimé qu'il faudrait demander au président Bouteflika de « revenir sur ses propos » concernant les harkis qu'il avait qualifiés de « collaborateurs ». Malgré le « tintamarre » suscité par leur pétition, les députés de l'UMP expriment une position assez marginale en France. Le Monde, un quotidien réputé proche de l'establishment français, a publié hier un éditorial dans lequel il a « recadré » le débat. Tout en cernant les tenants et les aboutissants de la sortie des députés de l'UMP, l'éditorialiste du Monde a rappelé que « les héros algériens qui ont donné leur vie pour libérer la France de l'occupation nazie méritent que l'on ne les utilise pas à des fins politiciennes et que l'on se souvienne surtout du sang qu'ils ont versé ». Et de conclure : « Quoi que l'on puisse penser d'une sanglante guerre achevée il y a 42 ans (la guerre d'Algérie, ndlr), le temps n'est pas aux polémiques politiciennes. »