L'opposition syrienne en conclave en Arabie saoudite, pour tenter de revenir au-devant de la scène syrienne avant les pourparlers de Genève Tous les courants de l'opposition syrienne sont réunis à Riyadh pour tenter d'unifier leurs rangs pour les pourparlers du 28 novembre à Genève, sous l'égide des Nations unies, au moment où les initiatives se multiplient pour tenter de mettre fin à la crise qui ravage la Syrie depuis 2011. En effet, «140 dissidents syriens, issus des nombreux courants d'une opposition divisée, prenaient part à cette réunion» qui s'est ouverte hier, selon le ministère saoudien des Affaires étrangères. «Nous sommes aux côtés du peuple syrien (...) pour parvenir à une solution juste», a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne Adel Al-Jubeir à l'ouverture de la conférence dont l'objectif est de mettre sur pied une délégation unique et unifiée pour représenter l'opposition aux pourparlers du 28 novembre prévue à Genève, sous l'égide des Nations unies. Les participants «vont former une seule délégation pour les négociations», a souligné Hadi al-Bahra, un responsable de la Coalition nationale de l'opposition, relayé par la presse. Cette rencontre intervient en présence de l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, alors que la Turquie, l'Iran et la Russie tiennent, à des milliers de kilomètres de là, dans la station balnéaire russe de Sotchi, un sommet pour discuter d'une issue à la crise syrienne qui a fait plus de 330.000 morts et connaît un tournant avec des défaites à répétition du groupe terroriste «Etat islamique» sur le terrain. En effet, le président russe Vladimir Poutine réunit ses homologues turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Hassan Rohani pour «oeuvrer au règlement à long terme du conflit» syrien, à quelques jours de la reprise de pourparlers à Genève. Avec ce sommet qui devait s'ouvrir dans l'après-midi d'hier dans la station balnéaire russe de Sotchi (sud-ouest), le président russe, veut préparer l'après-conflit alors que le gouvernement syrien, soutenu par l'aviation russe, a repris une grande partie du territoire syrien aux factions de l'opposition armées et aux terroristes. Il a précédé la rencontre d'intenses contacts diplomatiques, recevant lundi le président syrien et s'entretenant mardi au téléphone avec plusieurs chefs d'Etat dont l'Américain Donald Trump, à qui il a assuré vouloir «oeuvrer activement en faveur d'un règlement à long terme du conflit», selon le Kremlin. La Russie et l'Iran, qui soutiennent Damas, et la Turquie, appuyant l'opposition syrienne, sont les parrains du processus d'Astana, la capitale kazakhe, qui a permis la mise en place de quatre «zones de désescalade» sur le territoire syrien. Ces mesures ont permis d'abaisser la tension sur le terrain et de réunir autour du même table des représentants du gouvernement et de l'opposition pour parler de questions militaires alors que les pourparlers politiques de Genève étaient au point mort. Moscou, à l'initiative de ce processus et dont l'intervention militaire a constitué un tournant du conflit, veut désormais trouver un relais politique à ce processus, au moment où selon M. Poutine la phase militaire «touche à sa fin». Les trois chefs d'Etat doivent discuter d'un éventuel «Congrès de dialogue national syrien» réunissant en Russie gouvernement et opposition, idée lancée fin octobre mais rejetée par l'opposition, attachée au processus de Genève qui reprend le 28 novembre. Il faut rappeler qu'à ce jour, les initiatives de paix en Syrie ont toutes échoué, avec comme principale pierre d'achoppement le sort du président Bachar Al-Assad, dont le départ est réclamé par de nombreux opposants syriens. Bon nombre d'opposants estiment qu'un consensus rimerait de facto avec l'acceptation par les représentants de cette opposition de réviser à la baisse leurs exigences quant au départ du président al Assad. D'où la démission par anticipation de plusieurs figures du Haut comité des négociations (HCN), qui représentait jusqu'alors l'opposition à Genève, deux jours seulement avant la conférence. C'est le cas notamment du coordinateur du HCN, Riad Hijab, qui, sans expliquer son geste, a indiqué qu'il avait toujours résisté aux «tentatives cherchant à revoir à la baisse (les exigences) de la révolution». Les démissions ont été favorablement accueillies par Moscou dont le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a estimé qu'elles allaient «aider l'opposition installée en Syrie et à l'étranger à s'unir de manière constructive».