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Et Poutine félicite Bachar al Assad
LE SOMMET DE SOTCHI SE PENCHE SUR LES ENJEUX DE LA PAIX EN SYRIE
Publié dans L'Expression le 22 - 11 - 2017

Le président Bachar al Assad reçu par le président Vladimir Poutine la veille du sommet de Sotchi
Principal soutien du régime syrien, la Russie travaille à mettre fin aux derniers soubresauts du conflit qui a fait 330.000 morts, plusieurs millions de réfugiés et d'incalculables destructions.
Accueillis hier à Sotchi par le président russe Vladimir Poutine, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Hassan Rohani avaient pour objectif de rapprocher leurs positions sur le conflit syrien alors que les pourparlers conduits par l'ONU à Genève doivent reprendre le 28 novembre. Cette réunion est intervenue au lendemain de la déclaration du chef d'état-major russe, Valeri Guerassimov qui a annoncé que la «phase active de l'opération militaire» en Syrie, où l'armée russe intervient en soutien au régime de Bachar al-Assad, «s'achève».
«Bien qu'il reste toute une série de problèmes, cette étape arrive à sa conclusion logique», a-t-il dit aux agences russes lors d'une réunion à Sotchi avec ses homologues iranien et turc, à la veille d'un sommet des chefs d'Etat de ces trois pays. Le propos de Guerassimov était d'ailleurs étayé par Vladimir Poutine en personne qui a reçu lundi le président Bachar al Assad pour le féliciter de la série de victoires, contre le terrorisme et pour déclarer: «En ce qui concerne notre travail commun dans la lutte contre le terrorisme en Syrie, cette opération touche à sa fin.»
Engagée en octobre 2015, l'intervention russe en Syrie déclenchée face aux menaces terroristes qui visaient la base navale de Tartous a complètement changé la donne au profit de l'armée syrienne qui a très vite repris la cité symbole de Palmyre aux terroristes de Daesh puis acculé ces derniers à une retraite de plus en plus totale, leurs ultimes résidus ayant été balayés dimanche dernier dans la bourgade d'Abou Kamal, près de la frontière irakienne.
Lors de l'entretien, le président Bachar al Assad «a constaté avec satisfaction que l'opération des forces armées russes, qui a permis de sauver la Syrie, était arrivée à sa fin de facto», a rapporté le porte-parole du Kremlin. Mais cela ne signifie pas la fin de la présence militaire russe en Syrie car des accords ont été convenus pour transformer Tartous en une base permanente de la marine russe en Méditerranée et les discussions portent également sur une option identique pour la base aérienne de Hmeimim d'où partaient les bombardiers qui ont soutenu pendant deux ans la contre-offensive de l'Armée arabe syrienne contre Daesh et les autres groupes terroristes comme Al Nosra.
Sans doute, le président Poutine a-t-il évoqué avec le président Bachar al Assad la thématique de l'après-conflit, à la veille du sommet de Sotchi auquel participaient les présidents turc Erdogan et iranien Rohani. Principal soutien du régime syrien, la Russie travaille à mettre fin aux derniers soubresauts du conflit qui a fait 330.000 morts, plusieurs millions de réfugiés et d'incalculables destructions.
C'est l'objectif majeur de la rencontre de Sotchi, qui a accueilli la première sortie du chef de l'Etat syrien depuis octobre 2015, date de l'engagement militaire russe en Syrie. Le tête-à-tête Poutine-Al Assad annoncé le lendemain a constitué une grande surprise pour les observateurs, surtout qu'il a duré quatre heures selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. D'après les images retransmises à la télévision, Vladimir Poutine a «félicité» le président syrien pour ses résultats dans la lutte contre le terrorisme, proche d'une défaite «inévitable et définitive». Mais ce qu'il fallait retenir de sa déclaration est bien cette phrase dans laquelle il disait: «Je pense qu'il est maintenant temps de passer au processus politique.»
Le président russe a d'ailleurs donné quelques indications sur sa démarche, indiquant qu'il comptait s'entretenir hier au téléphone avec le président américain Donald Trump puis avec des chefs d'Etat de pays arabes, dont l'émir du Qatar, pour recueillir des avis sur la situation en Syrie.»Nous avons intérêt à faire avancer le processus politique (...) Nous ne voulons pas regarder en arrière et nous sommes prêts à un dialogue avec tous ceux qui souhaitent vraiment aboutir à un règlement politique», a souligné pour sa part le président Bachar al Assad qui a, par ailleurs, exprimé «la reconnaissance du peuple syrien» pour l'aide de la Russie dans la défense «de l'intégrité territoriale et de l'indépendance» de la Syrie.
Depuis qu'il a initié le processus d'Astana, au Kazakhstan, avec le concours de l'Iran et de la Turquie qui soutient, pour sa part, certaines factions rebelles, le président Poutine a organisé par sept fois des rounds de négociations entre le régime syrien et son opposition, ce qui a déjà permis la mise en place de quatre zones de désescalade, notamment dans les régions d'Idlib, au nord-ouest, Homs, dans le centre du pays, la Ghouta orientale, près de Damas, et dans le Sud syrien. Ces accords ont assuré une réelle diminution des affrontements sur le terrain et il s'agit désormais pour Moscou et ses partenaires de faire en sorte que le processus transcende les questions militaires pour se préoccuper du calendrier politique.Une chose est sûre, il est loin le temps où les commentaires des diplomaties et des médias occidentaux sur les pourparlers de Genève se focalisaient sur «le sort de Bachar al Assad», une rengaine de certains groupes armés comme Al Nosra qui, à l'époque, passait pour une organisation légitime et recommandable! Il est vrai qu'elle avait alors le sauf-conduit des pays du CCG. Aujourd'hui, l'Armée arabe syrienne a repris la majeure partie du territoire que se disputaient, voici un an à peine, les groupes extrémistes et Daesh. De l'entretien de Sotchi entre Poutine et Al Assad, va sans doute découler une démarche constructive que pourront agréer toutes les parties et on pense, notamment, à la Turquie dont le souci majeur concerne le rôle des Kurdes des YPG, proches du PKK, dans la région limitrophe. Les Kurdes syriens avaient été conviés initialement au round prévu à Astana puis retirés précipitamment de la liste parce que Ankara a aussitôt réagi.
Preuve que le processus d'Astana en est encore à ses balbutiements et qu'il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Il faudra attendre les résultats de la réunion qui aura lieu aujourd'hui en Arabie saoudite et qui regroupe différentes factions de l'opposition syrienne invitées par Riyadh, dans le but d'unifier leurs positions avant la reprise des négociations à Genève le 28 novembre, un enième round consacré à la rédaction d'une nouvelle Constitution et à l'organisation d'élections. En fait, des négociations qui en sont constamment au point mort.
Raison pour laquelle Moscou, Téhéran et Ankara parient sur Astana en ce sens que la présence autour de la table des représentants du régime syrien et de l'opposition a réellement permis de progresser sur des questions cruciales à caractère militaire et technique.
Et c'est légitimement que les trois pays veulent user de ces progrès pour activer le processus politique, sachant que le devenir de la Syrie au lendemain de la défaite de Daesh et des groupes extrémistes n'est plus entre les mains des Etats-Unis et de leurs alliés arabes. Certes difficile, la démarche reste consensuelle et devrait permettre à terme la tenue d'un Congrès du dialogue national syrien, pour l'instant rejeté par l'opposition arc-boutée aux pourparlers de Genève, et pour cause. Mais, aujourd'hui, a-t-elle vraiment le choix?


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