L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental a été conforté dans sa mission pour relancer les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario. La messe n'est pas dite. Le Sahara occidental, malgré le forcing du souverain marocain, demeure un territoire inscrit sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes qui restent à décoloniser. Et le peuple sahraoui décidera de son destin. Comme le lui garantissent les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU qui vient de le rappeler en exprimant, mercredi à New York, son soutien aux efforts déployés par l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Kohler, pour relancer le processus de paix au Sahara occidental. Sa mission a été qualifiée de «contribution importante» pour la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. «Les membres du Conseil de sécurité expriment leur soutien aux efforts de l'envoyé personnel et se félicitent de sa nomination et de sa visite dans la région comme une importante contribution pour créer une nouvelle dynamique et un nouvel esprit en vue de faire avancer le processus politique», a indiqué Sebastiano Cardi le représentant permanent de l'Italie auprès des Nations unies, président en exercice du Conseil de sécurité, dans une déclaration à la presse à l'issue du premier briefing du successeur de Christopher Ross. «La reprise des négociations a constitué le thème central de ce premier oral de Kohler au Conseil de sécurité. Il y a une sorte de satisfaction par rapport aux rencontres tenues jusqu'ici en vue de relancer ce processus», a précisé l'ambassadeur italien dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de novembre tout en soulignant «la complexité de ce dossier». C'est le moins que l'on puisse dire si on se réfère au discours prononcé par le souverain marocain à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité», avait dit Mohammed VI. Pour l'héritier de Hassan II l'affaire est pliée. C'est du moins le rêve qu'il continue d'entretenir. La réalité est tout autre. Attestée par la réaction du porte-parole du SG de l'ONU. «Il y a un mandat du Conseil de sécurité (conféré) à l'envoyé personnel ainsi qu'à la Minurso, et nous allons continuer ce mandat et poursuivre notre travail», avait affirmé Stéphane Dujarric lors d'un point de presse qu'il a tenu le 8 novembre. Soit 48 heures seulement après les propos tenus par le roi. Interrogé sur une éventuelle réponse de Horst Köhler, représentant personnel du SG des Nations unies, Antonio Guterrès, pour le Sahara occidental à propos des déclarations du monarque alaouite, il s'est refusé à toute polémique. «Je ne vais pas réagir au discours du roi», avait-il indiqué. La délégation sahraouie comprenant Mhamed Khadad, coordinateur sahraoui avec la Minurso et Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario à New York, qui s'est entretenue, mardi dernier, avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental attend, quant à elle, un plus grand engagement de la part de l'organe exécutif des Nations unies. «Le Conseil de sécurité a le devoir de garantir que ses propres résolutions soient respectées et pleinement mises en oeuvre», ont souligné les représentants du peuple sahraoui qui ont demandé à l'envoyé personnel du SG de l'ONU de faire le point sur la base de la résolution 2351 adoptée en avril 2017, des progrès réalisés en vue d'une solution juste et durable au conflit au Sahara occidental, en tant que question de décolonisation. Questionné à propos de la toute récente déclaration lue par le président en exercice du Conseil de sécurité à la presse, Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès de l'ONU. a répondu que «le nouvel émissaire de l'ONU méritait un soutien plus fort de la part du Conseil de sécurité que celui exprimé aujourd'hui (mercredi, Ndlr)». «Le Conseil avait l'opportunité de manifester le soutien nécessaire à cet envoyé personnel, mais la France l'a empêché d'apporter cet appui», a révélé le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU. Le roi n'a apparemment pas fini de grenouiller pour entretenir son fantasme...