La colère des travailleurs Des dizaines de syndicalistes ont été arrêtés par la police, parmi lesquels figurent quatre présidents de syndicats. Le rassemblement d'une dizaine de syndicats, devant se tenir dans la matinée d'hier à Alger, a été empêchés par les forces de l'ordre. Et ce, après avoir interpellé quatre présidents de syndicats ainsi que des dizaines d'autres militants. Les représentants des différents syndicats se sont insurgés contre des pratiques d'un tel acabit, appelant au passage à relâcher le plus vite possible leurs «camarades de lutte». Le président de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef), Sadek Dziri, les qualifie de «grave atteinte aux libertés syndicales». «Où sont ces libertés, si on ne peut même plus tenir un rassemblement pacifique, et de surcroît pour porter haut des revendications tout à fait légitimes», a-t-il dénoncé en marge d'un point de presse improvisé au siège même de ce syndicat. Il a souligné dans la foulée que l'arrestation, tels de vulgaires criminels, de syndicalistes hommes et femmes, venus par centaines assister à ce sit-in afin de défendre leurs droits les plus fondamentaux est inadmissible. Au vu de cette action, Sadek Dziri constate que «ce régime ne veut visiblement pas rompre avec ses vieilles pratiques despotiques», se demandant ainsi combien de temps cette situation va-t-elle perdurer? Devant la même assistance euphorique composée entre autres d'activistes au sein de ces syndicats qui ont afflué des quatre coins du pays, le représentant du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Salim Ouelha rejoin Sadek Dziri et dénonce une atteinte aux droits des travailleurs. Selon lui, il est clair qu'à travers son action, le gouvernement ne daignera pas de si tôt encourager l'inclusion de l'intersyndicale dans le dialogue social. «On nous parle de dialogue ou de concertation que lorsque cela fait les bonnes affaires du régime, ce notamment à l'approche des élections», ironise-t-il. Le représentant du Cnapest renchérit et soulève le fait que les droits syndicaux sont perpétuellement bafoués. Il argumente son constat en relevant moult poursuites judiciaires et sanctions administratives dont font régulièrement l'objet de nombreux syndicalistes. «Nous sommes épiés jusque dans les cafés», s'exclame-t-il. «Comme si cela ne suffisait pas, on nous empêche aujourd'hui de parler de la manière la plus apaisée qui soit pour réclamer des droits basiques», s'est-il indigné. Par ailleurs, il regrette que leurs doléances soient de nouveau reportées. Pour Mohand Hand-Ouali, chargé de la pédagogie au Satef, l'heure est à la vigilance et qu'il n'est pas exclu que d'autres actions de ce type se reproduisent dans un futur proche. «Nous assistons aujourd'hui à la réponse d'un pouvoir incapable de solutionner les problèmes auxquels font face les travailleurs», a-t-il martelé. Il a encore affirmé qu'en dépit de ces arrestations arbitraires, le syndicalisme en Algérie ne mourra pas. Suite à cet épisode, les syndicats font part de leur indétrônable intention de ne pas s'avouer vaincus. «La scène d'aujourd'hui parle d'elle-même, nous ne pouvons dire autre chose si ce n'est que notre mouvement de protestation se renforcera davantage», a insisté le représentant du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Le Conseil national économique et social (Cnes), par la voix de son porte-parole prévient. «La colère du travailleur, une fois atteint une certaine limite peut devenir très dangereuse», dit-il. Les représentants des différents syndicats se sont tous accordés à dénoncer cette action qui relève de la «répression». Au moment où se déroulait cette conférence de presse, le siège de l'Unpef était cerné par un impressionnant dispositif de sécurité. Des dizaines de syndicalistes ont été arrêtés, parmi lesquels figurent les présidents du Snapest, du CLA, du Snte ainsi que du Snpsp. Enfin, ils ont rappelé que ce mouvement de protestation continuera d'exister pour que les mêmes revendications soient enfin agréées. A savoir, la préservation des acquis des travailleurs pour le droit à une retraite à 60 ans sans conditions d'âge et à la retraite proportionnelle, mais encore à l'instauration d'une politique visant à la protection du pouvoir d'achat du citoyen. Mais il s'agit par-dessus tout de recouvrer de réelles libertés syndicales.