L'intersyndicale se mobilise pour le sit-in du 25 novembre La défense des libertés syndicales devient une priorité pour l'intersyndicale autonome de la Fonction publique. Le musellement, les interdictions, les violations et les atteintes aux droits des travailleurs interpellent de plus en plus les syndicats autonomes qui tiendront le 25 novembre prochain un sit-in à la place des fusillés à Alger. «Le pouvoir cherche à tout prix la mise à mort du travail syndical», ont expliqué à l'unanimité, hier, les membres de l'intersyndicale, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'Unpef. Réitérant leur détermination et attachement aux revendications portant sur le retrait de la nouvelle loi sur la retraite dans sa forme actuelle, la protection du pouvoir d'achat des travailleurs et la participation à l'élaboration du projet de code du travail, les conférenciers disent avoir inscrit la défense des libertés syndicales comme la priorité des priorités. «Avant, nous défendions trois points. Désormais, nous faisons des libertés syndicales notre priorité», a lancé d'emblée Sadek Dziri, président de l'Unpef, citant «des violations» enregistrées contre des syndicalistes dans plusieurs secteurs. «Des camarades ont été radiés de leurs postes à Algérie poste. Et, malgré une décision de justice portant sur leur réintégration, la direction de l'entreprise ne veut rien entendre sans oublier le silence radio de la ministre de tutelle», dénonce-t-il. Le syndicat des postiers n'est pas le seul à subir l'oppression puisque même au sein du groupe public Sonelgaz, des syndicalistes vivent la même situation. L'éducation nationale et la santé n'y échappent pas. C'est dire, résume le représentant du SAP, qu'«il y a craintes sur les libertés syndicales», pourtant garanties par toutes les lois de la République, à commencer par la Constitution jusqu'au code du travail. Pour lui, «en ne reconnaissant que le seul partenaire social (UGTA) dans les entreprises et en obligeant les travailleurs à y adhérer, le pouvoir cherche la mise à mort de l'exercice syndical». En tout cas, la question de la défense des droits des travailleurs à s'organiser semble avoir été placée en tête des priorités. D'ailleurs, ce slogan sera largement scandé lors du sit-in de samedi prochain. «Mépris !» De plus, la création de la Confédération des syndicats algériens (CSA) dont l'Assemblée générale constitutive se tiendra le 11 décembre s'inscrit dans cette logique de vouloir casser le monopole du syndicat du pouvoir l'UGTA. Un monopole qui «a cassé le travail syndical en Algérie», regrette le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Même le syndicat des imams, à travers son représentant, se dit «choqué» par l'attitude autorités qui «veulent nous faire revenir au 18e siècle». «C'est la honte !», dénonce-t-il, estimant qu'il s'agit de droits civiques que ni le pouvoir, ni le gouvernement ne doivent violer. Par ailleurs, les représentants de l'intersyndicale qui compte une quinzaine de syndicats autonomes issus de la santé, de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de l'administration publique, de la formation professionnelle, des affaires religieuses, de la Poste et de Sonelgaz, a tiré à boulets rouges sur le gouvernement qui «adopte une attitude méprisante». «Il y a quelques mois, nous avons entendu parler de main tendue aux syndicats autonomes. Maintenant, ni le Premier ministre ni son ministre du Travail n'ont répondu à nos demandes d'audience. Ils nous ignorent carrément», fustige le Dr Merabet. Pour lui et ses camarades, les actions de l'intersyndicale vont se radicaliser s'il n'y a pas d'échos. «Nous avons opté jusqu'à présent pour l'organisation de marches et de sit-in. Mais cela n'exclut pas qu'il pourrait y avoir d'autres actions radicales ou des grèves», met en garde Meziane Meriene, coordinateur national du Snapest. Refusant que les travailleurs soient les victimes de la crise et de la mauvaise gestion, Messaoud Boudiba du Cnapeste et Idir Achour du CLA rejettent en bloc, au nom de l'intersyndicale, le projet de loi de finances pour 2018, avertissant d'une probable «explosion sociale». En attendant que les portes du dialogues soient rouvertes, le bras de fer s'installe entre le gouvernement Ouyahia et l'intersyndicale.