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Le corps médical ne décolère pas
UNE SANTE MALADE, DES PATIENTS MECONTENTS ET UNE ADMINISTRATION DEPASSEE
Publié dans L'Expression le 29 - 11 - 2017

Les médecins résidents crient leur détresse et interpellent une nouvelle fois les autorités concernées sur une situation qui ne peut perdurer
Les mouvements de protestation sont de plus en plus nombreux dans le secteur de la santé.
Le secteur de la santé vit un profond malaise qui se caractérise par moult défaillances mettant sérieusement à mal la gestion de tout le système de santé algérien. Les établissements hospitaliers sont pratiquement tous livrés à eux-mêmes (manque de moyens, népotisme, bureaucratie et insalubrité). Si le citoyen s'est toujours plaint des prestations qui lui sont offertes au sein des hôpitaux, aujourd'hui, ce sont les praticiens de la santé qui expriment leur mécontentement quant à cette condition.
Cette crise à laquelle est en proie ce secteur, se traduit en ce moment par l'organisation de débrayages et de sit-in répétitifs. Après les sages-femmes, les médecins en chirurgie dentaire ou encore les pharmaciens, ce sont dernièrement, les médecins résidents qui sont montés au créneau pour appeler à l'amélioration de leur statut, car cela est intrinsèquement lié à la santé de la population. Ces derniers ont d'ailleurs répondu avant-hier en masse à l'appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). C'est au sein du CHU Mustapha-Pacha qu'ils se sont constitués en groupes de dizaines afin de protester contre le non-respect du statut du médecin résident et ce, sur bien des plans. Banderoles et mégaphones à la main, l'ensemble de ces blouses blanches a haussé le ton contre ce qu'il considère comme étant de la pure «discrimination» envers sa corporation. A travers des slogans tels que «médecins en colère» ou encore «jusqu'au bout, résidents toujours debout», les médecins résidents crient leur détresse et interpellent une nouvelle fois les autorités concernées sur une situation qui ne peut perdurer». Faisant part des nombreuses préoccupations auxquelles les résidents doivent faire face, l'une des représentantes du Camra a évoqué en premier lieu le caractère obligatoire du service civil «dont l'échec est avéré». «On nous oblige à travailler de un an jusqu'à quatre ans dans les régions isolées, mais on ne nous donne pas les moyens nécessaires», s'est-elle insurgé. Et pour cause, poursuit-elle, la couverture sociale du citoyen dans ces régions est loin d'être efficace. Cela n'arrange ni le médecin ni le citoyen lui-même, précise-t- elle. «Nous exigeons par conséquent, des mesures incitatives pour l'annulation du service civil qui, dans sa forme actuelle, ne nous sert pas du tout, bien au contraire». Elle a insisté toutefois sur le fait que les revendications du Camra ne portent nullement sur la suppression de ce service, mais seulement sur sa révision. La même représentante a abordé en outre la formation peu satisfaisante qui est dispensée aux médecins, allant jusqu'à la juger de «médiocre». «Nous manquons affreusement de moyens dans ce sens», nous dit-elle. Autre point soulevé par cette dernière, il s'agit de l'exclusion des médecins en général de la dispense du Service national. «C'est de la discrimination, nous sommes des travailleurs au même titre que les autres salariés algériens, pourquoi sommes-nous privés de ce droit», s'exclame-t-elle. Les protestataires ont avoué par ailleurs, ne pas comprendre le silence du ministère de la Santé qui s'obstine à faire la sourde oreille. Et ce n'est pas faute de l'avoir sollicité. Le docteur Taïleb, également membre dudit collectif nous a fait comprendre que les doléances de la Camra ne touchent pas uniquement le département de la santé. En sachant que la nature de ces protestations s'apparente aussi bien à la santé qu'au secteur de l'enseignement supérieur et encore au ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, les nombreux médecins résidents qui ont afflué des wilayas de Tizi Ouzou, Blida et Alger, ont exprimé leur ras-le-bol quant aux conditions de travail déplorables dans lesquelles ils évoluent quotidiennement et ce, depuis beaucoup trop longtemps. «L'absence de sécurité, l'insalubrité ainsi qu'un manque criant de moyens matériels sont autant de facteurs qui entravent sérieusement notre travail», ont-ils dénoncé. Aussi, nous font-ils savoir, la charge de travail du médecin résident dépasse et de loin la moyenne, et cela n'a jamais été pris en compte. Ces derniers se demandent par là, pourquoi lorsqu'il s'agit d'avantages, ils ne sont jamais concernés. C'est pourquoi estiment-ils, qu'il est nécessaire que le statut de résident soit amélioré. Dans l'enceinte même de l'hôpital, les protestataires ont initié une marche tout de suite après le sit-in, en scandant tout haut divers slogans se rapportant à leur mouvement. Les représentants du Camra, se sont dits plus que satisfaits de l'écho qu'a eu leur mouvement, qui a dépassé toutes leurs espérances. D'après eux, faire pression sur la tutelle contribuera sans doute à ouvrir la voix au dialogue avec cette dernière, dans l'espoir de trouver des solutions «concrètes et satisfaisantes». Car ils considèrent que «la solidarité finit toujours par payer».


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