La situation politique en Kabylie semble se réveiller doucement à l'approche des partielles. Le FFS, principal parti politique ciblé par la dernière décision du conseil de gouvernement et relative à la dissolution des assemblées locales tant à Béjaïa qu'à Tizi Ouzou, essaie de faire face en organisant la protesta. Les autres formations politiques, comme le PT et le RCD, ont décidé de participer aux prochaines partielles. Le RCD explique sa décision en disant vouloir faire barrage à la «mafia» et «sauver ainsi le pouvoir local». Le PT, lui, affirme que sa participation entre dans une démarche de sauvegarde de l'unité nationale. Les archs, du moins l'aile dialoguiste, ne semblent pas en mesure de se présenter aux élections, le code d'honneur l'interdisant. Aussi, on risque d'assister à une cascade de démissions des archs si des délégués sont attirés par ces locales. Les autres partis, tels le FLN, le RND et l'UDR qui, apparemment, entendent rafler la mise, vont tous courtiser les archs pensant que les délégués sont en mesure de les aider à conquérir des sièges. Ces partis semblent oublier que la population de la région est en fait «fatiguée et usée» par la chose politique et d'ailleurs, la véritable question aujourd'hui est la participation des électeurs. Si les choses restent en l'état, cette participation sera très faible. D'abord, les divers acteurs politiques ayant eu à gérer les collectivités, ont montré leurs limites et, après la terrible épreuve qu'a vécue la Kabylie, les citoyens semblent avoir repris conscience de la chose et aujourd'hui, seule compte en fait, l'amélioration de leurs conditions de vie. Certes d'ici là, la campagne électorale devra se dérouler, mais d'ores et déjà, on peut affirmer que la participation sera des plus faibles. Ensuite, les forces politiques, qui comptent dans la région, comme le FFS et le RCD, n'ont pas la même démarche face au scrutin. Le FFS ne s'est pas encore officiellement prononcé car pour lui, il s'agit d'abord de préparer la protesta et ce sera ensuite au conseil national d'avoir à se prononcer sur la faisabilité de la chose. Le RCD qui a clamé son intention d'y participer, est, semble-t-il, en mauvaise posture en Kabylie. Aujourd'hui, même les meetings de ce parti se sont transformés en rencontres assez particulières. Des dizaines de citoyens, triés sur le volet, sont ainsi convoqués par ce parti pour une discussion à bâtons rompus avec le Dr Sadi, à chaque fois que ce dernier se rend dans une ville ou dans un gros village. Ces rencontres de proximité sont certes bonnes, mais ne sauraient remplacer les meetings et autres conférences qui brassent les foules. Pour l'UDR, il semble que ce parti, encore jeune, affronte l'arène dans des conditions difficiles, ses relais n'étant relativement pas très nombreux et pas très rôdés en Kabylie. D'autant plus qu'ayant épousé une démarche qui passe difficilement en Kabylie, il lui sera plus que mal aisé d'expliquer comment il peut être le porte-voix du président et aussi un adversaire des partis de l'alliance. Le FLN, qui n'a pas vraiment bonne presse en Kabylie, ne pourrait ramasser que les voix habituelles, soit un taux des plus insignifiants, et le RND, qui n'est pas réellement implanté parmi la population, ne pourrait éventuellement que doubler ses élus qui étaient déjà en nombre assez réduit. En cas de participation au scrutin des partielles, la surprise pourrait bien venir des indépendants. D'ici là, les gens préfèrent opter pour le wait and see.