Le chargé d'affaires et chef de la mission de la Libye à Malte, Elhabib Alamin, a déclaré que la Libye enquêtait sur les allégations selon lesquelles il existerait des «marchés aux esclaves» dans son pays, affirmant que cette pratique n'était pas représentative du comportement du peuple libyen. Les ministères libyens de l'Intérieur et de la Justice ont publié des communiqués déclarant qu'ils s'attelaient à authentifier la vidéo diffusée par la chaîne de télévision américaine CNN en novembre. «Quand vous avez des chiffres et des statistiques, vous pouvez dire qu'il s'agit d'un phénomène. Mais personne n'en dispose sur le sujet, tout ce qu'il y a est une vidéo de CNN», a souligné M. Alamin lors d'une conférence de presse tenue jeudi à l'ambassade de Libye à Malte. Si la vidéo montre que les migrants sont vendus au plus offrant, M.Alamin a toutefois fait observer que ceux-ci étaient souvent transférés d'un groupe de passeurs à un autre dans leur voyage vers l'Europe. «Quoi que ce soit, cela n'est pas représentatif du comportement du peuple libyen. Les passeurs sont des criminels qui ont même enlevé des Libyens», a-t-il déclaré. «Il est bien évident que l'on ne peut pas demander à un malade d'assumer davantage de responsabilités. Ce n'est un secret pour personne que la situation en Libye n'est pas bonne et que de nombreux Libyens souffrent du manque d'argent et de services», a-t-il rappelé. Lors de la conférence de presse finale du 5e Sommet UA-UE à Abidjan (Côte d'Ivoire) dont les travaux ont été clôturés jeudi, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a annoncé que quelque 3 800 migrants africains en Libye doivent être rapatriés d'urgence, soulignant que le chiffre global de migrants en Libye se situait «entre 400.000 et 700.000». Les 3 800 migrants, majoritairement de l'Afrique de l'Ouest, ont été recensés dans un camp près de Tripoli, vivant dans des «conditions inhumaines», a affirmé Moussa Faki Mahamat. «Ils veulent sortir le plus rapidement possible de ce guêpier» et doivent être rapatriés d'urgence, a-t-il ajouté. «Mais il ne s'agit que d'un seul camp», a souligné M. Faki, indiquant que «le gouvernement libyen nous a dit qu'il y en a 42. Certainement qu'il y en a plus que cela. On parle de 400.000 à 700.000 migrants africains en Libye». «Il faut d'abord secourir d'urgence ceux qui sont dans cette situation et nous réfléchissons ensemble, Libye, Union européenne, Union africaine, ONU, pour trouver des solutions plus pérennes à cette question de la migration», a-t-il conclu. Les dirigeants de neuf pays européens et africains, dont la Libye, ainsi que de l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine, ont décidé en marge du 5e Sommet UA-UE de mener des «opérations d'évacuation d'urgence dans les prochains jours ou semaines» des migrants victimes des trafiquants en Libye. La Libye a réaffirmé son accord pour identifier les camps où des scènes de barbarie ont été identifiées (...) Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union libyen, Fayez al-Sarraj, a donné son accord pour qu'un accès puisse être assuré. Il a en outre été décidé par l'UE, l'UA et les Nations unies un soutien accru à l'OIM (Office international des migrations) pour aider au retour des Africains qui le souhaitent vers leur pays d'origine. L'UE, l'UA et l'ONU se sont aussi engagées à geler les avoirs des trafiquants identifiés. L'UA va mettre en place une commission d'enquête. Le 19 novembre dernier, la Libye avait annoncé avoir décidé d'ouvrir une enquête sur de cas d'exploitation de migrants près de Tripoli. Un récent reportage de CNN montrant des images assimilables à «un commerce d'esclaves» en Libye, a été largement partagé sur les réseaux sociaux, a provoqué une forte émotion et suscité des réactions indignées en Afrique et à l'ONU.