Le président sahraoui, Ibrahim Ghali, lors du Sommet Union africaine-Union européenne à Abidjan La participation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) au 5e sommet UA-UE où elle a siégé au côté du Maroc, augure d'un «nouveau chapitre» dans la lutte du peuple sahraoui pour l'exercice de son droit à l'autodétermination, a affirmé vendredi l'ex-représentant du Front Polisario en Belgique, Djamel Zakari, exprimant son espoir que cela conduira à d'autres «initiatives positives». «La participation de la RASD à ce sommet constitue un nouveau chapitre qui pourrait permettre d'envisager de nouvelles perspectives» à la résolution du conflit au Sahara occidental, a-t-il déclaré lors du débat qui a suivi la projection du film documentaire espagnol «Enfants de nuages, la dernière colonie», de Alvaro Longoria avec Javier Bardem. Pour Djamel Zakari, la présence des deux chefs d'Etats (le président sahraoui et le roi du Maroc) à ce sommet, a permis de «briser un tabou» et de faire «un pas en avant» en vue de «faire évoluer les mentalités». Néanmoins, il a souligné que la participation de la RASD au 5è sommet UA-UE constitue aussi «une bataille perdue» pour le Maroc qui a manoeuvré, pendant des mois, pour exclure le Sahara occidental, pays fondateur de l'UA, de cet important rendez-vous. Le Maroc a exercé, en effet, pendant plusieurs semaines des pressions sur l'UE et sur certains Etats membres, ainsi que sur le pays hôte du sommet, la Côte d'Ivoire, pour empêcher la RASD de participer à l'évènement. Il y a trente-trois ans, le roi Hassan II avait décidé de quitter l'Organisation de l'unité africaine, devenue l'Union africaine en 2002, pour protester contre la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Pour le Maroc, il n'était pas question de siéger aux côtés des dirigeants sahraouis. Mais, en procédant à la ratification de l'acte constitutif de l'UA, sans conditions et sans réserves, lors de son adhésion à l'institution panafricaine en janvier dernier, le Maroc a accepté de siéger avec la RASD. Par ailleurs, l'ex-représentant du Front Polisario en Belgique a lancé un appel à la communauté internationale pour «sauver le processus de paix» au Sahara occidental, dénonçant la position de la France qui «s'oppose à la paix qui, pourtant, ne peut que profiter à tout le monde». Selon Djamel Zakari, «c'est la France qui bloque le processus de paix», relevant que ce pays «utilise, à chaque fois, son droit de veto pour s'opposer à l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme» dans les territoires occupés. D'ailleurs, la France est directement mise en cause dans le film documentaire pour sa collusion avec le Maroc. Le film pointe à plusieurs reprises le rôle prédominant de la France dans la non-résolution du conflit et le prolongement de la souffrance du peuple sahraoui, apportant des témoignages bouleversants de victimes de la répression marocaine. Le film documentaire jette également la lumière sur les compromis diplomatiques et les défaillances politiques de la France et de l'Espagne dans ce conflit. Scandalisé par la condition terrible du peuple sahraoui, qui continue de subir une répression violente, dans le plus grand mépris des droits de l'homme, Javier Bardem est allé à la rencontre d'un bon nombre d'hommes politiques pour tenter de les rallier à cette cause. On le voit dans le documentaire, prendre la parole devant la 4è commission (de décolonisation) de l'ONU en tant que pétitionnaire. Du point de vue juridique, la cause sahraouie a enregistré en 2016, une «victoire éclatante», a affirmé, de son côté, le juriste Eric David, président du Centre de droit international à l'université libre de Bruxelles (ULB). Il a rappelé lors du débat qui a suivi la projection du film, l'arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE) rendu le 21 décembre 2016 dans lequel, la plus haute juridiction de l'UE affirmait que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental qui bénéficie d'un statut «séparé» et «distinct» en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination. Le président de la Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (Eucoco), Pierre Galand a estimé, pour sa part, que la France détiendrait la clé de la résolution du conflit, mais en raison de sa «vision de stratégie politique et hégémonique» et de ses «intérêts militaires» dans la région, elle reste «un des obstacles majeurs» à la résolution de ce conflit.