Le tirage au sort? Quel tirage au sort? Vendredi à l'heure où se constituaient les poules d'un Mondial où elle ne sera pas, l'Italie du football a fait comme si de rien n'était et cherche désormais à se consoler avec ses clubs dans les compétitions européennes. Il y avait quelque chose de presque comique à découvrir les premières pages des quotidiens sportifs italiens vendredi: A la Une du Corriere dello Sport, rien, à part une allusion dans le titre «affrontement mondial» consacré au choc Naples-Juventus du soir en championnat. Et pour Tuttosport, juste un minuscule encadré en bas de page, «tirage au sort du Mondial, on va faire les voyeurs». En haut de la Une de la Gazzetta dello Sport, on trouvait bien une photo de l'ancien sélectionneur Gian Piero Ventura à la plage. Sous le titre «Le Monde est à Moscou, Ventura est à la mer», le grand quotidien sportif laissait donc une petite place amère à la Coupe du monde, mais l'Italie déjà regardait ailleurs. Vers son championnat, pour commencer. La Série A est un refuge et les Italiens n'ont même pas à faire semblant de s'y intéresser, car elle est cette saison réellement passionnante. Quatre équipes - l'Inter Milan, Naples, la Juventus Turin et l'AS Rome - se tiennent en quelques points après 15 journées et peuvent vraiment croire au titre. Moins défensif qu'il y a encore quelques années, le jeu s'est débridé, porté par de grands buteurs (Icardi, Higuain, Dzeko, Immobile) et par les idées d'entraîneurs imaginatifs et innovants, comme Massimiliano Allegri à la Juve, Maurizio Sarri à Naples ou les prometteurs Simone Inzaghi (Lazio Rome) et Eusebio Di Francesco (Roma). Et puis il y a les coupes d'Europe, où les équipes italiennes sont toujours en course pour un Grand Chelem des qualifications qui serait une pommade efficace sur la grave blessure à l'orgueil qu'a été l'élimination de la Nazionale en barrages du Mondial face à la Suède. Du côté de la Ligue Europa, le travail a déjà été fait et bien fait. Les trois équipes engagées en phase de poules sont en effet assurées de disputer les 16es de finale avant même la dernière journée jeudi. L'AC Milan et la Lazio sont même sûrs de terminer premiers de leur groupe, ce qui sera aussi le cas de l'Atalanta Bergame en cas de succès face à Lyon. En Ligue des champions, tout est encore possible, d'un improbable zéro sur trois à un superbe trois sur trois pour la Juventus, la Roma et Naples, sachant que les deux premières ont leur destin entre les mains. Malgré un parcours un peu chaotique, la Juve, finaliste de deux des trois dernières éditions, sera en effet en 8es à coup sûr si elle s'impose ce soir sur le terrain de l'Olympiakos, déjà éliminé et qui finira dernier quoi qu'il arrive. Et si elle n'y parvient pas, il faudrait encore que le Sporting Lisbonne batte Barcelone pour que la Juve soit éliminée. Très bien placée également, la Roma a simplement à faire au moins aussi bien à domicile contre le modeste Qarabag que l'Atletico Madrid à Londres face à Chelsea pour poursuivre sa route. Naples, en revanche, devra compter sur un coup de main de Manchester City. Pour passer, l'équipe de Maurizio Sarri doit en effet s'imposer à Rotterdam face au Feyenoord et espérer que City l'emporte sur la pelouse du Shakhtar Donetsk. Mais quoi qu'il arrive cette semaine, les bons résultats du début de saison ont aidé à remettre le calcio en bonne place sur la carte du football européen, comme le montre la troisième place de l'Italie à l'indice UEFA, chipée fin septembre à l'Allemagne pour la première fois depuis 2010. Sur la saison en cours, l'Italie est deuxième à égalité avec l'Espagne, assez loin de l'intouchable Angleterre mais bien au-dessus de l'Espagne et de la France. Et au classement général établi sur cinq ans, les Anglais ne sont pas très loin et la Série A pourrait s'installer à la deuxième place en fin de saison, une fois retiré l'exercice 2013-2014. En Italie, on n'a pas la Coupe du monde, mais on a l'indice UEFA. On se console comme on peut. Ancelotti pas intéressé par la sélection Carlo Ancelotti, dont le nom a été évoqué pour prendre en main l'équipe d'Italie, a répondu avant-hier sur la Rai qu'il n'était pas intéressé par le poste et qu'il préférait continuer à «entraîner en club». «La fédération m'a contacté pour le rôle de sélectionneur, mais je ne veux pas changer de métier», a déclaré le technicien dans la soirée lors de l'émission Domenica Sportiva. «Ce serait un rêve pour moi de m'asseoir sur le banc de la Nazionale, mais être entraîneur est une chose et être sélectionneur en est une autre. Je veux encore entraîner en club», a ajouté l'ancien coach du Bayern Munich, qui a également dirigé Chelsea, le Real Madrid, la Juventus Turin ou l'AC Milan. L'Italie n'a plus de sélectionneur depuis que Gian Piero Ventura a été remercié début novembre après l'échec de la Nazionale en barrage d'accession à la Coupe du monde. Ancelotti, triple vainqueur de la Ligue des Champions en tant qu'entraîneur, était le premier choix du président démissionnaire de la fédération, Carlo Tavecchio. «Le football italien a des problèmes sérieux et je ne crois pas être capable de les résoudre tout seul. Comme d'habitude, on rejette la faute sur l'entraîneur, mais ça ne marche pas comme ça. Il y a un problème structurel. Par exemple, pourquoi est-ce que nous sommes le seul pays d'Europe dont les stades ne sont pas au niveau et sont à moitié vides? Ça n'est quand même pas la faute de Ventura», a estimé Ancelotti.