A la fois sensuelle et tonifiante, la musique typiquement «baladie» a fait vibrer un public pas très nombreux... L'établissement Arts et Culture a convié le public de la salle Ibn Khaldoun, mercredi dernier, à un voyage au pays des Pharaons avec les musiciens du Nil. Neuf musiciens qui sont le témoignage vivant d'une musique populaire qui porte en elle les empreintes séculaires d'une civilisation ayant su maintenir ses racines avec authenticité. A la fois, crooners et acrobates, les musiciens du Nil charmeront le public tout au long de leur prestation par des chants et des danses typiquement égyptiens. Le «yalili» traditionnel et conventionnel ne se départissant pas de leurs chansons dont le thème principal reste celui de l'amour, toujours. L'amour ensorceleur ou ses corollaires, le mal d'amour, le chagrin d'amour et la trahison. Ces troubadours chanteront la beauté sensuelle de la , es «yeux revolvers», ses long cheveux ou sa grâce. Un blues égyptien qui ne saura se passer d'un tempo bien vivifiant au son de la derbouka et du def ou plutôt tabla baladi, le gros tambour a double membrane. Un instrument accompagné de trois musiciens au mizmar, le hautbois de Haute Egypte. On ne peut ignorer la finesse du jeu et l'art d'exécuter ces musiques du Nil par la vieille «rababa» qui rappelle quelque peu le luth oriental. Au milieu de ce rythme «sonnant» et célébrant la grande Egypte et la beauté de la , urgit la tendresse que fait naître «l'arghoul», cette double clarinette en roseau d'origine pharaonique. Elle embaume l'atmosphère de ses mélancolies modales. L'ensemble ne manquera pas d'envoyer quelques mots gentils à l'adresse de l'Algérie et des jeunes Algériens dans des morceaux bien ficelés et remuants. D'ailleurs, un des musiciens, djelaba large et moustache touffue, n'hésitera pas à s'adonner à la danse orientale, en nouant le foulard autour de ses hanches sous les acclamations nourries d'un public émerveillé, en particulier, la gente féminine. Ce sera encore plus fort et spectaculaire avec ce duel dansant au bâton! Ces formations, que l'on a déjà appréciées dans les feuilletons égyptiens et autres films sont assez courantes en Orient, en Haute Egypte et elles sont d'une rare musicalité. Les stridences du mizmar de Enawibakhit qenawi et de Ramadan Atta du village de Djaradjos évoquent les subtilités de la musique indienne avec la danse du cobra notamment et la virulence rythmique des musiques d'Orient, qui conduisent vers une transe profane à la découverte des sonorités oubliées et augmentées de véritables frissons acoustiques. Leurs origines appartiennent à de véritables castes de musiciens professionnels affiliés à des clans tziganes tels les mataqil, balhawanat, djamassi, venus s'établir en Egypte dès le XIe siècle, ce qui leur a permis de mettre en valeur cet aspect de la musique tzigane du monde arabe.