Trump entouré de tous ses conseillers évangélistes Que reste-t-il à «négocier» quand on voit de quelle manière l'administration Trump est totalement embrigadée au service de Netanyahu et de la politique expansionniste d'Israël? Réagissant à une déclaration, vendredi, d'un haut responsable proche du président Trump affirmant que le Mur des Lamentations situé à El Qods occupée par l'armée israélienne «doit rester sous contrôle de l'Etat hébreu», les Palestiniens ont dénoncé hier une nouvelle provocation. Le Fatah a appelé à manifester dans et autour de Jérusalem, mercredi, contre la visite du vice-président américain Mike Pence alors que des milliers de Palestiniens ont participé aux obsèques de deux des quatre victimes tuées par l'armée sioniste. Mike Pence, qui visitera l'Egypte et Israël, a dû annuler la partie palestinienne de sa tournée. Les manifestations ont, en outre, continué aussi bien dans la bande de Ghaza qu'en Cisjordanie et El Qods occupées, avec l'éternel cortège de meurtres commis par la soldatesque israélienne. «Nous n'accepterons aucune modification de la frontière à Jérusalem-Est», a affirmé Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Mahmoud Abbas, et cette «déclaration prouve, une fois de plus, que l'administration américaine s'est exclue du processus de paix». Cette déclaration américaine intervient au moment où Washington prétend vouloir «renouveler ses efforts pour relancer le processus de paix israélo-palestinien». Avec la visite à Jérusalem du vice-président Mike Pence et celle de Jason Greenblatt, émissaire de Donald Trump pour le Proche-Orient, Washington caresse l'espoir d'une «relance diplomatique» à même de faire retomber les pressions. Mais c'est vraiment «prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages» que d'envoyer des évangélistes ultraconservateurs comme Pence et consorts, ou pire un Américano-sioniste comme Greenblatt, «négocier» avec les Palestiniens! D'ailleurs, que reste-t-il à négocier quand on voit de quelle manière l'administration Trump est totalement embrigadée au service de Netanyahu et de la politique expansionniste d'Israël? Mahmoud Abbas a compris la donne quand il a décliné par avance toute rencontre avec les émissaires américains. La preuve est faite, en effet, que les Palestiniens se sont trompés en s'engageant dans un processus biaisé avec un Etat qui manie avec art la duplicité et la fourberie. Certes, l'échec est à situer dans le contexte de l'époque. Mais le Mouvement national palestinien arrive au terme d'une troisième étape de son combat, après celles de la lutte armée jusqu'en 1974, puis la reconnaissance de l'Etat palestinien, avec le temps fort de l'intervention aux Nations unies de Yasser Arafat, et celle de la négociation, intervenue au moment de la fin de la guerre froide. Aujourd'hui, c'est une autre politique et un autre combat qui doivent être pensés, organisés et accomplis par la jeunesse palestinienne, avec la prise en considération des étapes parcourues et des échecs de leurs aînés. Presque malgré lui, Trump a levé le voile sur une politique américaine dont il n'a pas changé une virgule, mais dont il a révélé les véritables fondements. Pour preuve, il convient de se pencher sur les déclarations enthousiastes de la droite religieuse aux Etats-Unis. Le porte-parole des conseillers évangélistes de Trump, Johnnie Moore, n'a-t-il pas clamé le 6 décembre que «le président a encore une fois démontré à ses partisans évangéliques qu'il fera ce qu'il dit qu'il va faire»! Et plus significative encore, la réaction d'un pasteur de la plus grande église évangélique de Floride, Paula White, qui s'époumonait: «Encore une fois, le président Trump a montré au monde qu'il est un leader prêt à faire ce qui est juste, malgré les sceptiques et les critiques. Les évangéliques sont en extase, car Israël est pour nous un lieu sacré et le peuple juif est notre meilleur ami.» Le ressort principal de la politique de Trump est bien cette base électorale déterminante pour son élection, hier, et indispensable à sa survie, aujourd'hui, avec les turbulences de l'ingérence supposée de la Russie dans la campagne électorale. Comment pourrait-il, dès lors, ignorer cette même base qui a imposé le Jérusalem Embassy Act de 1995, sans cesse repoussé par tous ses prédécesseurs, par peur des conséquences? Ce conglomérat évangélique compte 50 millions d'adeptes, autant dire un dispositif impressionnant qui a contribué à hauteur de 80% au triomphe de Trump, même si une certaine désaffection existe, tandis que la majorité des juifs américains était mobilisée en faveur de Hillary Clinton! Bien sûr, le personnage reste peu engageant par son parcours, jalonné de divorces tapageurs, de fortunes douteuses extraites des casinos et de nombreux égarements à caractère sexuel. Parvenu à la Maison-Blanche, Trump n'avait nul intérêt à mécontenter ses soutiens, comme l'American Christian Leaders for Israel, My Faith Votes, la National Christian Leadership Conference for Israel, le Christian Zionist Congress etc qui l'ont harcelé pour mettre à exécution le Jérusalem Embassy Act. Une pression motivée par les convictions des évangélistes très attachés à Jérusalem où, selon leur croyance, doit s'opérer le retour du Christ après un combat ultime entre le Bien et le Mal, près de la colline Armaguedon. Ainsi, la boucle est-elle bouclée qui montre comment et pourquoi la «décision» de Trump est une conséquence logique de son «triomphe» électoral, balisée par la présence à la Maison-Blanche de plusieurs conseillers évangélistes comme le vice-président Mike Pence, en visite mercredi à Jérusalem.