«Combattez dans la voie de Dieu ceux qui vous combattent et ne transgressez pas. Certes, Dieu n'aime pas les transgresseurs et combattez-les où que vous les trouviez et chassez-les d'où ils vous ont chassés...» Coran, II, 190/191 Dans son commentaire du Coran, al-Bahr al madîd fi-tafsîr al-qur'ân al-majîd, Ahmed Ibn Ajîba (mort en 1224 H), l'un des maîtres de la silsila al-darqawiyya al-shâdhiliyya, autrement dit l'un des maillons de la tarîqa de l'émir Abd al-Qâdir, commente ainsi le verset suivant: «Combattez dans la voie de Dieu ceux qui vous combattent et ne transgressez pas. Certes, Dieu n'aime pas les transgresseurs», Coran II, 190. «Combattez dans la voie de Dieu» et pour élever Sa Parole, «ceux qui vous combattent», c'est-à-dire ceux qui ouvrent les hostilités «et ne transgressez pas», c'est-à-dire ne les attaquez pas avant qu'ils ne fassent; car «Dieu n'aime pas les trangresseurs», c'est-à-dire que Dieu ne les soutiendra pas ni ne leur apportera Son concours. Puis Dieu abrogea ce verset par cet autre: «Et combattez les associateurs, tous» (al-tawba, 36). Puis Dieu a dit: «Et combattez-les où que vous les trouviez, et chassez-les d'où ils vous ont chassés...», Coran II, 191. C'est-à-dire que même si les associateurs se trouvent dans le Haram de la Mecque, il vous est licite, ou plutôt il vous incombe de les combattre et de les chasser. La trahison du Cadi Avant de voir comment on est arrivé au traité dit Desmichels, il convient de revenir un peu en arrière, à la fin de Dhû l-Hijja 1247 (29 mai 1832), mois au cours duquel le père de l'émir, Sidi Muhy al-Dîn, le shaykh ou Muqadam de la zawiya al-Qadiriyya de Mascara décide de déclarer la guerre sainte et répondre ainsi favorablement aux prières des notables de la région. Le 17 avril, il attaque une compagnie de cent soldats français à une lieue d'Oran et somme le général Boyer de quitter la ville ou de combattre. Boyer ne répond pas. Le 3 mai Sidi Muhy al-Dîn réunit ses hommes sur le plateau de Karguenta (khanq al-nitâh) et attaque le Château-neuf et le fort Saint-André. Le lendemain et jusqu'au 9 mai, il attaque le fort Saint-Philippe. Sidi Muhy al-Dîn ordonne aussi le blocus (un embargo) d'Oran et de ses environs et sa consigne sera respectée jusqu'à la mi-juin de la même année, date à laquelle le cadi d'Arzew, Sid Ahmad Ben Tahar, un ancien allié ravitaille depuis Arzew par mer le général Boyer: comme on peut le voir, les trahisons débutent avant même que Abd al-Qâdir ne prenne le pouvoir. Les mois suivants, entre le 31 août et le 11 novembre, Sidi Muhy al-Dîn et ses hommes continuent d'attaquer la garnison française. Puis, 10 jours plus tard, après une réunion des trois grandes tribus alliées les Hishem, les Ghraba et les Benî'Amar, ‘Abd al-Qâdir est désigné à l'unanimité émir des croyants (amir al-mu'minûn). Cet événement, la mubâya'a, qui présente des analogies étonnantes avec bay'at al-ridwân évoquée dans le verset 18 de la sourate al-fath: «Dieu a agréé les croyants lorsqu'ils t'ont prêté le serment d'allégeance sous l'arbre. Il a su ce qu'il y avait dans leurs coeurs et a fait descendre sur eux la sakîna et les a récompensés par une victoire [ou une ouverture] proche». L'acceptation du titre de guide par l'émir est en fait une question de prédisposition. Pour mieux comprendre son choix, il faut revenir à ses propres paroles. Dans le mawqif 32 de sa somme spirituelle (kit. Al-mawâqif), commentant le verset 186 de la sourate al-Baqara: «et lorsque Mes serviteurs t'interrogent à Mon sujet, (dis-leur): Je suis proche et J'exauce les invocations ou prières de celui qui m'en adresse», l'émir écrit: Sache que Dieu - exalté - n'accède aux demandes du serviteur que dans la mesure où celles-ci sont conformes à ses prédispositions (isti'dad). Aussi, lorsque la requête formulée par le serviteur contrarie ce qu'exige sa prédisposition même, Dieu ne la satisfera pas, n'exauçant que ce que réclament ses prédispositions (celles du serviteur), et quelle que soit par ailleurs la nature de la demande et du demandeur. Si par exemple le goudron demandait à devenir blanc, Dieu n'accéderait pas à sa requête car sa nature exige au contraire qu'il soit noir. Et si le coton demandait à être noir, Dieu ne l'exaucerait pas davantage, car ce qu'exige sa nature, c'est qu'il soit blanc! de la même façon, l'homme peut parfaitement demander avec sa bouche ce qu'il n'est pas prédisposé à obtenir. Si donc Dieu refuse d'accéder à une demande du serviteur, c'est parce que la nature même de celui-ci contrarie sa requête, et qu'il n'entre pas dans la capacité de ce serviteur de recevoir ce qu'il a demandé [...]. Plus loin l'émir ajoute: Imaginons un roi qui, cédant à l'insistance des savants, leur abandonnerait son arsenal, et qui distribuerait de la même façon les ouvrages de la bibliothèque royale à ses soldats, parce que ceux-ci en auraient exprimé le désir... Un tel monarque n'agirait pas sagement! car le savant n'a pas les aptitudes requises au maniement des armes, ni à l'art de la guerre, quand bien même il le voudrait, pas plus qu'un soldat n'a les capacités de pénétrer des ouvrages de bibliothèque, en aurait-il le désir. (mawqif 32). C'est donc en vertu de ses prédispositions qu'à ‘Abd Al-Qâdir échoit le titre d'émir, prédispositions qui ont été décelées aussi bien son père que par les chefs d'entre les ‘arifin bi-Llâh. Ce n'est donc pas uniquement son courage ou ses vertus militaires qui feront pencher la balance de son côté. Surgissent alors des rivalités et des réticences à se soumettre à son autorité et ces difficultés persuadent l'armée française que l'émir ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir. C'est en fait le général Boyer qui s'en ira, victime de ses brouilles avec le duc de Rovigo. Suit alors une période d'attentisme et d'observation entre les deux camps. Le 23 avril 1833, le général Louis-Alexis Desmichels (1779-1845) prend le commandement des troupes françaises. Deux semaines plus tard, il attaque les Ghraba surpris dans leur sommeil. Il fera des prisonniers, dont des et des enfants, et prendra une quantité considérable de bétail. Pour la première fois depuis deux mois, c'est-à-dire depuis le blocus imposé par Muhy al-Dîn, il y aura de la viande fraîche à Oran. Contrairement à Boyer, Desmichels est un homme sagace doublé d'un fin diplomate. Il entreprend de gagner les coeurs de ceux qui lui sont hostiles en libérant des prisonniers, en restituant la mosquée aux musulmans etc. Cela ne l'empêche toutefois pas d'occuper, le 1 juillet 1833, Arzew. Mais il s'aperçoit vite, avec consternation, que la majorité des familles a choisi le camp de l'émir et comprend dès lors que l'homme qu'il devra probablement affronter est tout autre qu'un farouche chef de tribu, querelleur, en mal de reconnaissance. Deux semaines plus tard, le 17 juillet 1833, l'émir s'empare de la cité de Sidi Abû Madyan Al-Ghawthi, le maître de son maître spirituel Ibn ‘Arabî, Tilimsân, la cité qui lui a tendu les bras. Mais la joie de ce succès sera courte, car une bien triste nouvelle attend l'émir: Sidi Muhy al-Dîn son père est décédé. Il a à peine le temps d'enterrer son père et ami de toujours, qu'on lui annonce que Desmichels se dirige vers Mostaganem. En fait, ce n'est pas un hasard si Desmichels a choisi le 29 juillet pour occuper Mostaganem et Mazagran. Il avait appris auparavant que l'émir se dirigeait vers Tlemcen et a donc décidé d'assurer son attaque pendant que son ennemi était occupé ailleurs. Quatre jours plus tard alors que l'émir arrive à Mostaganem occupée, Desmichels qui confie la défense de la ville au colonel Létang s'embarque pour Oran. Son but est d'en desserrer l'étau. Les prémisses du traité Passons maintenant aux prémisses du traité: C'est en fait un événement on ne peut plus insignifiant qui favorisera l'échange de missives entre Desmichels et l'émir et qui aboutira au fameux traité dit Desmichels. Le Shaykh Qaddûr Ben Tubbân de la tribu des Borja demande au colonel Fitz-James, commandant d'Arzew, une escorte pour le reconduire dans sa tribu. Il craint d'être pillé par les Ghrabas chargés de faire respecter le blocus dans cette région. Quatre chasseurs et un maréchal des logis l'accompagnent. Ils seront capturés à leur retour par les hommes de l'émir. A cette occasion, Desmichels écrit pour la première fois à l'émir, lettre dans laquelle on peut déceler en filigrane le respect qu'il porte à son adversaire: Desmichels écrit: Je n'hésite pas à faire auprès de vous une démarche que ma position m'eût interdite, si elle n'était pas dictée par l'humanité. Je viens donc réclamer de vous la liberté des Français qui, commandés pour protéger des Arabes et les soustraire à la vengeance d'autres Arabes, sont tombés dans un criminel guet-apens. Je ne puis croire que vous mettiez des conditions à ma demande, car, lorsque naguère le sort des armes fit tomber entre mes mains des Ghrabas et des Zmélas, je n'en ai pas mis moi-même, et je les ai rendus après les avoir comblés de soins. J'espère donc que si vous tenez à être considéré comme un grand de la terre, vous ne resterez pas en arrière de générosité, et que vous mettrez en liberté les trois Français et l'Italien qui sont en votre pouvoir ». Réponse de l'émir «J'ai reçu la lettre dans laquelle vous m'exprimez l'espoir d'obtenir la liberté des quatre prisonniers que la volonté divine a jetés entre mes mains. J'ai compris tout ce qu'elle contenait ainsi que votre insistance dans votre demande. «Vous me dites que, malgré votre position, vous avez consenti à faire la première démarche, c'était votre devoir suivant les règles de la guerre. Chacun son tour entre ennemis: un jour pour vous, un jour pour moi; le moulin tourne pour tous deux, mais toujours en écrasant de nouvelles victimes. « Pour moi, quand vous avez fait des prisonniers, je ne vous ai pas fatigué de démarches en leur faveur, j'ai souffert comme homme, de leur malheureux sort; mais comme musulman, je regardais leur mort comme une vie nouvelle. Aussi n'ai-je jamais demandé leur grâce. «Vous me dites que ces Français étaient là pour protéger des Arabes. Ce ne saurait être une raison pour moi, car protecteurs et protégés sont tous mes ennemis, et tous ceux qui dans la province d'Oran sont chez vous sont de mauvais croyants qui ignorent leur devoir. «Vous vous vantez d'avoir rendu gratuitement les Gharabas et les Zmélas: cela est vrai. Mais vous aviez surpris des hommes vivant sous votre protection, et approvisionnant chaque jour vos marchés; votre armée les avait dépouillés de tout ce qu'ils possédaient. Si, au lieu de porter vos coups sur des hommes qui vous rendaient service, vous étiez sortis de votre territoire, si vous aviez attaqué des hommes qui s'y attendaient, tels que les Béni Amer ou les Hachems, vous pourriez à juste titre parler de générosité, et mériter, en leur rendant la liberté, les louanges que vous revendiquez pour avoir pillé les Zmélas, et prétendu même que j'étais tombé entre vos mains. «Quant vous sortirez d'Oran, à une ou deux journées, j'espère que nous nous verrons, et l'on saura qui, de vous ou de moi, doit rester maître du pays. S'ensuit ensuite, le 2 décembre 1833, à Temezouar, chez les Zmélas, un combat entre les hommes de Desmichels et d'Abd Al-Qâdir. Et bien que les Français reculèrent et sont entrés à Oran pourchassés par les hommes de l'émir, ils s'attribuèrent singulièrement la victoire. Le 6 décembre, il écrit de nouveau à l'émir: «Vous ne me trouverez jamais sourd, disait-il, à aucun sentiment de générosité, et s'il vous convenait que nous eussions ensemble une entrevue, je suis prêt à y consentir, dans l'espérance que nous pourrions, par des traités solennels et sacrés, arrêter l'effusion de sang entre deux peuples qui sont destinés par la Providence à vivre sous la même domination». Le 27 décembre, il écrit de nouveau: «N'ayant pas reçu de réponse à la lettre que je vous ai adressée, je dois supposer qu'elle ne vous est pas parvenue, plutôt que de penser que vous n'avez pas voulu vous occuper des propositions qu'elle contenait.» «Il ne vous reste donc rien de mieux à faire, si vous voulez vous maintenir au rang élevé où les circonstance vous ont placé, que de vous rendre à mon invitation, afin qu'à l'ombre des traités que nous cimenterions fortement entre nous, les tribus puissent se livrer à la culture de leurs champs fertiles et jouir de toutes les douceurs de la paix.» L'émir lui répond enfin le 2 janvier: «J'ai reçu votre lettre, j'en ai compris le contenu, et j'ai vu avec satisfaction que vos intentions étaient d'accord avec les miennes. J'y ai trouvé également la certitude de votre loyauté, et vous pouvez compter que les engagements que nous prendrons ensemble seront, de mon côté, observés avec une fidélité rigoureuse. A cet effet, j'envoie auprès de vous deux grands personnages de notre armée (texte arabe : mon ministre des Affaires étrangères), Miloud Ben Mach et (l'Agha) Khalifa B. Mahmoud. Ils confèreront (avec vous) en dehors d'Oran, avec Mardochée-Amar et vous feront connaître mes propositions. Si elles sont acceptées par vous, vous pouvez l'envoyer aussitôt auprès de nous, et nous achèverons le traité afin de faire cesser au plus tôt les haines et les inimitiés qui noue divisent, et de les remplacer par l'amitié qui désormais devra régner entre nous. Vous pouvez compter sur moi, car je n'ai jamais (louange à Dieu manqué à la foi promise et n'ai jamais rompu un pacte). Voici donc les prémisses du traité dont les conditions sont sues de tout un chacun et qui repose sur les six articles suivants: 1. A dater de ce jour, les hostilités entre les Français et les Arabes cesseront. Le général commandant les troupes françaises et l'émir ne négligeront rien pour faire régner l'union et l'amitié qui doivent exister entre deux peuples que Dieu a destinés à vivre sous la même domination. A cet effet, des représentants de l'émir résideront à Oran, Mostaganem et Arzew. De même que, pour prévenir toute collision entre les Français et les Arabes, des officiers français résideront à Mascara. 2. La religion et les usages musulmans seront respectés et protégés. 3. Les prisonniers seront rendus immédiatement de part et d'autre. 4. La liberté de commerce sera pleine et entière. 5. Les militaires de l'armée française seront ramenés par les Arabes. De même, les malfaiteurs arabes qui, pour se soustraire à un châtiment mérité, fuiraient leur tribu, viendraient leur chercher un refuge auprès des Français seront immédiatement remis au représentants de l'émir, résidant dans les trois villes maritimes occupées par les Français. 6. Tout Européen qui serait dans le cas de voyager dans l'intérieur sera muni d'un passeport visé par le représentant de l'émir à Oran et approuvé par le général commandant.» Toutefois, une autre partie, les conditions de l'émir, celles que certains historiens appellent le traité Secret, n'a jamais été dévoilé au grand public 1. les Arabes seront libres d'acheter et de vendre toutes sortes d'armes. 2. Le port d'Arzew sera sous l'autorité de l'émir comme il l'était auparavant de sorte qu'aucune marchandise ne puisse y être embarquée sans son accord. Quant à Oran et Mostaganem, il ne leur sera envoyé que les marchandises utiles à leur population. 3. Le général s'engage à livrer enchaîné tout Arabe qui s'enfuirait et se réfugierait auprès de lui. Il n'aura non plus aucun pouvoir sur les musulmans qui se présenteront à lui avec l'accord de leurs chefs. 4. On ne pourra empêcher un musulman de revenir chez lui quand il le voudra. (Tuhfa, 184). Rappelons que ce n'est qu'après avoir apposé son sceau sur les conditions de l'émir, transmises par Ibn Arrâsh, que ce dernier lui remet à son tour les conditions françaises paraphées par l'émir. Lorsque Desmichels vit la signature de l'émir sous le document qu'il avait rédigé, son visage s'illumina. Il confia alors à Ibn Arrâsh: «Les Arabes n'ignorent pas la puissance de la force et sa volonté.» Ibn Arrâsh répondit : « Oui, les arabes ne nient pas la puissance de la France et son rang. Le général dit: j'étais décidé, avant la signature de ce traité, à demander l'envoi de 10.000 hommes supplémentaires. Je serai alors sorti de la ville pour vous combattre pendant un mois . Ce faisant, la peur se serait emparée de ton souverain et il aurait été affaibli. Ibn Arrâsh répondit: Nous ne vous combattrons pas de manière classique et organisée, mais par des assauts soudains et inopinés. Et si vous aviez agi comme vous venez de le dire avec toute cette force, nous nous serions alors réfugiés dans le désert avec nos familles et nos troupeaux; nous vous aurions assailli puis nous nous serions réfugiés, nous vous aurions harcelés jusqu'à l'épanouissement et jusqu'à ce que vous eussiez consommé toutes vos provisions et munitions, et une fois que vos hommes auraient été affaiblis et désespérés nous vous aurions enfin encerclés et attaqués de tous côtés. Qu'auriez-vous donc fait mon général? (Tuhfa 186). Génie militaire Desmichels s'émerveilla de ces propos et du génie du représentant de l'émir. Il préféra garder le silence. Ces propos ne sont pas sans rappeler les premiers versets de la sourate 100 du Coran, al- âdiyât ou Allâh nous dit: Par les coursiers haletants/ qui font jaillir des étincelles/ qui attaquent au matin/ et font voler la poussière/ et pénètrent au centre des ennemis (Cor. 1-5). Les propos du ministre des Affaires étrangères de l'émir allaient en fait se réaliser bien plus tard lorsque l'émir pourchassé et trahi se verra contraint de fonder et d'organiser une capitale mobile, unique modèle au monde : la smala. On notera au passage que ce traité ressemble étrangement au pacte entre le prophète Muhammed (ASS) et les juifs de Médine. - Les juifs de Bani ‘Awf constituent avec les croyants une nation, les juifs ont leur religion et les musulmans la leur. Cela s'applique aussi aux autres juifs des autres tribus. - Les musulmans ont leur part d'argent indépendante de celle des juifs. - Les croyants sont les alliés des juifs contre les incroyants qui se soulèvent contre les Gens du Livre. Chaque homme est responsable de ses actes, même le calife. - Le soutien aux opprimés. - Les juifs demeurent les alliés des croyants tant qu'ils ne les combattent pas. - Médine est un lieu saint et devra toujours le rester. - Toute divergence et dispute devant surgir entre les deux communautés devront être soumises au jugement du Coran et de celui de son Envoyé, Muhammad (ASS). - Les qurayshites et leurs alliés ne doivent pas être protégés. - Juifs et musulmans sont alliés contre quiconque attaque la Sainte Médine. - Ce pacte ne s'applique pas aux criminels et aux pêcheurs et ressemble aussi au pacte de la réconciliation de Hudhaybiyya. - Les deux camps observeront une trêve de dix ans au cours de laquelle les populations vivront en sécurité et pourront se rendre sans être inquiétés dans le territoire adverse. - Tout qurayshite qui se réfugierait auprès des musulmans sans avoir été autorisé, devra être expulsé par le Prophète (ASS) sur demande de son maître ou de son tuteur légal. Par contre, les musulmans qui se réfugieraient à la Mecque ne seront pas expulsés par les qurayshites... En guise de conclusion, il n'est pas inutile d'insister sur deux faits marquants qui ont accompagné cet épisode de la vie de notre émir: La différence d'âge des deux hommes: lors du traité qui, rappelons-le, a été paraphé le 26 février 1834, ‘Abd al-Qâdir est âgé de 26 ans, le général quant à lui a 55 ans, c'est-à-dire que lorsque le baron commençait à gagner ses galons d'officier, l'émir n'était pas encore né. Desmichels n'est pas le commandant d'une troupe quelconque mais compte parmi les généraux de la plus grande armée du monde.