C?est sous les successeurs (califes) de Mohamed que l?islam prend une dimension universelle et s?arrache à ses origines arabiques. Tous les Mecquois sont familiers du Prophète. Les quatre califes qui se succèdent jusqu?en 661 soumettent l?Egypte et la Syrie arrachées à l?empire byzantin et la Perse sassanide, dont la langue et la culture sont étrangères au monde arabe. Puis de graves dissensions sur la succession aboutissent à la première guerre civile de l?islam et au schisme entre une minorité chiite (partisans d?Ali, cousin et gendre du Prophète) et la majorité «orthodoxe» sunnite. Les chiites attribuent la légitimité de la succession aux descendants de Mohamed ; les imams, leur reconnaissant en outre le droit d?interpréter le Coran. Pour les sunnites, le message du Coran est clos à la mort du Prophète. C?est la dynastie sunnite des Ommeyades ? qui se succèdent de façon héréditaire ? qui l?emporte et s?installe à Damas, en Syrie. Elle soumet ? difficilement ? le Maghreb berbère, l?Espagne (Al-Andalus), mais échoue devant les Francs chrétiens de Charles Martel (Poitiers, 732) et les Byzantins (Constantinople, 718). L?hostilité anti-arabe se développant, une nouvelle dynastie ? les Abbassides appuyés par des Persans ? usurpe le califat et fonde une nouvelle capitale à Bagdad, sur les rives du Tigre. L?empire s?étend alors de l?Atlantique jusqu?à l?Indus. Quelques centaines de milliers de combattants, animés de l?esprit du jihad, ont soumis un sixième de l?humanité. Les conquérants s?appuient sur une foi missionnaire, une langue commune, les «fonctionnaires» des empires perses et byzantins et leur tolérance des peuples soumis. Juifs et chrétiens obtiennent le statut de dhimmis, qui leur permet de conserver leur religion et leurs coutumes moyennant un tribut. L?appel au combat contre les polythéistes est notamment développé dans la neuvième sourate du Coran. «Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes partout où vous les trouverez ; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades. Mais s?ils se repentent, s?ils s?acquittent de la prière, s?ils font l?aumône, laissez-les libres» (IX, 5). «Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu et au jour dernier (?), ceux qui, parmi les gens du livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu?à ce qu?ils paient directement le tribut après s?être humiliés» (IX, 29). «Combattez les polythéistes totalement comme ils vous combattent totalement, et sachez que Dieu est avec ceux qui le craignent» (IX, 36). Mais c?est seulement à la fin du VIIIe siècle que les juristes décident d?appeler «jihad» le combat sacré contre les infidèles. Le terme qui, dans le Coran signifie «effort», était à l?origine moins belliqueux, coloré de la patience et de la souffrance qui sied au croyant plus qu?au guerrier. (à suivre...)