La Palestine est devenue en novembre 2012 un Etat observateur aux Nations unies, malgré l'opposition des Etats-Unis et d'Israël Il faut comprendre que la diplomatie a ses raisons que le citoyen lambda ne connaît pas. Des actes commis par des jeunes, dans un stade, peuvent avoir des répercussions dommageables à un moment où l'Algérie est en train d'oeuvrer au consensus avec tous ses partenaires... Un incident comme il en existe beaucoup dans les stades du pays ainsi qu'à travers le monde a revêtu une dimension telle qu'il est devenu une affaire d'Etat. A l'origine, un simple tifo de supporters de l'équipe locale, l'ASMAïn M'lila, avec un portrait à double face, celle du président américain Donald Trump et celle du roi Salmane d'Arabie saoudite, aux côtés d'une image de la Mosquée El Aqsa. La banderole était également porteuse d'un slogan disant qu'il s'agit des «deux faces d'une même pièce». Il n'en a pas fallu davantage pour que le Royaume wahhabite crie à l'offense et que son ambassadeur en Algérie, Sami al Saleh, réclame une enquête et interpelle, dans la foulée, les autorités du pays. Comme le hasard fait parfois mal les choses, cet incident a pris des proportions aggravées avec le séjour en Algérie d'une délégation saoudienne conduite par le président du Majless al Choura Abdallah ben Mohamed ben Ibrahim al Cheik, à l'invitation du président du Conseil de la nation. Cette visite a donc failli se dérouler sous un nuage dérangeant, donnant lieu à un malentendu préjudiciable aux relations entre les deux pays, jusque-là qualifiées de cordiales et même solidaires sur un certain nombre de dossiers. Il faut comprendre que la diplomatie a ses raisons que le citoyen lambda ne connaît pas. Des actes commis par des jeunes, dans un stade, peuvent avoir des répercussions dommageables à un moment où l'Algérie est en train d'oeuvrer au consensus avec tous ses partenaires sur la question du prix du baril de pétrole, par exemple. Et là, n'importe quel acte hasardeux peut s'avérer lourdement préjudiciable à l'économie du pays, par exemple. Ainsi, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, confirme qu'il a effectivement présenté des excuses officielles à l'Arabie saoudite, au motif que les lois du pays interdisent toute offense aux chefs d'Etat étrangers. Ainsi, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, explique, à dessein, qu'il s'agit d'un acte «individuel et isolé», preuve ayant été faite que nulle manoeuvre politicienne ou autre instrumentalisation n'ont été à l'origine de ce tifo. Auquel cas, on ne peut dire qu'il puisse réellement ébranler des «relations historiques qui se sont raffermies au fil des ans, en plus des liens de fraternité, de coopération et de solidarité». A dérapage local, ont donc répondu des sanctions locales. De surcroît, des évènements ont prouvé qu'il y a eu une mauvaise appréciation des nouvelles concernant El Qods. La preuve, le président palestinien Mahmoud Abbas a été reçu, ces dernières 48 heures, par le roi Salmane qui avait souligné, la veille de l'audience, la position inchangée de l'Arabie saoudite en faveur du droit du peuple palestinien à son autodétermination et à son Etat, avec El Qods comme capitale, position réaffirmée au dirigeant palestinien. Comme quoi, s'il y avait le moindre doute à ce sujet, il a été clairement balayé par le gardien des deux Lieux saints. Faut-il rappeler, comme l'a encore indiqué le ministre de la Justice, que les liens entre les deux pays remontent aux années de la Révolution lorsque l'Arabie saoudite soutenait résolument la cause algérienne et que, par-delà les divergences de vue sur un certain nombre de sujets internationaux, le dialogue et le respect mutuel constituent, et doivent toujours constituer, un socle solide de la coopération bilatérale! L'Algérie dont la doctrine est bien connue et appréciée par l'Arabie saoudite occupe une place particulière dans le Monde arabe, ce qui lui permet, souvent, de tenter les bons offices au nom de sa diplomatie fondée sur le dialogue et la recherche permanente d'un consensus à travers la négociation. Le contexte dramatique que nous traversons, depuis quelques années, et les risques graves vécues par l'ensemble des régions maghrébine et moyen-orientale, rendent nécessaire la préservation de cette relation dont il faut espérer qu'elle contribue à l'apaisement des tensions, ici et là, et à la sauvegarde de la paix et de la fraternité entre les peuples arabes et musulmans de ces régions, pour le plus grand bien, d'ailleurs, de la cause sacrée d'El Qods et de la Palestine.