Messi inarrêtable Avec ce 25e match officiel consécutif sans défaite, Barcelone s'est vengé de l'humiliation subie au mois d'août en Supercoupe d'Espagne (3-1, 2-0), ses deux derniers revers en date. Enorme coup de massue à Madrid! Grâce à Luis Suarez et Lionel Messi, le FC Barcelone a assommé le Real (3-0) hier dans un clasico longtemps soporifique, s'envolant en tête du championnat d'Espagne et enterrant les espoirs de titre madrilènes. C'était le match de la dernière chance pour l'équipe de Zinédine Zidane, champion sortant, et ce sommet du football mondial a souri au Barça, plus solide et plus efficace, à défaut d'être séduisant. Voilà les Catalans (1ers, 45 pts) nantis de 14 points d'avance sur le Real (4e, 31 pts, un match en moins), un gouffre quasi définitif en Liga. Après une première période crispée et fermée au stade Santiago-Bernabeu, Suarez a ouvert le score suite à une contre-attaque magistrale (54e). Et le Real, groggy, a perdu pied quand le défenseur merengue Dani Carvajal a repoussé de la main une action de but devant sa ligne. Carton rouge direct et penalty logique, transformé en force par Messi (64e). Aleix Vidal a ensuite clos la marque (90e+3) sur une passe du même Messi. Et il fallait voir la hargne du petit Argentin, rejoint début décembre au palmarès du Ballon d'or par son rival Cristiano Ronaldo avec cinq trophées chacun: «La Puce» a fêté son but poings serrés dans un air de défi en direction de la tribune barcelonaise, qui s'est même permise de scander «Campeones, campeones» (champions, champions) de manière anticipée, sonnant comme une réponse aux «Viva España» entonnés dans les gradins madrilènes deux jours après les élections en Catalogne... La défaite est cruelle pour le Real, qui avait notamment trouvé le poteau par Karim Benzema (42e), mais elle confirme la mue réussie du Barça avec son nouvel entraîneur Ernesto Valverde: plus de sérieux, moins d'arabesques, et une équipe toujours invaincue en Liga cette saison malgré la perte de Neymar, parti en août au Paris SG. D'ailleurs, avec ce 25e match officiel consécutif sans défaite, Barcelone s'est vengé de l'humiliation subie au mois d'août en Supercoupe d'Espagne (3-1, 2-0), ses deux derniers revers en date. Bref, le Real semble en pleine décompression après avoir vécu en 2017 la meilleure année de son histoire avec cinq trophées, dont la Liga et la Ligue des champions. Tout le défi pour Zidane va être de remobiliser son équipe en vue du printemps européen, avec en perspective un brûlant choc contre le PSG en 8es de finale de la C1. Les Parisiens étaient sans doute devant leur téléviseur hier, comme les 650 millions de personnes à travers le globe pour le match de clubs le plus regardé au monde. Et même si les choses se sont animées en seconde période, le spectacle a été longtemps insipide sur la pelouse du Bernabeu. Il faut dire que le coup tactique de Zidane, à savoir muscler son entre-jeu avec la titularisation du Croate Mateo Kovacic, a peuplé encore davantage le milieu de terrain, réduisant les capacités de construction de chaque équipe. Le Real semblait pourtant légèrement dominateur, à l'image de deux occasions brûlantes pour Ronaldo: une reprise ratée au point de penalty, le ballon lui étant inexplicablement passé entre les jambes (10e), puis un tir sous un angle très fermé détourné par le gardien barcelonais Marc-André Ter Stegen (32e). En outre, Benzema aurait pu ouvrir la marque sur une splendide tête décroisée qui a heurté l'extérieur du poteau (42e). Mais en seconde période, le Barça est revenu avec davantage d'allant, il a pris le contrôle du jeu et les banderilles initiées par Paulinho (30e, 39e) se sont multipliées, partageant le Real en deux blocs distincts. Difficile d'expliquer comment Ivan Rakitic a pu se retrouver aussi seul sur l'ouverture du score, signée Suarez d'un tir rasant le poteau (54e). Et difficile de concevoir la panique qui a saisi la défense merengue sur un tir de Suarez sur le poteau, suivi de la main volontaire de Carvajal. Messi a transformé le penalty, soit son 54e but en 2017, devant Ronaldo (53), et la grand-messe du football mondial était dite. Le Real a bien essayé de revenir mais il semblait perdu sur l'immense pelouse du Bernabeu et Gareth Bale a notamment buté sur Ter Stegen (78e). Et Zidane, qui s'attendait à vivre «le match le plus difficile» de l'année, risque de jouer sa saison à quitte ou double face au PSG.