La compagnie nationale se distingue par son étonnante flexibilité à faire face à un marché en yo-yo. Après une longue absence de plus d'une décennie, toutes les compagnies aériennes étrangères sont aujourd'hui revenues. La dernière en date, Lufthansa a atterri lundi dernier. Le marché aérien algérien, après avoir été déserté, renoue ainsi avec une certaine normalité caractérisée notamment par la concurrence. Parmi toutes ces compagnies, Air Algérie, qui a traversé toutes les époques, se distingue par son étonnante flexibilité à faire face à un marché en yo-yo. Nous sommes allés voir de près et essayer de comprendre. Notre arrivée a coïncidé avec la réception de l'un des 3 derniers Boeing 737/800 qui marquent l'aboutissement du renouvellement de la flotte. L'opération commencée en 2000 sera achevée en août prochain. A cette date, Air Algérie aura acquis 14 avions neufs dont 6 ATR, 5 Airbus et 3 Boeing. Avec ces dernières acquisitions, le nouveau parc d'Air Algérie s'élèvera à 28 appareils. Un tel renouvellement a l'avantage d'éliminer les surcoûts de maintenance, inévitables pour une flotte vieillissante, quand bien même Air Algérie dispose de sa propre base de maintenance. Une base, un fleuron africain avec celle d'Afrique du Sud, qui est en plein processus de normalisation. Une normalisation marquée par des audits de l'Aviation civile française et qui devront aboutir à la délivrance de l'agrément de maintenance aéronautique, le fameux Easa Part 145 (l'ancien JAR 145) par l'Agence européenne. Un agrément prévu en septembre prochain, lequel permettra à Air Algérie non seulement d'assurer la maintenance de ses appareils aux normes internationales reconnues mais qui lui permettra également de se placer sur le marché mondial de la maintenance aéronautique. Cela dit et pour la simple raison d'avoir toujours été autorisés à desservir les aéroports internationaux, les appareils d'Air Algérie n'ont jamais failli aux règles de sécurité requises. Et ce n'est pas quelques incidents mineurs contre lesquels aucune compagnie, fût-elle la plus grande, n'est à l'abri, qui changeront le cours des choses. Des incidents mineurs surdimensionnés par certains médias dès qu'il s'agit du pavillon algérien. Le dernier média à se distinguer dans cet «art» est la revue française VSD, qui se permet un classement de compagnies à risques, réalisé par un simple journaliste pour qui la technique aéronautique est ce que les sciences humaines sont au chameau et qui inclut, par de prétendues statistiques et comme de jure, Air Algérie. Cela dit, avec le renouvellement de sa flotte et la mise aux normes internationales de sa base de maintenance, Air Algérie sera mieux «armée» pour affronter la nouvelle configuration du marché plus ouvert que jamais. Cependant, il restera toujours des pics de saisons et d'évènements que devra gérer ponctuellement notre Compagnie nationale qui n'est pas une entreprise ordinaire, aux ressorts purement liés au profit. Elle doit répondre aux contraintes de l'entreprise citoyenne qu'elle est. C'est ainsi qu'au-delà de la saison estivale où elle doit avoir recours à l'affrètement, il y a également la période de la Omra et du Hadj où des avions supplémentaires sont nécessaires. Aux règles commerciales s'ajoutent pour Air Algérie ses obligations liées à sa nature d'entreprise du secteur public. Appel d'offres, cahier des charges et vérification rigoureuse des appareils proposés et leur agrément aux normes internationales de sécurité. Malgré tout, là encore, il se trouvera toujours des détracteurs traditionnels du pavillon national pour tenter de semer le doute sur la fiabilité des aéronefs affrétés. Il est vrai que c'est ce qui leur reste quand tout le parc de la compagnie est flambant neuf. Avec ces deux importantes échéances, l'aboutissement du renouvellement de la flotte et l'agrément délivré par l'Agence européenne, qui interviendront dans les prochaines semaines, les responsables d'Air Algérie que nous avons rencontrés expriment toute leur fierté, mêlée d'une assurance certaine, quant au développement de leur compagnie. Le premier d'entre eux, M.Tayeb Bénouis, P-DG, résume ses sentiments par ses mots: «Il est de bonne guerre que la concurrence joue pleinement avec les moyens que chacun se choisit même s'ils ne sont pas toujours fair-play mais ce qui est plus désolant est le dénigrement systématique visant uniquement à porter atteinte au pavillon national. Mais ni le dénigrement et encore moins la mauvaise foi qui se manifestent ici et là, cycliquement, ne nous empêcheront de poursuivre notre programme et maintenir le cap que nous nous sommes assigné.» Il est vrai que les attaques sournoises n'ont jamais manqué contre la Compagnie nationale, et ceci depuis la nuit des temps. Sauf qu'elles n'ont jamais pu entamer le fort taux de fréquentation et la constante fidélité de sa clientèle. Pour s'en convaincre, un tour aux guichets de la compagnie ici comme à l'étranger suffit. Le secret? Car, a bien y voir, Air Algérie n'est pas une compagnie d'aviation civile quelconque, c'est une part de notre souveraineté en mouvement à travers le monde. Une différenciation de taille pour ceux qui ont «l'Algérie au coeur». Quant aux autres...