Cinq jeunes artistes ont pris part cette année à l'exposition collective «Pop Art From North Africa» (Pop Art d'Afrique du Nord) dans une galerie d'art à Londres. Une plus grande visibilité de l'art contemporain et l'émergence de nouveaux talents, occupant souvent pour la première fois les cimaises des quelques galeries existantes, constituent l'évènement saillant sur la scène algérienne des arts plastiques de l'année qui s'achève devant le repli des manifestations dédiées au 3e art. Ces nouveaux talents, dont quelques noms sont arrivés à percer à l'étranger, se singularisent par une grande originalité et créativité surtout dans le choix très diversifié des supports d'expression et qui va de la vidéo, à l'art de rue en passant par le RecupArt, le PopArt et les illustrations digitales. Fait rare, cinq jeunes artistes Amel Benaoudia, Meriem M, «El Moustach», Hicham Gaoua de son vrai nom, Walid Bouchouchi et l'artiste «The Confused Arab» ont pris part cette année à l'exposition collective «Pop Art From North Africa» (Pop Art d'Afrique du Nord) dans une galerie d'art à Londres. L'émergence de jeunes talents, qui s'étaient d'abord fait connaître en diffusant leurs travaux sur Internet avant de participer à l'exposition collective «Delirium» consacrée aux oeuvres de «Nesach», «Ser Das», Panchow et autre»Bold», viendra confirmer cette tendance pour le PopArt et les illustrations sur ordinateur qui se dessine. Les galeries d'art algéroises ont également accueilli les premières expositions d'artistes comme Hind Oufriha, Amina Benboureche, «Sneak», Amine Aitouche de son vrai nom qui a proposé sa première installation, ainsi que celle de Yasser Ameur, plus connu pour son personnage «L'homme jaune» désormais hôte de plusieurs galeries en Europe. Des artistes confirmés ont de leur côté ravivé l'ambiance des quelques galeries d'art de la capitale. Parmi eux, Malek Salah présentant «State Of Disorder», Yacine Aïdoud et son exposition «Expressions croisées», ou encore «Mizo» (Hamza Aït Mikideche) -à l'origine d'une plateforme numérique, egoxstudio, rassemblant ses oeuvres et d'un magazine Web- qui a exploré les supports métalliques et les passerelles entre photographie et peinture dans «Métal-physique». Les arts visuels algériens ont également brillé à l'étranger avec l'artiste-peintre Hamza Bounoua, qui n'est plus à présenter, à travers une exposition au Qatar et aux Emirats arabes unis et aussi par les oeuvres de Kader Attia, un artiste parmi les plus côtés de sa genération, cocluche de la critique internationale qui le qualifie d' «artiste érudit». Cet Algéro-Français dont l'oeuvre voyage sur les cinq continents a présenté, en 2017, son travail au Musée des arts de l'université Northwestern de Chicago aux Etats-Unis où il est un habitué des plus grandes galeries. Potentiel avéré, marché absent En dépit de ce foisonnement de créativité, du nombre des créateurs et de leur dynamisme, les arts visuels peinent encore à se trouver une place dans le paysage culturel. En l'absence d'un réel marché de l'art qui tarde à s'organiser malgré les engagements des pouvoirs publics, réitérés récemment encore, il ne reste à ces créateurs que les galeries d'art, peu nombreuses dans la capitale et pratiquement inexistantes dans les autres villes algériennes, pour y exposer et donner quelque visibilité à leurs oeuvres. Les espaces culturels publics ont abrité, elles aussi, quelques expositions d'artistes comme Mohamed Chafa Ouzzani à Alger, Amina Salhi et Nabil Belabbassi à Tlemcen, Mohamed Kerrour à Sidi Bel Abbès, Noureddine Kor à Oran ou encore Rabah Lemloume à Constantine. Mais ces opportunités restent en deçà des capacités créatives des artistes algériens et de leurs attentes. Pour les observateurs de la scène culturelle, le nombre d'espaces d'exposition et de galeries demeure «très insuffisant» devant l'«important potentiel créatif». Pour preuve, argumentent-ils, la participation de pas moins d' «une centaine de participants à chaque salon des arts plastiques et ce, quel que soit la ville qui l'accueille» et le nombre d'oeuvres, certes de qualité inégale, librement diffusées sur Internet. La quasi inexistence d'expositions dans des musées comme le Mama (Musée des arts modernes d'Alger) et l'annulation du Festival international des arts contemporains «affaiblissent encore plus» la visibilité de ces oeuvres et l'organisation d'un marché de l'art, estiment les observateurs professionnels qui de plus relèvent le manque d'espace de travail pour les créateurs, jugé «problématique» et «handicapant» pour les arts visuels et ses praticiens. La formation dans le 3e art et la situation de l'Ecole supérieure des beaux-arts, paralysée par les problèmes financiers et pédagogiques récurrents depuis plusieurs années viendront s'ajouter aux difficultés des expositions et de circulation des oeuvres d'art. Seul bémol pour adoucir ce tableau général: l'effort déployé par des galeries pour offrir un espace d'exposition professionnel et continuer à entretenir un réseau de circulation des oeuvres d'art, à l'image de «Seen Art», «Sirius», «El Yasmine», «Les ateliers bouffées d'art» qui organisent souvent des ateliers de formation ouverts au public, ou encore «Les ateliers sauvages» avec ses résidences de création.