Dans son exposition «Les cycles», inaugurée samedi dernier à l'Institut culturel italien d'Alger, l'artiste illustratrice Amina Benboureche entraîne les visiteurs dans son monde, un peu sombre et lugubre où la beauté se matérialise à travers spiritualité et ésotérisme. «Les cycles» est la première exposition individuelle d'Amina Benbourèche. Un aboutissement de deux ans de travail et de recherche regroupant une quinzaine d'œuvres qui célèbrent le trait et le dessin digital. S'inspirant de l'humain et du végétal dans leurs états crépusculaires, Amina met en scène un univers inquiétant et fragile, peuplé de personnages sensibles nés de ses états d'âme et de ses expériences intimes. «Son monde onirique s'étale sur des lignes transparentes monochromes et parfois des textures malmenées, comme usure de la mélancolie humaine. «Les tons de couleurs utilisés renvoient tantôt à la dualité (noir/blanc), et tantôt à la corrosion et à la décomposition organique, témoignage du rapport cyclique dans lequel les douleurs humaines se retrouvent enfermées. Souvent, les cercles dans lesquels s'érigent ses personnages les positionnent dans un espace intemporel où ils deviennent la représentation même du tourment, s'ajoute à cela l'utilisation de symboles pour accentuer la dimension ésotérique de leurs conditions», peut-on lire dans la présentation de l'exposition. Un clin d'œil à la nature En découvrant ces œuvres pas communes, le visiteur trouve différents tableaux fourre-tout qui recouvrent des choses disparates mais qui se complètent très bien. Dans l'illustration «Age du soleil» le visiteur découvre trois âges, celui du soleil qui renvoie à la vie, de Neptune qui renvoie lui à la mort, et l'âge de la lune, situé entre les deux. Ce tableau étonnant meublé de symboliques qui renvoient aux constellations et à un univers infini. «Dame nature» rayonne un peu plus loin à travers des éléments lumineux et des tatouages berbères. Juste à côté de ce tableau où brille la vie, Amina a choisi de mettre un autre tableau qui renvoie à la mort par le biais de la terre brûlée, la fumée et des plantes entourées de symboles alchimiques. «Les cycles» est par ailleurs dominé par les couleurs : le noir, lee blanc, le gris et l'ocre renvoyant généralement à la décomposition. Des couleurs chères à l'artiste et qui cadrent très bien l'esprit général qu'a insufflé Amina à son exposition. Cette dernière s'inspire aussi de l'école italienne, espagnole ou encore néerlandaise avec des œuvres comme «Vanitas Vanitatum» et «La Chute» d'après une illustration de Henderik Goltzius. Méditation Par ailleurs, exprimant des états d'âmes communs confinés dans des cadres circulaires, les tableaux renvoient au cycle de la vie et à l'intimité de l'artiste, à travers des œuvres intitulées «La chute», «Je vais bien», «Visions» et «Nos blessures». Autant d'oeuvres qui évoquent aussi bien les souffrances, l'échec, le mal-être que les rêveries, l'espoir et la méditation. En faisant le tour de l'exposition «Les cycles», le visiteur en ressort avec l'impression d'avoir lu un roman sombre mais spirituel et lucide sur le réel talent de cette artiste. Traductrice de formation, Amina Benbourèche profite de chacun de ses moments de liberté pour réaliser ses illustrations graphiques sur différents supports. Ses productions ont été exposées lors de l'exposition collective «LEMEDLART», au Musée public national des arts et traditions populaires à Médéa en 2015. Elle y avait exposé cinq toiles représentant la nature, toujours sous une forme digitale. Cette exposition se poursuit jusqu'au 15 décembre prochain à l'Institut culturel italien d'Alger. Sara Boualem