Ouyahia a affirmé que la question est du ressort exclusif du premier magistrat du pays. Le RND donne un chèque en blanc au président de la République pour son projet de réconciliation et tout ce qui va avec ce projet. La révision de la Constitution n'est pas d'actualité. Les listes communes des partis de l'alliance n'ont pas lieu d'être. L'enlèvement des diplomates algériens est l'affaire de l'Etat et il ne sert à rien de multiplier les déclarations car la vie de deux de nos compatriotes est en danger. La loi du 23 février glorifiant le colonialisme est une tache d'encre versée délibérément sur une page de l'histoire de l'Algérie. Ce sont les principaux sujets abordés par Ahmed Ouyahia, qui s'exprimait tantôt en tant que chef du gouvernement tantôt en tant que secrétaire général du RND, lors de la conférence de presse qu'il a organisée hier, à la clôture des travaux de la cinquième session ordinaire du conseil national du RND à l'hôtel Riadh (Alger). Réagissant aux propos de Belkhadem, qui a suggéré un débat national sur la Constitution, Ouyahia a affirmé que la question est du ressort exclusif du premier magistrat du pays, «dès lors qu'il s'agit de l'équilibre des pouvoirs. Une question qui doit être réglée par le peuple, fatalement, il n'y a que le président de la République qui est habilité à décider sur cette question». Pour le secrétaire général du RND, la réconciliation nationale est la priorité qui préoccupe le chef de l'Etat. «Le président de la République a-t-il besoin de focaliser les énergies sur la révision de la Constitution ou sur l'amnistie?» s'est interrogé M.Ouyahia avant de répondre que dans le contexte actuel la révision de la Constitution n'est pas d'actualité. Démuni de son artillerie lourde qu'il manipule à merveille: les chiffres, le chef du gouvernement a voulu se faire entendre et surtout se faire comprendre notamment au sujet du leitmotiv de la réconciliation. «Nous donnons un chèque en blanc au président dans son projet de réconciliation et tout ce qui viendra soutenir cette réconciliation» a-t-il déclaré refusant ainsi de se mettre «sur le terrain glissant de la surenchère politique» dans un projet couvert par un droit d'auteur dont seul «le président de la République peut se revendiquer». Avouant qu'il n'est pas dans «le secret des dieux pour connaître les contours du projet présidentiel», il affirme néanmoins avoir instruit les militants du RND à porter ce choix du parti sur le terrain. «Nous n'attendons pas de voir une loi ou un texte pour soutenir cette réconciliation» a-t-il ajouté. Se prononçant sur les prochaines élections locales en Kabylie, le secrétaire général du RND a nié l'idée des listes communes entres les partis de l'alliance. «On établit des listes communes quant il y a un danger à contrecarrer, or pour ces élections il n' y a aucun danger. Donc autant il y a de partis autant le choix des électeurs sera diversifié.» Interpellé sur les dernières émeutes qui se sont déroulées au sud du pays (Béchar), le chef du gouvernement n'a pas exclu la manipulation de cercles mafieux. «Il y a un lien de cause à effet dans ce qui s'est passé à Béchar», a-t-il dit. «Les contrebandiers ne sont pas exclus au moment où l'Algérie mène un combat contre ce fléau.» Avant d'affirmer que «nous ne sentons pas l'éventail de l'étranger», il cite les graffitis sur les murs à Béchar «nous ne sommes pas des Algériens», le bureau de la représentation du Polisario qui a été brûlé et les déclarations sur certains sites Internet qui parlent «d'insurrection dans le sud algérien». Au plan extérieur, précisément au sujet des deux diplomates algériens enlevés en Irak jeudi, le chef du gouvernement a suggéré plus de bon sens, de raison, de doigté et une retenue dans cette affaire où deux compatriotes sont en danger de mort. «C'est une affaire extérieure prise en charge par les services de l'Etat, il ne sert à rien de multiplier les déclarations», a-t-il souligné. Enfin pour la récente polémique entre Alger et Paris, le chef du gouvernement a noté que la loi française du 23 février glorifiant le colonialisme a brouillé une démarche sereine contenue dans les objectifs du traité d'Alger en 2003. «C'est une tache d'encre versée délibérément sur la page de l'histoire, que nous devons tourner mais ne pas déchirer», a-t-il soutenu.