Onze princes saoudiens ont été arrêtés après avoir protesté contre des mesures d'austérité rognant leurs avantages, ont confirmé hier les autorités qui cherchent à montrer que les réformes concernent toutes les franges de la société, alors que le royaume est confronté à des difficultés économiques. «Personne n'est au-dessus de la loi», a déclaré le procureur général d'Arabie saoudite, Cheikh Saoud Al Mojeb, précisant que ces princes étaient détenus à la prison de haute sécurité Al-Hayer, au sud de Riyadh, «en attendant leur procès». Un média lié au gouvernement, le site Sabq, avait annoncé samedi que les 11 princes avaient été arrêtés jeudi après s'être rassemblés devant un palais historique de Riyadh, le Qasr al-Hokm, en signe de protestation contre une décision du gouvernement de cesser de payer les factures d'eau et d'électricité des membres de la famille royale. Les princes, dont l'identité n'a pas été révélée, réclamaient aussi une compensation pour la condamnation à mort d'un de leurs cousins, reconnu coupable de meurtre et exécuté en 2016, a précisé le procureur dans un communiqué publié par le ministère de l'Information. «Bien qu'ils aient été informés que leurs demandes n'étaient pas légales, les 11 princes ont refusé de quitter les lieux, perturbant la paix et l'ordre public», a-t-il dit. «Après leur arrestation, ils ont été inculpés pour un certain nombre de chefs d'accusation liés à leurs délits», ajoute le communiqué. Déjà, en novembre, sous l'impulsion du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, les autorités avaient déjà arrêté plus de 200 personnalités, dont des princes, des ministres et des ex-ministres, lors d'une purge sans précédent liée à la volonté des autorités d' «en finir avec la corruption». L'Arabie saoudite a adopté ces dernières années une série de mesures d'austérité, alors que la chute des prix du pétrole a sérieusement affecté l'économie du premier exportateur mondial de brut. Le royaume a accumulé ces quatre dernières années 258 milliards de dollars de déficits budgétaires et table pour 2018 sur un cinquième budget en déficit (à 52 milliards de dollars). L'Arabie saoudite a introduit pour la première fois le 1er janvier une TVA à 5% sur la plupart des produits et services, et annoncé une hausse substantielle des prix du carburant à la même date. Samedi, le roi Salmane a annoncé une augmentation d'allocations et d'avantages sociaux, dont bénéficieront les militaires, les fonctionnaires et les étudiants, pour «amortir l'impact» des mesures du 1er janvier. Le ministre saoudien de l'Information, Awwad Al-Awwad, a indiqué que ces allocations coûteraient au gouvernement 50 milliards de riyals (13,3 milliards de dollars). Les autorités cherchent par ailleurs à réduire le taux de chômage parmi les citoyens saoudiens (12,8% selon des chiffres officiels).