Une vue de la scène de l'Ahellil du Gourara Pour une mémoire vive et une reconnaissance d'éternité. C'est en cette fin d'année qui est aussi celle de la célébration du Centenaire de la naissance de l'éminent Mouloud Mammeri que Timimoun, la pittoresque oasis au sable rouge, s'est mise en fête pour commémorer avec faste l'Ahellil du Gourara, un précieux patrimoine plurimillénaire d'ancestralité. Ceci à la faveur de la 11ème édition du festival qui lui est dédié en entité culturelle organiquement intégrée à l'oeuvre «Mammerienne» de sauvegarde et de rayonnement civilisationnel d'un pan historique de la région du Gourara. Une opportunité judicieuse pour le Haut Commissariat à l'amazighité à dessein de rehausser la clôture de ce festival à travers une contribution scientifique centrée autour de rencontres thématiques organisées dans le cadre de la socialisation et de la généralisation de l'application de la langue amazighe à la documentation administrative au sein des institutions étatiques. Avec une forte délégation partie d'Alger et composée d'un panel d'universitaires, de professeurs, de chercheurs et spécialistes en matière de linguistique et de traduction, qui a été l'hôte des autorités locales, un cadre de traitement et de réflexion a été constitué dans la perspective de la concrétisation de ce projet pédagogique de communication. A l'issue des travaux en ateliers méthodologiques de trois journées, encadrés de spécialistes universitaires en terminologie linguistique avec les représentants d'entreprises, notamment: la Sonelgaz et Actel entre autres, des spécimens de factures traduites avec la version en tamazight, complémentaire aux langues arabe et française, d'usage habituel courant, ont été élaborées par la réalisation des maquettes définitives aux fins de validation normative réglementaire et d'utilisation dans une proche échéance, de généralisation pratique de ces documents potentiellement vecteurs de large diffusion publique. En présence des autorités, des institutions locales et du wali d'Adrar, de fructueuses interventions ont retenu l'attention d'une nombreuse assistance très concentrée à la lecture du bilan d'étapes très laborieuses et constructives du Haut Commissariat à l'amazighité instructivement soutenu par son secrétaire général Si El Hachemi Assad. Le wali délégué de Timimoun et le commissaire du festival de l'Ahellil ont souhaité la bienvenue aux nombreux participants en remémorant l'abnégation de foi et de parcours de Mouloud Mammeri, devenu un familier, adopté dans la région du Gourara où ses fréquentes visites dès les années 70 lui ont conféré un statut filial d'affectivité au sein des populations autochtones viscéralement attachées à leur culture patrimoniale. C'est dans ce cadre laborieux de la réappropriation des éléments structurants de la matrice patrimoniale qu'une journée d'étude a été consacrée à une rétrospective de l'oeuvre scientifique de Mouloud Mammeri qui a impulsé un intérêt particulier auprès de l'assistance très attentive aux cycles d'interventions développées par des professeurs, universitaires et chercheurs de différentes universités de Constantine, Tipasa, Adrar et de la Sorbonne de Paris. Centrée sous le thème du fécond parcours de l'immense érudit culturel que fût Mouloud Mammeri, cette efficiente initiative a permis de revisiter les étapes fondamentales de sa savante contribution à la résurrection et à la valorisation d'un patrimoine populaire d'ancestralité et d'universalité incarnée par le mythique Ahellil du Gourara. En la circonstance, celui-ci a été redécouvert dans la dimension de sa mysticité chantée à l'unisson par des voix mélodieuses mixtes de femmes et d'hommes en une harmonie gestuelle et expressive du corps dans ses mouvements rythmés de raffinement de grande beauté. L'Ahellil du Gourara a, cette année constitué l'événement culturel régional majeur de Timimoun qui, en fête de la pensée l'a chaleureusement célébré en hommage au souvenir de Mouloud Mammeri qui, inlassablement, s'est investi pour sa résurrection, sa préservation et son rayonnement culturel d'algérianité dans sa dimension d'africanité et d'universalité. En marge du festival de l'Ahellil et en prolongement du contexte de la promotion du patrimoine matériel de la région, le wali d'Adrar a invité la délégation du Haut Commissariat à l'amazighité à une visite du Centre national des manuscrits implanté dans cette ville du Touat. Une structure du ministère de la Culture spécialisée dans la préservation et la restauration de riches et multiples manuscrits de droit musulman, jurisprudence, de philosophie, de littérature, d'histoire, de grammaire, et de rites soufis dont certains remontent au XIVe siècle. Cette pratique de conservation de manuscrits anciens est une tradition générationnelle dans ces régions du sud de l'Algérie où sont emménagés des espaces d'expositions gérés et animés par des associations et des descendances familiales, à l'image de celui de Tamentit que nous avons visité et dont le conservateur a séduit l'assistance par une experte présentation d'historicité des supports archivistiques de manuscrits d'intérêt culturel majeur. Un gisement patrimonial d'histoire et d'anthropologie culturelle, disséminé dans ces régions du Sahara à explorer et à promouvoir dans une perspective de sauvegarde et de valorisation d'un véritable trésor patrimonial de repères constitutifs de la mémoire collective. Un devoir de mémoire ainsi accompli à l'endroit de Mouloud Mammeri dont le nom a été unanimement et élogieusement évoqué avec reconnaissance et fierté particulièrement par de nombreux représentants d'associations culturelles qui oeuvrent à la réappropriation d'un héritage patrimonial inouï de Dda L'Mouloud qui selon leur expression est d'une richesse fabuleuse à pérenniser et à transmettre en legs à la jeunesse et aux générations futures. A la solennité émouvante de l'oblitération du timbre postal dédié à son effigie le 28 décembre 2017 à l'opéra Boualem Bessaih d'Alger, est commémorée en liesse d'apothéose par la partition de la pensée et de la gratitude de l'Ahellil, l'oeuvre de Mouloud Mammeri est désormais entrée au panthéon du savoir, de l'érudition et de l'abnégation avec ses palmes d'or culturelles d'universalité qui, ainsi la pérenniseront à jamais pour la postérité.