Migrants, réfugiés, les demandes d'asile ont explosé en 2017 en France avec plus de 100 000 La France a enregistré un peu plus de 100.000 demandes d'asile en 2017, un niveau «historique», alors que le gouvernement prépare une loi sur l'immigration déjà à l'origine de débats animés. «C'est un niveau historique», a déclaré lundi Pascal Brice, directeur général de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Il y avait moins de 20.000 demandes en 1981, année la plus ancienne pour laquelle l'Ofpra a fourni des données. «Nous assistons à une augmentation exceptionnelle» de la demande d'asile, intervenant «alors-même que la demande chute de près de moitié dans les pays européens», a de son côté affirmé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Alors qu'un gros tiers des demandeurs ont obtenu le statut de réfugié l'an dernier, ces chiffres ne devraient pas manquer de nourrir le vif débat sur la politique migratoire, qu'Emmanuel Macron veut à la fois plus digne s'agissant de l'accueil des étrangers ayant obtenu l'asile, et plus stricte dans les reconduites de déboutés. Le sénateur Les Républicains (LR) Roger Karoutchi, rapporteur d'un récent rapport très critique sur l'intégration des réfugiés, a réagi en déplorant que l'asile soit «détourné en passoire pour l'immigration économique». La présidente LR (droite) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a pour sa part exhorté le gouvernement à publier chaque mois les chiffres mensuels des reconduites aux frontières. «Nous avons éloigné 26 000 personnes l'an dernier, avec une hausse de 14% des éloignements forcés» qui ont ainsi atteint «14 000 au cours des 11 premiers mois de 2017», a affirmé M. Collomb, assurant que «le but demain, est de continuer à améliorer les conditions de retour, qu'il soit contraint ou volontaire». Un projet de loi sur l'asile et l'immigration, préparé par M. Collomb, doit être présenté dans les deux mois en Conseil des ministres. Face aux inquiétudes des associations de défense des étrangers et aux divisions de la majorité, le Premier ministre Edouard Philippe a promis en décembre une «consultation» avec des réunions cette semaine. Les demandes d'asile ont augmenté de 17% l'an dernier, atteignant 100 412 au total (dont 19 141 mineurs), après une progression de 6,5% en 2016. «Cela confirme que la France est dans les tout premiers pays de la demande d'asile en Europe», a ajouté M. Brice, notamment derrière l'Allemagne qui s'attend à examiner près de 200.000 dossiers. Toutefois, pour avoir une vision exhaustive, il faut ajouter à ces chiffres ceux des migrants n'ayant pas encore déposé leur dossier à l'Ofpra. La première étape de la procédure se fait en effet en préfecture, qui examine si les personnes relèvent d'un autre pays européen où ils sont déjà enregistrés (au titre du règlement «Dublin»). Dans une circulaire fin novembre, Gérard Collomb estimait qu' «aujourd'hui, près de 52% des demandeurs» relevaient de cette procédure «Dublin». Au nom de la «fermeté», le ministre de l'Intérieur a annoncé avoir «doublé le nombre de transferts à 2 330» l'an dernier. Le «taux d'accord», qui permet aux demandeurs de devenir réfugiés, a fléchi, passant de 38% en 2016 à 36% l'an dernier. Une baisse qui s'explique, selon M. Brice, par le fait que beaucoup de personnes venaient de pays où l'absence de conflit ou de persécution justifiait peu la demande d'asile. L'an dernier, le premier pays d'origine a en effet été l'Albanie, avec 7 630 demandes (hors mineurs accompagnant), soit une hausse de 66%. L'Albanie étant considéré comme «d'origine sûre», l'Ofpra n'a accordé sa protection qu'à 6,5% des demandeurs. Ce phénomène, «cyclique» et «lié à une émigration économique» selon M. Brice, préoccupe les autorités françaises et albanaises, qui ont lancé cet été un plan d'action pour lutter contre les réseaux d'immigration irrégulière. Viennent ensuite les Afghans avec 5 987 demandes (+6%), les Haïtiens (stable à 4 934), puis les Soudanais (-24% à 4 486), et les Guinéens qui ont été 3 780 à solliciter l'asile, soit un bond de 62%. On observe en effet une forte progression des ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et francophone, notamment des Ivoiriens dont le nombre a plus que doublé (3 243) et des ressortissants de République démocratique du Congo (+15%, à 2 941). Malgré un taux de protection de 95%, les Syriens ont en revanche été moins nombreux à solliciter l'asile, avec une baisse de 10% à 3 249 demandes.