Sujet phare de Nicolas Sarkozy, l'immigration fait l'objet d'un projet de loi restrictif qui sera soumis mardi aux députés. C'est son quatrième tour de vis. Lors de son passage au ministère de l'Intérieur, le président français avait modifié trois fois la loi sur l'immigration, toujours dans un sens restrictif. Le nouveau projet va encore plus loin puisqu'il a été élaboré avec l'objectif affiché de restreindre le regroupement familial et de favoriser l'immigration de travail. Brice Hortefeux, son ministre en charge du dossier, a tancé les préfets qui n'expulsent pas beaucoup de clandestins pour atteindre l'objectif de 25 000 reconduites à la frontière en 2007 annoncé par Sarkozy. Il veut parvenir dans les plus brefs délais à un équilibre entre immigration de travail et immigration familiale grâce, notamment à la délivrance d'ici la fin de l'année d'une carte talents et compétences, qui va autoriser les étudiants étrangers à travailler pendant six ans en France dans les secteurs en déficit : le bâtiment, la restauration, l'hôtellerie, les services à la personne, l'informatique, les mathématiques, la médecine. Le texte a déjà soulevé un tollé dans les milieux associatifs et de la gauche au sujet de sa disposition autorisant les tests ADN pour qu'un candidat au regroupement familial prouve sa filiation. Ces derniers estiment que c'est une violation de la vie familiale, qui est hors de proportion avec le but affiché de lutter contre la fraude documentaire. Hortefeux a rétorqué que onze pays européens pratiquaient déjà ces tests (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Amnesty International, qui s'est inquiétée de la logique des chiffres privilégiée par Hortefeux, a lancé un appel aux députés qui examineront le projet de loi sur l'immigration à partir du 18 septembre pour qu'ils défendent le droit d'asile et s'opposent au transfert de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA, qui statue sur les demandes d'asiles) du ministère des Affaires étrangères à celui de l'Immigration. Dans le nouveau texte sur l'immigration, l'administration pourra décider du prolongement en zone d'attente des expulsables. Y. KENZY