Les salafistes algériens sortent de leur «tanière» pour cracher leur venin sur tout ce qui ne rime pas avec leurs élucubrations et leurs bigoteries. Yennayer n'est pas vu d'un bon oeil par ces apprentis sorciers, pour cause, cette fête et ce premier jour du calendrier berbère sont des pratiques préislamiques, pour ainsi dire, ils relèvent de «la jahiliya» et par ricochet sont déclarés «haram», c'est-à-dire qu'ils sont considérés comme un péché qu'il faut combattre et dénoncer. C'est la déclaration des représentants du salafisme wahhabite en Algérie. Cette «fatwa» de trop, suscite des réactions chez beaucoup d'Algériens. Les salafistes algériens ne se sont pas contentés de faire une déclaration à propos de Yennayer, mais ils ont eu à recourir à une espèce de mobilisation de leurs adeptes, en les sommant de propager dans les mosquées de la République l'apologie de dénigrement, voire de l'insulte contre ce patrimoine ancestral du pays. Ce regain du salafisme version wahhabite, n'est que l'expression de la haine alimentée par ces promoteurs qui ne voient dans la société, et l'héritage historique de cette dernière, que la variante islamique en occultant toute contribution civilisationnelle qui a précédé la présence de la variante musulman selon la version de Mohamed Ali Ferkous, le chef du salafisme en Algérie. Cet inféodé au wahhabisme de l'Arabie saoudite et de son mentor, Mohamed Ben Hadi Ben Ali Al Madkhali, n'hésite pas d'arborer ostentatoirement sa sinistre «fatwa» qui indique que «Yennayer est une fête païenne qui date de la période préislamique que les musulmans doivent bannir et se contenter des fêtes musulmanes» (sic). Ce paradoxe est encadré de la façon la plus vile et relève de la pleutrerie sciemment entretenue pour des raisons qui s'expliquent sur le plan idéologique tous azimuts. Les salafistes wahhabites en l'occurrence, sont en perte de vitesse, au plan de la propagande et du semblant «messianisme» aux relents politiciens et d'instrumentalisation. Ils savent pertinemment que la reconnaissance de Yennayer comme élément relevant de la mémoire, national et en tant que référent identitaire officialisé apportera son lot de symboles et de repères qui pourront alimenter l'Algérie plurielle et son unité nationale en puisant dans le terroir et le patrimoine du pays pour donner plus d'étoffe et de sens à notre algérianité, même par rapport à la variante religieuse en la dotant d'une démarche souple, ouverte et foncièrement humaniste. Tout compte fait, cette réaction épidermique des salafistes par rapport à notre valeur identitaire, renvoie à une dimension dépourvue d'une teinte et d'une connotation religieuse uniformiste et ubuesque. C'est cet aspect qui chagrine le plus pour un salafisme qui représente un système dogmatique et dogmatisant, quant aux questions relevant des idées ou de systèmes de pensées qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans leur orbite le moins que l'on puisse dire, disparate par rapport au standard de l'humanité en général. De fait, l'idolâtrie version salafiste est la résultante d'un schème et d'un paradigme saugrenu dépourvu du sens de l'historicité qui se réconcilie avec l'humain et la raison. Le clivage est situé au niveau politique, la question identitaire, tamazight en l'occurrence, trouble le salafisme et toutes les variantes de l'islam politique, parce qu'elle se dresse comme un rempart sûr contre leur déferlante qui vise à exclure toutes les composantes qui ne sont pas de même acabit. Tout l'enjeu est là, c'est une question de repositionnement politique et de rapports de force, qui se pointe telle une épée de Damoclès qui n'a jamais effleuré leur esprit. L'unanimisme de l'islamisme en général et du salafisme en particulier qui a logé leurs têtes pendant des siècles, se voit aujourd'hui déstabilisé par cette ouverture et réconciliation avec l'histoire d'un peuple en osmose avec son processus historique où les intégrismes et les extrémismes sont voués aux gémonies. Seule référence qui prime, c'est la différence et le respect de l'Autre.