Intitulée Thaghaste, et adaptée du roman de l'écrivain algéro-marocain Kebir Ammi, cette pièce de théâtre a vu sa naissance dans la douleur. Caressé pendant plus de quatre ans, le projet d'adaptation de la vie de Saint-Augustin au théâtre verra enfin le jour. L'effort consenti par le metteur en scène Mohamed Abaid portera enfin ses fruits, mais...ce sont des fruits verts et amers. Intitulée Thaghaste, et adapté du roman de l'écrivain algéro-marocain Kebir Ammi, cette pièce de théâtre a vu sa naissance dans la douleur. Estropiée, sommes-nous tenté de dire. Les concepteurs de ce projet, qui ont estimé le coût initial à 340.000 euros, n'ont pu glaner enfin de compte que la bagatelle de 900.000 dinars. La pièce qui se voulait une représentation de la vie du philosophe et théologien Saint-Augustin, sera des plus pauvres, voire des plus nues. Elle n'aura comme seul décor que les murs de la basilique de Souk Ahras, le théâtre antique de Guelma et les rideaux du théâtre de Annaba. Les trois villes où la pièce sera présentée. Comme nous l'avons souligné plus haut, le projet remonte à quatre ans, à l'année 2001. C'était lors du colloque sur la vie de Saint-Augustin qui s'est déroulé à Alger et qui était placé sous le parrainage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «J'en ai alors parlé à Monsieur le président. Il m'a affirmé que les autorités algériennes m'apporteraient toute l'aide nécessaire pour que je puisse monter le projet comme il se doit et à la stature de Saint Augustin. Même le ministre de la Culture m'avait alors affirmé son soutien.» a déclaré le metteur en scène Mohamed Abaid hier lors d'une conférence de presse animée au Théâtre national algérien. Cependant, depuis, M.Abaid n'a pas cessé de frapper à toutes les portes, mais peine perdue. Il y a eu l'Année de l'Algérie en France, Djazair 2003, mais le conférencier indique qu'il n'a pas voulu jouer à l'opportuniste. «Il n'est pas dans mes habitudes de jouer à l'hypocrite, donc je n'ai pas saisi cette occasion. J'ai voulu réaliser ce projet dans la transparence et en faisant confiance aux autorités de mon pays». Toutefois, cette confiance n'a pas favorisé la naissance de ce projet. Le metteur en scène a dû alors frapper aux portes des fondations et associations étrangères. Et c'est la fondation hollandaise Prince Klaus qui a répondu favorablement à l'appel de Mohamed Abaid. C'est cette fondation même qui a accepté de financer la moitié de ce projet. Concernant la pièce Thagaste, le metteur en scène a indiqué qu'elle aborde la vie de Saint-Augustin à une certaine époque de la vie du philosophe. Les situations se déroulent en Numidie. Nous sommes en l'an 388 après J.C. les Vandales assiègent l'empire romain, c'est la débâcle. Plusieurs personnes quittent le pays pour aller trouver refuge auprès de Saint-Augustin, fils de Monique et de Patricius. Notre philosophe revient de Rome où il enseigne la rhétorique et la philosophie. Il arrive dans son village natal, Thagaste (Souk Ahras). Après un contrôle par les soldats romains, il arrive chez lui où il est reçu par la vieille servante Julia. Là, il apprend la nouvelle de ce jeune numide arrêté par l'armée romaine pour avoir tenté d'assassiner un officier d'Auguste. Ce jeune homme risque la mort dans la fosse aux lions. «A travers cette pièce, j'ai voulu mettre sous les feux de la rampe la forte personnalité de Saint-Augustin. Lui qui a accepté les exilés romains venus chercher refuge dans le Nord africain» a expliqué M.Abaid. «Ce qui m'a motivé en premier lieu, c'est une certaine similitude des périodes romaine et algérienne, où le point commun est marqué du sceau de la violence, de la terreur, l'abus du pouvoir et l'intolérance. L'exception résidant, cependant, dans l'attitude d'un homme, originaire du même pays que moi, prêchant la non-violence et l'amour du prochain, cet homme était Augustin, l'Africain, natif de Souk-Ahras, jadis nommé Thagaste» lit-on dans la note d'intention remise à la presse. A noter enfin que la pièce sera présentée durant la première quinzaine du mois d'août prochain, et ce dans les trois villes de l'est du pays, à savoir Guelma, Annaba et Souk-Ahras.