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Un an de politique étrangère de Trump
DE LA COREE DU NORD À L'IRAN
Publié dans L'Expression le 20 - 01 - 2018

En une année à la Maison-Blanche, Donald Trump aura surtout contribué à affaiblir la politique étrangère des Etats-Unis
Il est arrivé à la Maison-Blanche avec la promesse de «l'Amérique d'abord». Un an et plusieurs décisions spectaculaires plus tard, Donald Trump a confirmé sa volonté de tourner le dos au multilatéralisme sur la scène internationale.
Au terme de la première année du mandat du président américain, son image dans le monde est plus mauvaise que ne l'a jamais été celle de ses deux prédécesseurs, Barack Obama et George W. Bush, selon un sondage Gallup publié jeudi. Seuls 30% des personnes interrogées dans 134 pays approuvent l'action du milliardaire républicain. Et les plus sévères se trouvent chez les alliés traditionnels des Etats-Unis, en Europe de l'Ouest, au Canada ou au Mexique. «De nombreuses alliances considérées comme une 'grande force'' par l'administration Trump sont en fait menacées», commente l'institut. Pour James Lindsay, du Council on Foreign Relations, certains des plus proches alliés de l'Amérique «craignent la fin de l'époque où les Etats-Unis exerçaient un leadership mondial». «Si c'est la cas, les conséquences risquent d'être terribles», écrit-il. «On a un problème avec les Européens, mais le reste du monde n'est pas bouleversé», relativise Jim Jeffrey, chercheur au Washington Institute et ex-diplomate sous des administrations républicaines. «Trump n'a pas fait beaucoup de dégâts à l'ordre international jusqu'ici», assure-t-il, saluant sa stratégie sur la Corée du Nord, l'Iran et la Syrie. Tour du monde de la diplomatie à l'ère Trump: Les Etats-Unis ont annoncé en juin leur retrait de l'accord de Paris sur le climat, contraire selon Donald Trump aux intérêts économiques américains, même si concrètement cela ne sera possible qu'en fin de son mandat. Le président français Emmanuel Macron veut le convaincre de faire marche arrière, fort de leurs bonnes relations. Mais Washington a aussi claqué la porte à d'autres accords ou organisations multilatéraux: traité de libre-échange Asie-Pacifique, Unesco, Pacte mondial sur la migration... Et les critiques pleuvent contre le coût de l'ONU. C'est la «doctrine du retrait», déplore-t-on jusque dans les milieux républicains. Le président Trump menace aussi de se retirer de l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran d'avoir l'arme nucléaire, pourtant défendu par les autres signataires (Iran, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne). Il vient de donner jusqu'au printemps aux Européens pour l'aider à combattre les «activités déstabilisatrices» de sa bête noire, faute de quoi il passera de la parole aux actes. Autre décision unilatérale, autre tollé mondial: Donald Trump a reconnu début décembre El Qods comme capitale d'Israël.
Si Israël applaudit, les Palestiniens ne décolèrent pas et dénient désormais à Washington tout rôle de médiateur dans le processus de paix, que le président américain voulait relancer mais qui s'avère plus moribond que jamais. Face aux ambitions nucléaires nord-coréennes, principal défi international aux yeux de Washington, la stratégie est tout autre: convaincre le monde de pousser Pyongyang au dialogue par des sanctions draconiennes. Avec un certain succès, la Chine et la Russie ayant voté les dernières résolutions à l'ONU. Menacé de guerre commerciale par le candidat Trump, Pékin est désormais applaudi pour ses efforts par le président. Mais ses tweets et déclarations va-t-en-guerre, promettant à la Corée du Nord «le feu et la colère» ou sa destruction «totale», laissent craindre que la guerre des mots ne dégénère en conflit nucléaire. «Son principal problème», c'est qu'il est «imprévisible», reconnaît Jim Jeffrey. Donald Trump et Vladimir Poutine rêvaient de réconcilier les Etats-Unis et la Russie. Mais l'enquête sur des soupçons de collusion entre l'équipe de campagne du républicain et le Kremlin rendent tout rapprochement impossible. Résultat: les relations sont au plus bas, de l'aveu même des deux hommes. En Syrie et en Irak, l'administration Trump a poursuivi - et amplifié, assure-t-elle - la lutte contre le groupe Etat islamique, jusqu'à la victoire. Et maintenant? Accusé de n'avoir aucune vision pour la suite, maintenant que le régime de Damas, soutenu par l'Iran et la Russie, a pris l'ascendant sur ses opposants, Washington esquisse une stratégie: présence militaire durable en Syrie pour éviter tout retour des jihadistes, mais aussi pour contrer Téhéran et aboutir, in fine, au départ du président Bachar al-Assad. La «relation spéciale» avec le Royaume-Uni a-t-elle vécu? Non, assure Washington. Mais elle souffre. Critiqué par la Première ministre britannique pour avoir retweeté des vidéos anti-islam postées par un groupuscule britannique d'extrême droite, le président américain a vivement apostrophé Theresa May fin novembre sur Twitter. Avant d'annuler sa visite à Londres pour inaugurer la nouvelle ambassade des Etats-Unis. Donald Trump a promis un «mur» antimigrants et anticriminalité à la frontière avec le Mexique, et il n'en démord pas. Mais Mexico refuse et n'entend pas payer pour sa construction, qui s'avère complexe, au point que le plus proche conseiller du président américain a estimé, selon le New York Times, que ce dernier n'était «pas suffisamment informé» quand il a fait sa promesse.


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