L'élection présidentielle au Venezuela, secoué par une violente crise politico-économique, devrait avoir lieu au second semestre 2018, selon un brouillon de l'accord des négociations entre le gouvernement et l'opposition. «L'élection présidentielle aura lieu au second semestre» de 2018, peut-on lire sur la première page du texte exhibé vendredi soir par Jorge Rodriguez, principal négociateur du gouvernement, face aux caméras à Saint-Domingue, siège des discussions délocalisées entre les deux camps. «Voici le brouillon de l'accord, et nous sommes en train de travailler dessus de manière intense», a déclaré M. Rodriguez en montrant le document daté du 2 décembre, au lendemain de la reprise jeudi des pourparlers. Il n'a pas donné de précisions sur le contenu du texte. La présidentielle, à laquelle le chef de l'Etat socialiste Nicolas Maduro a dit qu'il se représenterait, est officiellement prévue pour décembre 2018. La délégation de la Table de l'unité démocratique (MUD), qui réunit les trois principaux partis de l'opposition vénézuélienne, s'est pour le moment retirée des discussions de Saint-Domingue. Les adversaires du président Maduro reprochent au gouvernement d'avoir insinué que les négociateurs de la MUD avaient livré aux autorités l'ex-policier rebelle Oscar Perez, abattu lundi dans une opération policière pour le capturer à Caracas. En conséquence, les négociateurs de la MUD, mécontents également de l'absence des ministres des Affaires étrangères du Chili et du Mexique, qu'ils avaient invités en tant que facilitateurs du dialogue, n'ont pas participé aux derniers pourparlers. En revanche, les représentants du gouvernement vénézuélien sont venus, eux, à Saint-Domingue et ont eu des discussions avec le ministre dominicain des Affaires étrangères Miguel Vargas, l'ancien chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, ainsi qu'avec les ministres des Affaires étrangères du Nicaragua et de Bolivie, qu'ils ont invités pour leur part comme facilitateurs. M. Vargas a déclaré que «la continuité du dialogue» était assurée et que la date d'une nouvelle réunion était en cours de discussion. Le président Maduro a évoqué vendredi la possibilité que l'opposition décide de ne plus participer aux pourparlers sur instruction, selon lui, des Etats-Unis. Et il a prévenu que cela n'empêcherait pas le pouvoir de mener à bien ses projets. «Ils ont reçu hier l'ordre de l'impérialisme et de la droite mondiale de ne pas venir dialoguer», a affirmé M. Maduro au palais présidentiel à Caracas. «Tant pis pour vous, parce que personne ne nous arrêtera», a-t-il déclaré à l'adresse de l'opposition. Le président s'est dit prêt à signer le «préaccord» proposé par les ministres latino-américains des Affaires étrangères impliqués dans les pourparlers de Saint-Domingue et qui est en cours de discussion. «Je suis prêt à le signer et à l'appliquer, mais si vous ne voulez pas le signer, je continuerai à avancer et rien ni personne ne nous arrêtera. J'appelle le peuple au combat», a lancé M. Maduro. Dans ce pays pétrolier en plein naufrage économique, le chavisme (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013) est arrivé renforcé à cette nouvelle séquence de discussions, après avoir décroché une nouvelle victoire électorale lors du scrutin municipal de décembre, largement boycotté par l'opposition. Ce succès a conforté Nicolas Maduro dans son souhait de briguer un nouveau mandat en 2018. La MUD et deux des trois principaux partis qui la composent ont décidé vendredi de se réinscrire auprès des autorités électorales pour pouvoir participer à la présidentielle de 2018. Cette condition était imposée par l'Assemblée nationale constituante élue en juillet 2017 aux partis qui ont boycotté les élections municipales parce qu'ils estimaient que les conditions d'un scrutin équitable n'étaient pas réunies. Les partis Action démocratique (AD), Primero Justicia (La justice avant tout, PJ) et la MUD elle-même «ont exprimé leur intention de participer» à la présidentielle, a annoncé sur Twitter le député Henry Ramos Allup, secrétaire général d'AD.