Le juge concerné, au sein de la Cour suprême, en charge de l'examen du dossier instruit par l'enquête qui vise Carles Puigdemont et les autres membres du noyau dur indépendantiste catalan, a refusé de valider ces réquisitions et de délivrer ainsi un mandat d'arrêt... L'indépendantiste catalan Carles Puigdemont est arrivé hier au Danemark pour son premier voyage hors de la Belgique, bravant ainsi le risque d'être arrêté, tandis que le président du Parlement à Barcelone était attendu pour décider si le député en fuite peut ou non briguer la présidence de la Catalogne. En exil volontaire à Bruxelles depuis le 30 octobre dernier, pour fuir la mise en détention décidée par la justice espagnole à l'encontre des principaux responsables de la déclartation unilatérale d'indépendance de la Catalogne, sous plusieurs chefs d'inculpation, le président catalan destitué par Madrid, Carles Puigdemont, a confirmé son arrivée à Copenhague sur son compte Twitter, indiquant qu'il maintenait envers et contre tout sa participation à un colloque sur la Catalogne et l'Europe. La réaction madrilène n'a pas tardé puisque le parquet espagnol a aussitôt déclaré avoir requis l'activation d'un mandat d'arrêt européen le visant, suivi d'une démarche auprès des autorités du Danemark leur requérant assistance et intervention pour son arrestation immédiate. Mais le juge concerné, au sein de la Cour suprême, en charge de l'examen du dossier instruit par l'enquête qui vise Carles Puigdemont et les autres membres du noyau dur indépendantiste catalan, a refusé de valider ces réquisitions et de délivrer ainsi un mandat d'arrêt, arguant que c'est précisément ce que recherche le concerné pour rendre possible son investiture à distance! Dans le même temps en effet, à Barcelone, le chef du Parlement catalan, l'indépendantiste Roger Torrent, était en train de peaufiner sa déclaration quant à la validité de la demande formulée par Carles Puigdemont, soutenu par les deux principales forces politiques indépendantistes qui dominent le nouveau Parlement issu des élections de décembre dernier, pour reprendre le gouvernail du gouvernement régional. Réélu député régional le 21 décembre, Puigdemont est en effet, actuellement, le seul candidat à la présidence du gouvernement catalan, trois mois après la tentative de sécession infructueuse ayant secoué la Catalogne et l'Espagne tout entière, durant plus de deux mois. En Belgique, Puigdemont n'est plus recherché par la justice espagnole, qui a officiellement abandonné sa demande d'extradition, afin d'éviter quelques divergences d'interprétation avec les magistrats belges sur la gravité des délits qui lui sont reprochés, dont celui sujet à controverse de la «rébellion». En effet, avec la mise en application de l'article 1555 de la Constitution, le gouvernement central conduit par Mariano Rajoy avait engagé des poursuites contre Puigdemont, Junqueras et d'autres dirigeants indépendantistes pour «rébellion», «sédition» et «malversation de fonds» en lien avec la tentative de sécession du 27 octobre. Le vice-président Oriol Junqueras, qui n'a pas fui l'Espagne a été incarcéré et le demeure encore à ce jour même si les indépendantistes ont retrouvé au soir du 21 décembre 2017 une nouvelle majorité en sièges dans le nouveau Parlement catalan, de sorte que les deux principales formations séparatistes ont renouvelé leur appui à la candidature de Puigdemont qui s'avère particulièrement problématique. Si le président destitué par Madrid continue à résider à l'étranger, son investiture ne pourra être effectuée qu'à distance, ce que les services juridiques du Parlement catalan ont déjà jugé contraire au règlement de l'institution. Mais au cas fort peu probable où il déciderait de revenir en Catalogne, le parquet général espagnol a d'ores et déjà averti que son immunité parlementaire n'empêcherait en aucune manière son arrestation immédiate. Qui plus est, si les élus indépendantistes décident de l'élire malgré son absence, le gouvernement central et l'opposition se mobiliseront aussitôt pour bloquer sa prise de fonctions et saisir sans délai la justice. Laquelle, à travers la Cour constitutionnelle, ne manquera pas de suspendre le vote du Parlement régional en faveur de sa candidature, rendant ainsi caduc son nouveau mandat. «Permettre que quelqu'un soit investi ou prétendre être le président du gouvernement catalan en étant à Bruxelles est illégal», a prévenu dès samedi le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy qui continue de brandir l'article 155 avec pour conséquence la suspension continue de l'autonomie régionale. Un cruel dilemme pour le chef de file parlementaire catalan, l'indépendantiste Roger Torrent, qui sait qu'il pourrait mettre à mal son propre camp avec une nouvelle crise autour de Carles Puigdemont, voire rompre le pacte fragile entre la liste Ensemble pour la Catalogne (centre-droite) de Puigdemont et sa propre grande formation, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Toujours est-il que depuis quarante-huit heures, c'est dans une réelle frénésie que les uns et les autres attendent la suite des évènements, certains n'hésitant pas à parler d'un retour «imminent» de Carles Puigdemont à Barcelone!