Doté d'un budget de 500 millions de dollars, ce programme touchera neuf pays africains. L'armée américaine entame une autre étape dans la guerre mondiale contre le terrorisme qu'elle a lancée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Le Pentagone vient de lancer, dans le cadre de cette guerre, un nouveau programme de formation militaire qui s'étale sur une période de sept ans. Financé par le département d'Etat US à raison de 500 millions de dollars, ce programme touchera, encore une fois, neuf pays africains. Il s'agit de l'Algérie, du Mali, du Tchad, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Maroc, de la Tunisie, et du Sénégal. Les stratèges de l'armée US espèrent intégrer la Libye dans ce programme, «si les relations entre Tripoli et Washington venaient à s'améliorer», précise-t-on. Des milliers de soldats africains seront entraînés par des experts de l'armée américaine en vue d'intervenir directement dans la lutte antiterroriste. Apparemment excédés, voire même diminués, par les deux guerres successives en Afghanistan et en Irak, les marines américains n'interviendront que pour suppléer les soldats africains. Les stratèges américains orientent ainsi leurs efforts vers le renseignement et se contentent de prêter une assistance technique et logistique aux Africains. Dans la cadre de ce même programme, le Pentagone vient de renforcer les effectifs de leurs officiers au sein des ambassades des pays concernés par cette opération d'entraînement. Les Américains focalisent leur regard sur cette région du monde qu'ils considèrent très sensible dans la lutte antiterroriste. Mais les observateurs redoutent que les Etats-Unis prennent prétexte de la lutte antiterroriste pour entamer enfin l'application de desseins mijotés de longue date, à savoir l'installation de bases militaires qui vont ceinturer toute cette région. Si le principe d'installer ces bases n'est pas acquis au niveau de tous ces pays, les Américains ont du moins déjà légitimé la présence des marines dans ces régions, estiment les mêmes observateurs qui veulent pour argument à ces «desseins inavoués de l'administration Bush», le déploiement des forces américaines stationnées au niveau d'une base militaire en Espagne qui sera transférée et implantée dans des pays touchés par le nouveau programme du Pentagone. Les Américains estiment que les frontières entre pays africains ne sont pas verrouillées. Et pour éviter qu'elles deviennent les bases arrières des terroristes ou autres bandits transfrontaliers, ils focalisent leur regard sur l'Afrique du Nord et subsaharienne. C'est d'ailleurs la troisième opération d'assistance et d'entraînement militaire que les Américains engagent au niveau de cette région de la planète. En effet, dans la perspective d'empêcher les cellules du réseau Al Qaîda de s'implanter dans le Grand désert africain après leur traque d'Afghanistan, le département d'Etat a lancé, en mars 2002, l'initiative Pan-Sahel. Dotée d'un budget de 6,25 millions de dollars durant sa première année, Pan-Sahel était destinée à six compagnies d'infanterie légère du Mali, de Mauritanie, du Tchad et du Niger. En 2003, les Américains lancent l'Initiative transaharienne pour la lutte antiterroriste. Dotée d'un budget de 100 millions de dollars par an pendant cinq ans, cette initiative s'étendra à l'Algérie, au Maroc, à la Tunisie, au Sénégal et au Nigeria, dans le cadre de l'opération Flintlock 2005. Initiée toujours par l'armée américaine et regroupant les forces armées et de sécurité de huit pays d'Afrique du Nord et du Sahara (Algérie, Mali, Maroc, Tchad, Niger, Sénégal, Mauritanie et Tunisie), Flintlock 2005 - très médiatisée contrairement aux autres - s'est étalée du 1er au 26 juin dernier. A ces opérations terrestres il faut ajouter les manoeuvres militaires, toujours avec les mêmes pays, qui se sont déroulées en mer. La dernière effectuée en Méditerranée a coïncidé avec l'opération Flintlock 2005 mais les Américains ont nié tout rapport avec les deux opérations..