L'initiative transsaharienne antiterroriste sera officiellement lancée au mois de juin prochain, avec une manoeuvre baptisée «Flint lock 2005». La coopération militaire entre les Etats-Unis et les pays de la rive sud de la Méditerranée, dans le cadre de la lutte antiterroriste, vient de se consolider. Après le plan Pan Sahel lancé en 2003, tendant à empêcher les terroristes d'établir des refuges en Afrique, le Pentagone vient d'annoncer une nouvelle initiative. Il s'agit de l'initiative transsaharienne antiterroriste qui sera officiellement lancée au mois de juin prochain, avec une manoeuvre baptisée «Flint lock 2005», a affirmé, lundi, Thérésa Whelan, sous-secrétaire adjointe de la défense américaine pour les affaires africaines. D'après cette dernière, l'opération d'envergure, qui verra la mobilisation d'importants moyens logistiques et financiers, vise à empêcher le terrorisme de prendre pied en Afrique. Il est clair que les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont été la rampe de lancement de cette stratégie (expansionniste?) américaine. Il convient, par ailleurs, de rappeler qu'en vertu de l'Initiative pan sahélienne, les forces américaines ont entraîné et équipé des compagnies d'infanterie légère au Mali, en Mauritanie, au Tchad et au Niger pour que celles-ci puissent aider à assurer la sécurité dans les vastes zones frontalières de la région. Toujours dans le cadre de leur guerre contre les «réseaux d'Al Qaîda», des experts militaires américains ont formé au cours de l'année 2004, des soldats tchadiens aux techniques de la lutte contre le terrorisme. En effet, ils étaient près de 30 experts militaires américains à avoir entraîné quelque 200 soldats tchadiens dans le nord du pays. En outre, l'anéantissement par l'Armée nationale populaire (ANP) d'un important groupe terroriste sur la bande sahélo-saharienne a été rendue possible grâce à la contribution américaine. Idem pour le rôle du renseignement américain dans l'arrestation du dangereux terroristes Abderezak El Para. Il est utile de rappeler que le programme Pan Sahel comprend une formation de base sur le maniement des armes, la planification, les communications, la navigation terrestre, la conduite de patrouilles et l'apport de soins médicaux. Les contingents entraînés sont dotés ensuite d'équipements de lutte contre le terrorisme, notamment des véhicules de déplacement dans le désert et du matériel de détection. Toutefois, en dépit de sa réussite, le «Pan- Sahel» a été limité par des fonds restreints et une tâche centrale limitée. Ce qui n'est pas le cas du nouveau programme contre le terrorisme, qui «sera mieux financé et aura une étendue plus large, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, le Sénégal et le Nigeria s'ajoutant aux quatre pays originaux contenus dans l'Initiative pan-sahélienne», a expliqué, Teresa Whelan. Avant d'ajouter que le département de la Défense continuera à centrer le plan antiterroriste sur les opérations militaires, passant de la compagnie au bataillon, et d'autres agences gouvernementales américaines seront impliquées dans le nouveau programme. Autrement dit, même si l'éventualité de l'implantation des bases militaires américaines dans ces pays est écartée, du moins par les responsables politiques et militaires de la région, il reste que le fait que Washington chapeaute la lutte antiterroriste dans la bande sahelo-saharienne, lui permet de contrôler la situation. D'autant plus que les pays ayant bénéficié de ce programme doté d'une enveloppe de 125 millions de dollars sur cinq ans, deviennent «des forces de soutien» à la lutte contre les réseaux terroristes dans le Sahel. L'Algérie au vu de son expérience, qui a d'ailleurs été examinée au mois de février dernier au Sénat américain, pourrait être le fer de lance de cette lutte antiterroriste. En témoignent la valse à Alger depuis quelques mois de hauts gradés américains et le déplacement aux Etats-Unis, de hauts responsables de l'état-major de l'ANP et dont la dernière en date est celle effectuée récemment par le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le Général Major Ahmed Sanhadji. En somme, la stratégie américaine en Afrique en général et au Maghreb plus particulièrement, repose sur deux objectifs: faire de l'Algérie une zone de libre-échange, de libre accès au commerce, balayer les barrières douanières et tarifaires. Quant au second axe, il consiste en une aide militaire, par le biais d'adhésion aux forces multinationales (l'Otan dans le cas de l'Algérie), l'envoi d'experts militaires et du renseignement, le PPS (Plan Pan-Sahel) etc. Autant d'actions qui permettront aux Etats-Unis de réussir leur guerre préventive contre le terroriste, en l'éradiquant à la base.