Le discours de Belaïd était teinté de messianisme et de «prosélytisme» politique. Le président de Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, s'est donné un temps à la faveur d'une réunion se voulant préparatoire quant à la nouvelle démarche organisationnelle de son parti en le dotant d'un nouveau règlement intérieur qui inclura «les primaires» en son sein durant le prochain congrès qui se déroulera selon ses dires «en mois de juin de l'année en cours». C'était une halte partagée avec ses élus du centre, où la question de la présidentielle se faisait sentir sans que le chef de file du front El Moustakbel ait fait allusion à ce rendez-vous majeur de façon explicite. Belaïd s'est illustré avec un discours ostentatoire et volontariste comme une manière pour attester ainsi que «nous avons remporté une victoire qui nous classe comme troisième force politique dans le pays. Pour répondre à ceux qui ont considéré notre victoire comme une surprise, nous leur disons que cette réussite est l'aboutissement d'une ligne politique qu'avait adoptée notre parti. C'est une ligne fondée sur une base solide grâce aux militantes et militants de ce parti connus pour leur intégrité et leur compétence», a-t-il expliqué. Abdelaziz Belaïd s'est permis de proférer des attaques acerbes à l'encontre de l'administration la qualifiant «au service de la médiocrité qui a soutenu des personnes qui sont venues avec l'idée d'acheter et de vendre des voix. L'administration a favorisé certains partis qui ont pu profiter de leurs relations au sein de l'administration pour transformer les élections en un commerce juteux», a déclaré le président du front El Moustakbel. Abdelaziz Belaïd qui a fait surtout dans les allumettes que dans le constat concret et objectif, s'est autorisé à qualifier la majorité de ceux qui se disent selon lui, être des élus qu'ils «n'ont rien à voir avec le peuple», et d'ajouter que «ils ont été désignés par les walis, ce qui explique que ces élus que ce soit au niveau de l'Assemblée populaire nationale ou locale ne peuvent pas se permettre de brandir le drapeau de l'autonomie en défendant leur indépendance en leur imposant des directives d'en haut», a souligné le premier responsable du front El Moustakbel. Cette réaction émanant d'un responsable du parti s'est clarifiée quand ce dernier avait rétorqué «nous, au Front El Moustakbel, nous disons aux élus et aux militants, ceux qui veulent rester avec nous sont les bienvenues, et ceux qui veulent partir ou de changer de parti, nous leur disons que Dieu vous aide», a réagi Abdelaziz Belaïd par rapport à ceux qui ont regagné les deux partis de la majorité. Ce changement de ton de la part du président de Front El Moustakbel renseigne sur la saignée et l'hémorragie que connaît son parti surtout au niveau des élus locaux et parlementaires qui ont choisi de se faire adopter par les partis de la majorité, le FLN et le RND en l'occurrence. Le discours de Belaïd était teinté de messianisme et de «prosélytisme» politique en faisant dans l'invocation et dans un «catéchisme» moralisant pour expliquer la déroute de la classe politique qui l'a accusé de «dictatorial dans la pratique et elle use de la démocratie en verbe, sans foi ni morale politique», a rétorqué Abdelaziz Belaïd. Ce discours moralisant n'obéissant pas aux règles de la pratique politique et partisane de surcroît, l'a amené à indiquer que «vous n'êtes pas les élus de l'administration, vous êtes les représentants du peuple. Il faut que vous deveniez les serviteurs du peuple et non pas de l'administration. Même si vous devriez composer et travailler avec l'administration», a noté le président de front El Moustakbel qui a eu à faire dans la dualité et le flou artistique. Abdelaziz Belaïd a arboré l'étendard de la deuxième République comme une urgence pour mettre en place des institutions nouvelles qui rompent avec la mainmise du pouvoir exécutif sur le reste des instituions que ce soit le pouvoir législatif ou le pouvoir judiciaire. Pour Belaïd cette deuxième République permettra au peuple de faire le vrai apprentissage de la démocratie et où le dialogue prendra tout son sens. Dans cet ordre d'idées, le chef de file de Front El Moustakbel souligne: «On ne peut pas répondre aux retraités de l'armée qui ont défendu la République durant la période sombre du pays par le gourdin. On ne peut pas dialoguer avec les médecins en les tabassant. On ne peut pas répondre d'une manière musclée aux revendications des travailleurs qui observent des grèves pour des revendications légitimes et protégées par la Loi fondamentale», a asséné le président de Front El Moustakbel. Pour illustrer les enjeux politiques qui caractérisent la scène nationale et ses conséquences, Abdelaziz Belaïd coupe court avec l'idée selon laquelle la crise économique et financière que traverse le pays est intimement liée à la chute des prix du baril de pétrole. Abondant dans le même sillage, Belaïd a indiqué que «c'est faux de dire que la crise économique et ses retombées sur le plan financier et social sont en rapport avec la chute des prix du pétrole. La crise est à un autre niveau, c'est celui de l'émergence de certains parasitaires qui spéculaient dans la sphère économique et ont occupé la scène politique avec une mentalité archaïque et désuète. Ils ont infesté le monde politique par l'argent sale en croyant que même la pratique politique s'achète. Ils ont acheté des postes et des voix des gens pour accéder aux institutions élues», a tonné Abdelaziz Belaïd.