Ce n'est donc qu'aujourd'hui que l'on saura, si oui ou non, la grève du Cnapeste aura un impact dans la wilaya de Tizi Ouzou. Des commerçants de la wilaya se présentant sous l'égide d'une aile de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a placardé hier matin, dans les quatre coins de la ville de Tizi Ouzou, un appel intitulé «Non à la grève» et dans lequel est dénoncé l'appel lancé pour une grève des commerçants prévue demain. L'appel en question a été diffusé, il y a une semaine, par un collectif où se sont regroupés: le bureau de wilaya de l'Ugcaa, le Came (Collectif d'aide à la microentreprise) et la Fnje. Il s'agit donc d'un contre-appel dont on ignore pour l'instant quel impact il pourrait avoir sur les commerçants de la wilaya de Tizi Ouzou. Une tournée effectuée hier dans la ville de Tizi Ouzou montrait que les commerçants de la région étaient complètement désorientés suite au lancement des deux appels contradictoires. «Ce n'est que demain (aujourd'hui, mardi, Ndlr), que les choses se préciseront et que l'on saura si oui ou non nous devrions suivre la grève», nous confie le gérant d'un café du centre-ville de Tizi Ouzou. C'est la même réponse qui nous a été donnée par le propriétaire d'une grande librairie du chef-lieu de wilaya. Une chose est toutefois sûre: une partie des commerçants suivra la grève car le collectif ayant été derrière cette action de protestation a réalisé un travail de sensibilisation grandiose en faveur du suivi du débrayage. En plus des grandes affiches placardées au niveau du chef-lieu de wilaya et dans tous les chefs-lieux de communes, les concernés ont également organisé une conférence de presse et accordé des entretiens à différentes chaînes de télévision privées pour convaincre de la «justesse» de leurs revendications. Pour rappel, l'appel à la grève a été lancé par le collectif des organisations à caractère professionnel de Tizi Ouzou qui comprend, en plus des commerçants, tous les bénéficiaires de projets Ansej, Cnac et Angem ainsi que le bureau de wilaya de la Fédération nationale des jeunes entrepreneurs. En plus du débrayage qui se tiendra demain, les concernés observeront un sit-in de protestation, le même jour à partir de 8 heures, devant le siège de la Casnos de la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou. Dans leur appel à la grève, les protestataires mettent en avant plusieurs revendications, dont le maintien du minimum à payer en matière de cotisations tel qu'il est dicté par l'article 14 du décret exécutif 15/289, soit 32.400,00 DA, l'indemnisation des cotisants contraints de payer plus, l'amélioration des prestations et l'arrêt des poursuites judiciaires prises à l'encontre de certains cotisants. Hier, et contre toute attente, un autre appel a été placardé à Tizi Ouzou portant le sceau de l'Ugcca (une autre aile) qui a démenti l'existence d'une grève pour demain. «L'Union générale des commerçants et artisans algériens, au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, dément catégoriquement l'appel à la grève qui a été lancé par un bureau illégitime», souligne-t-on. Et d'ajouter: «Deuxièmement, l'appel à une grève au sein de l'union obéit à des règles et des principes bien clairs, mais dans le cas de cet appel il n'y a aucune raison pour faire grève, il n'y a non plus, aucune consultation de la base, pis encore, ceux qui ont fait appel à cette grève n'ont aucune position légale ni statutaire pour le faire. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires, pour que les responsables de cet appel prennent toutes leurs responsabilités devant la loi». C'est ainsi que se conclut le contre-appel à la grève qui vient semer la confusion dans les milieux des commerçants. Ces derniers, même s'ils ne sont pas totalement fixés sur la grève de demain, restent tout de même convaincus de la légitimité des revendications contenues dans l'appel à la grève. C'est du moins ce qui se dégage des différentes déclarations faites par des commerçants, à titre individuel, à la presse. Notons que la grève des commerçants de Tizi Ouzou intervient au moment où un autre appel est lancé par le syndicat autonome, le Cnapeste, pour l'observation d'une grève illimitée dans les établissements scolaires. Jusqu'à hier, les avis des enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou étaient partagés entre les partisans du suivi du débrayage et ceux qui s'y opposent compte-tenu du fait que les lycées de la wilaya viennent à peine de sortir d'une grève ayant duré deux mois. Ce n'est donc qu'aujourd'hui que l'on saura, si oui ou non, la grève du Cnapeste aura un impact dans la wilaya de Tizi Ouzou.