Les Palestiniens, ceux de Ghaza notamment, observent au quotidien des actions de protestation, contestant la coupe des aides américaines à l'Unrwa, dont les employés sont entrés en grève générale hier pour préserver les droits les plus élémentaires assurés, jusque-là, par la communauté internationale à quelque 5,3 millions de réfugiés palestiniens. Après la coupe des aides américaines à l'Unrwa (Office de secours et de travaux pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient), les Palestiniens organisent des manifestations quasi-quotidiennes et l'enclave côtière, déjà confrontée à un blocus israélien depuis 2006, est, selon des médias «au bord de l'effondrement économique». Les employés de l'Unrwa relevant de la bande de Ghaza sont entrés en grève générale à travers nombre de secteurs. Dans le cadre de l'action, des dizaines de milliers d'élèves n'ont pas rejoint les bancs de l'école, tandis que les enseignants manifestaient devant le siège des Nations unies. Une marche a été organisée hier également pour réclamer le droit des réfugiés palestiniens à l'éducation, la santé et à d'autres frais pour s'approvisionner en denrées alimentaires, a annoncé le secrétaire de l'Union des fonctionnaires, Youssef Hamdouna. La semaine dernière, des manifestations semi-spontanées ont eu lieu presque quotidiennement, suivies majoritairement par des civils qui n'ont pas de revenus et qui espèrent sensibiliser la communauté internationale à leur situation critique. Les habitants de la bande de Ghaza affrontent de manière de plus en plus inquiétante les pénuries alimentaires. Il y a d'ores et déjà des cas de familles qui n'ont tout simplement plus rien à manger et les coupes effectuées dans le budget de l'Unrwa sont venues empirer les choses à Ghaza. Quelques 13000 responsables de l'agence onusienne ne pourront s'attendre qu'à recevoir la moitié de leurs salaires le mois prochain suite aux coupes américaines, selon des médias. Et c'est ainsi que l'activité économique, à Ghaza, a été réduite de manière spectaculaire. Selon des données officielles, les chiffres du chômage ont atteint les 46,6%. Plus d'un million de personnes - la moitié de la population - a besoin de colis alimentaires pour passer le mois. Selon les Palestiniens, il y a plus d'un an, le nombre de camions de transport de produits divers qui entrait dans la bande de Ghaza oscillait entre 800 et 1000 par jour. Il est tombé à une moyenne de 370 aujourd'hui. Les Ghazaouis n'ont plus d'argent à dépenser. Pour parer à la situation, l'Unrwa, a lancé récemment une campagne mondiale de levée de fonds baptisée «La dignité n'a pas de prix» pour récolter 500 millions de dollars en vue de compenser les coupes aux contributions américaines à son budget. Le Commissaire général de l'Unrwa, Pierre Kraenbühl, a souligné que cette campagne entend ainsi répondre à la situation critique dans laquelle se trouve l'agence, notamment pour ce qui est de la scolarisation de 525 000 élèves palestiniens inscrits dans les quelque 700 écoles gérées par cet organe dans les territoires palestiniens et dans les pays de la région. La campagne intervient en parallèle à l'appel lancé aux Etats membres des Nations unies d'apporter des contributions financières supplémentaires pour équilibrer le déficit budgétaire de l'Unrwa suite à la réduction drastique des contributions annuelles des Etats-Unis, premier contributeur au budget de cette agence onusienne créée en 1949, a précisé M. Krahenbühl. La semaine dernière, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'était déclaré «très inquiet» par rapport à la situation financière de l'Unrwa et des conséquences que cette situation pourrait avoir dans la région. Le chef de l'ONU, qui examine la possibilité de convoquer une réunion autour de la question de la décision américaine sur l'Unrwa, a souligné que l'agence, fournit des «prestations vitales aux réfugiés palestiniens à la fois dans les territoires palestiniens, en Jordanie, au Liban et en Syrie». Ces prestations sont d'une «extrême importance non seulement pour le bien-être de ces populations (...), mais il s'agit aussi d'un facteur important de stabilité dans la région», a-t-il estimé. En considérant El Qods comme capitale d'Israël et en initiant le processus du transfert au sein de la ville sainte de l'ambassade américaine, le président américain Donald Trump «a poignardé dans le dos les Palestiniens», avait déclaré l'envoyé à Washington de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Husam Zomlot. S'exprimant devant l'Institut du Moyen-Orient, un think-tank de Washington, Husam Zomlot a estimé que Trump «a violé sa promesse: 'Je ne veux pas imposer, je ne veux pas dicter''. Ensuite, on vient et on exclut ce qui est le coeur de la solution à deux états», a commenté Zomlot. Il a ensuite comparé cette action à «un coup de poignard dans le dos». «Vous n'avez pas ôté El Qods de la table des négociations - c'est la table entière que vous avez retirée -», a-t-il clamé. «Aucun Palestinien n'y reprendra place», a-t-il assuré.