L'annonce des Etats-Unis d'un gel de leur aide aux réfugiés palestiniens a sonné l'alarme dans les Territoires, où des centaines de milliers de personnes dépendent de l'assistance internationale pour se soigner, apprendre ou travailler. L'UNRWA, l'agence de l'ONU impactée, a indiqué hier faire face à sa «plus grave crise financière» depuis sa création il y a près de 70 ans. Cet organisme onusien, établi en 1949, apporte son aide à une grande partie des plus de cinq millions de Palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les Territoires, en Jordanie, au Liban ou en Syrie, survivants ou descendants des centaines de milliers de Palestiniens jetés sur les routes lors de la première guerre israélo-arabe en 1948. Le département d'Etat américain a annoncé mardi retenir jusqu'à nouvel ordre le versement de 65 millions de dollars à l'UNRWA, sur les 125 millions de contribution volontaire américaine prévus. Les Américains s'en prennent à l'UNRWA dans une période de grave détérioration des relations avec l'Autorité palestinienne : les dirigeants palestiniens ont d'ailleurs dénoncé cette nouvelle mesure comme une concession supplémentaire aux Israéliens et une nouvelle hypothèque imposée en leur faveur sur un règlement de plus en plus incertain du conflit. La question des réfugiés est l'une des plus épineuses en vue d'un tel règlement, les Palestiniens clamant leur droit au retour, ce qu'excluent les Israéliens. Eu égard à ce parti pris en faveur d'Israël, la direction palestinienne a gelé les contacts avec les officiels américains. L'OLP n'en veut plus aussi comme médiateurs dans le conflit israélo-palestinien. M. Trump avait indigné les Palestiniens en tweetant le 2 janvier que les Etats-Unis leur versaient «des centaines de millions de dollars par an sans obtenir reconnaissance ou respect». Pourquoi les Etats-Unis devraient-ils poursuivre leurs «paiements massifs» alors que les Palestiniens refusent de négocier, avait-il demandé. Le chef de l'agence onusienne, Pierre Krahenbuhl, a exprimé son inquiétude et appelé à l'aide les autres membres de l'ONU. «Ce qui est en jeu, c'est l'accès de 525 000 garçons et filles à 700 écoles de l'UNRWA», ainsi que toutes les formes d'aides d'urgence octroyées à des millions de personnes, et leur accès aux soins, s'est-il ému. Il a évoqué le respect de la «dignité» de ces réfugiés, mais aussi le risque sécuritaire potentiel de la décision américaine dans une région déjà en proie à la violence et à la radicalisation. Hanane Achraoui, haute dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a dénoncé quant à elle la «cruauté» affichée à l'égard d'une «population innocente et vulnérable». Des centaines de personnes ont manifesté contre la décision américaine dans la bande de Ghaza, territoire sous blocus qui a connu trois guerres avec Israël depuis 2008 et où plus des deux tiers de la population dépendent de l'assistance étrangère. Ahmed Majdalani, un des dirigeants de l'OLP, a accusé l'administration Trump de tenter d'écarter la question des réfugiés des discussions en vue d'un hypothétique règlement du conflit, comme elle a cherché à le faire avec le statut de Jérusalem en reconnaissant cette dernière comme capitale d'Israël. Le Premier ministre israélien a lui applaudi à ce «nouveau coup d'éclat américain».