Le leader charismatique du Sud est mort dans l'accident de son hélicoptère qui s'est crashé dans la région montagneuse du Sud-Soudan. C'est le président soudanais, Omar Hassan Al-Béchir, qui a annoncé officiellement hier la mort du Premier vice-président, John Garang, qui a péri samedi, sans doute samedi, lors du crash de l'hélicoptère qui le ramenait d'Ouganda. L'hélicoptère de M.Garang a disparu samedi donnant lieu à des recherches tant de la part des autorités soudanaises que celles d'Ouganda. Ce n'est que dimanche soir que furent localisés les débris de l'appareil qui s'est écrasé dans le Sud du Soudan. Selon les premiers éléments connus, cet accident serait dû au mauvais temps qui sévit dans le Sud-Soudan et l'Ouganda voisin d'où venait le vice-président soudanais. Hier on parlait d'accident et la prudence était de mise dans une situation soudanaise à tout le moins compliquée dont John Garang était l'un des principaux acteurs. Le corps du vice-président soudanais, John Garang, et ceux de ses 13 compagnons de voyage ont été localisés dans une région montagneuse du Sud-Soudan, a affirmé sous le couvert de l'anonymat une source ougandaise. C'est une équipe de l'ONU qui aurait repéré les restes de l'hélicoptère qui s'est écrasé à proximité des frontières avec l'Ouganda et le Kenya. Dans un communiqué présidentiel signé par Omar Al-Béchir, il a été indiqué hier que «La présidence de la République a continué à suivre les informations sur la disparition de l'appareil du premier vice-président, John Garang, et il a été totalement confirmé qu'il s'est écrasé après avoir percuté la chaîne de montagnes des Amatonj au sud du Soudan, en raison de problèmes de visibilité». La chaîne des Amatonj est située dans l'Etat soudanais d'Equatoria près de la frontière avec l'Ouganda. Le communiqué de la présidence ajoute: «Il en a résulté la mort de John Garang et de six personnes qui l'accompagnaient ainsi que les sept membres de l'équipage de l'appareil présidentiel ougandais.» La mort du vice-président John Garang est un coup dur pour le Soudan avec le risque de remise en cause du processus de paix entamé depuis le début de l'année et la signature de l'accord de paix entre le gouvernement soudanais et le mouvement rebelle Splm/A du Sud-Soudan. Toutefois prenant les devants, M.Al-Béchir a affirmé hier que la mort de son vice-président ne fera que renforcer sa «détermination à poursuivre le processus de paix», indiquant dans un communiqué, lu hier à la Télévision soudanaise: «Nous affirmons que le processus de paix se poursuivra (...) Sa disparition ne fera que renforcer notre détermination à poursuivre le processus qu'il (John Garang) avait entamé avec ses camarades du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm)». Et M.Al-Béchir d'ajouter: «En annonçant cette nouvelle regrettable, le président de la République présente ses condoléances à tout le peuple soudanais et au monde pour la mort d'un homme qui a cru en la paix et a oeuvré sincèrement, avec force et détermination pour la paix.» John Garang avait quitté l'Ouganda samedi après une visite de deux jours, où il a notamment rencontré le président ougandais Yoweri Museveni. C'est ainsi que la présidence ougandaise a indiqué hier, dans un communiqué, que M.Garang avait «quitté Rwakitura (ouest de l'Ouganda) en hélicoptère présidentiel MI-72 (samedi) vers 15h45 (12h45 GMT) pour sa base de New Site dans le sud du Soudan, juste au nord du parc national de Kidepo (Ouganda)». Le communiqué ajoute par ailleurs que l'appareil «s'est arrêté à Entebbe pour faire le plein et est reparti à 16h55 (13h55 GMT). A 18h30 (15h30 GMT), il survolait les régions de Kirenga près de Kidepo». Le communiqué présidentiel ougandais précise d'autre part que l'appareil «a tenté de se poser dans le sud du Soudan à un endroit appelé New Kush, mais n'a pas réussi à se poser à cause du mauvais temps et a continué en direction du sud-ouest. Il se dirigeait en direction de Pirre, près de la frontière kenyane, quand le contact avec l'appareil a été perdu». Dans cette situation particulière, née de la disparition brutale du vice-président Garang, le gouvernement soudanais et la rébellion tentaient hier de calmer le jeu, d'autant plus que de violentes émeutes ont été signalées hier à Khartoum et à Juba, importante ville du Sud-Soudan, après l'annonce de la mort de John Garang. C'est ainsi qu'à Nairobi, au siège du Splm/A, Salva Kiiri, commandant en second du mouvement de libération du Soudan (Splm) et adjoint de John à déclaré que l'hélicoptère, qui appartenait au président ougandais Yoweri Museveni, s'était écrasé dans le sud de la ville de New Kush. Dans un point de presse fait hier à Nairobi, Salva Kiiri, a déclaré: «Le Sud du Soudan et tout le Soudan a perdu son fils bien aimé (...) Nous souhaitons rassurer tout le monde sur le fait que la direction et les cadres de la Splm/A resteront unis et vont s'efforcer d'appliquer loyalement l'accord de paix.» Le Spla, est l'Armée populaire de libération du Soudan, branche armée du Splm, rappelle-t-on. C'est au nom de ces deux entités, le Splm/A que l'accord de paix a été signé avec le gouvernement de Omar Al-Béchir. M.Kiiri, prévenant une possible complication de la situation a déclaré par ailleurs: «Je profite de cette occasion pour assurer le Sud-Soudan en particulier et la population soudanaise en général que la direction du Splm/A poursuivra les objectifs du mouvement que le docteur John Garang avait mis en place et souhaitait accomplir.» Il dira d'autre part : «J'appelle tous les membres de la Splm/A et toute la nation soudanaise à rester calmes et vigilants.» L'adjoint de feu Garang ajouta par ailleurs qu'il quittait immédiatement Nairobi pour New Site, base militaire de la rébellion dans le Sud indiquant: «J'ai demandé à tous les anciens membres du comité de direction de la Splm/A de se réunir à New Site, dans le district de Kapoeta, pour une réunion de crise et décider de la suite des événements.» M.Kiiri n'a toutefois pas précisé quand aura lieu cette réunion, laquelle, en tout état de cause, ne peut se tenir avant la mise en terre du défunt John Garang. En fait, la situation au Soudan était hier explosive, des milliers de Sudistes portant des armes blanches et des armes à feu sont descendus dans les rues de la capitale, aussitôt confirmée l'annonce du décès de John Garang, le leader de la lutte sudiste depuis plus de vingt ans. Aussi, gouvernement de Khartoum et responsables de la rébellion veulent-ils agir avec doigté pour désamorcer la crise qui pointe à l'horizon et ce, dans l'attente de la confirmation, ou non, de la mort accidentelle du vice-président soudanais.