En dépit de toutes les mesures prises par les radicaux pour donner plus d'impact à leur cause, les habitants du Djurdjura ont été peu nombreux, hier, à rejoindre la marche noire. La marche noire, organisée à l'initiative des radicaux, n'a pas enthousiasmé outre mesure les populations du Djurdjura. Celle-ci n'a pas drainé les foules d'autrefois, la grève a été, elle aussi, partielle et peu suivie dans les villages de la Kabylie où les commerçants ont ouvert dès l'après-midi. Sans être cependant contestée par les habitants du Djurdjura, cette marche est loin de témoigner de la solidarité légendaire des Kabyles. L'autre fait majeur, lors de cette manifestation, est l'attitude des adultes qui assurent qu'«il n'est plus désormais question de faire grève tant que les uns et les autres ne se sont pas mis d'accord entre eux sur une démarche commune». «Ces manoeuvres insidieuses, ces fractures et ces accusations nous rappellent les derniers instants du MCB et le triste destin auquel l'ont poussé ceux-là qui se disaient être ses animateurs ou ses promoteurs», dira un citoyen de Aïn Zaouia, vraisemblablement attristé par l'indifférence affichée par les habitants de la région Boumahni-Frikat-Aïn Zaouia. Et d'ajouter: «Certains leaders politiques doivent, à présent, rendre leur tablier de guide de la région (...). Une fois de plus leur présence aux archs a réveillé le sentiment de suspicions et exacerbé la haine parmi les Kabyles.» Si le remède est désormais connu pour réunifier les rangs des archs, il n'en demeure pas moins que les inspirateurs du jusqu'au-boutisme continuent, toutefois, à rassembler et à mobiliser autour de slogans creux une partie de la jeunesse kabyle. C'est ainsi que des préadolescents d'à peine 15 ans et des jeunes n'ayant pas atteint l'âge de voter, nourris d'un sentiment d'abandon et d'exclusion, tiennent à exprimer leur colère contre l'injustice et l'arbitraire. «Nous, on s'en fiche des ârchs. On est là parce qu'on sait que même avec un diplôme de l'université on finira comme nos frères et soeurs (...) Il faut que ce pouvoir sache qu'on est là», dira un jeune étudiant de la commune des Ouadhias.