Mme Alina Romanowski reçue par Abdelkader Messahel Avant les Américains, les Russes se sont déplacés à Alger. Ce ballet de hauts cadres dans la lutte antiterroriste des puissances étrangères en Algérie dénote certes, de l'existence d'une menace réelle en Afrique, mais aussi du fait que l'Algérie demeure «un partenaire clé» des Etats-Unis dans le domaine sécuritaire. L'expérience de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme suscite un intérêt croissant des pays étrangers. Ces derniers confirment, sans exception, que le pays est un acteur stratégique dans la stabilisation de la région méditerranéenne et sahélienne. Et avec la menace patente du retour de milliers de terroristes de l'Etat islamique (Daesh) dans la région sahélienne, la coordination avec l'Algérie est devenue plus qu'une nécessité absolue. Hier, le Coordonnateur-adjoint de la lutte contre le terrorisme au Département d'Etat américain, Mme Alina Romanowski, qui effectue une visite de travail en Algérie, a été longuement reçue par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Au-delà de l'annonce de l'organisation en juin prochain, de la cinquième session du Dialogue stratégique entre l'Algérie et les Etats-Unis sur les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, des entretiens entre les deux responsables ont permis «un large échange de vues sur l'état de la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme ainsi que sur la situation sécuritaire dans la région, notamment la question du retour des combattants terroristes étrangers et les menaces qu'ils font peser sur la sécurité régionale et internationale», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Mme Romanowski a marqué l'intérêt de son pays à «développer davantage l'échange d'expériences et le renforcement de la coopération entre les deux pays, notamment en matière de dé-radicalisation et de renforcement des actions visant à tarir les nombreuses sources de financement du terrorisme». Pour sa part, Abdelkader Messahel a mis en exergue «les efforts que consent l'Algérie en sa qualité de Coordonnateur de l'Afrique pour la prévention de la radicalisation et de la lutte contre le terrorisme sur le continent», faisant part de la tenue à Alger, au mois d'avril prochain, d'une conférence internationale dédiée au renforcement de la lutte internationale contre le financement du terrorisme. Il va sans dire que les Etats-Unis, à l'instar d'autres pays d'Europe, s'inquiètent du retour massif de milliers de terroristes en Afrique après la débâcle de Daesh en Syrie et en Irak. Au-delà du fait que ces pays cherchent à éviter la menace terroriste dans leur propre pays, ces derniers tentent de préserver leurs intérêts dans le continent africain. L'administration de Donald Trump vise le même objectif. Avec la nouvelle donne sécuritaire faisant état du redéploiement de l'Etat islamique dans le Maghreb et la présence de son chef, Aboubakr El Baghdadi dans le Sud libyen, pas loin de la frontière algérienne, il est tout à fait normal que l'attention des puissances occidentales soit braquée sur la région. D'ailleurs, les Etats-Unis ont été les premiers à évoquer la menace du retour des terroristes en Afrique. «La guerre est en train de se déplacer. Nous allons assister à davantage d'actions en Afrique», avait déclaré, fin 2017, le sénateur républicain Lindsey Graham, à la sortie d'un entretien avec le ministre de la Défense américain, Jim Mattis. «Nous sommes confrontés à un défi qui s'étend de l'Afrique de l'Ouest à l'Asie du Sud-Est», avait également soutenu le général Joe Dunford, le chef d'état-major américain. Avec plus de 6 000 hommes déployés dans 53 pays du continent africain, les Etats-Unis qui poursuivent leur lutte antiterroriste en Afrique, sont à la recherche du renforcement du renseignement avec l'Algérie, afin de mettre fin aux desseins de l'EI de créer son nouveau Califat sur le sol africain. En fait, les Américains qui ont affirmé clairement que l'Algérie est leur «allié le plus fiable dans la région» et dont le poids «lui permet de lutter efficacement contre le terrorisme», comme l'a rapporté l'ambassadeur d'Algérie à Washington, Madjid Bouguerra au terme de sa rencontre avec le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, David Satterfield, ont à maintes reprises discuté avec les responsables algériens des voies et moyens de contribuer efficacement à un règlement rapide de la crise libyenne. Mais pas seulement, le déplacement de Mme Alina Romanowski va sûrement porter également sur la situation au Sahel, ainsi que sur les efforts attendus des Etats-Unis pour soutenir la stabilité de plusieurs pays de la région. Il est à rappeler qu'avant les Américains, les Russes se sont déplacés à Alger. Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nicolaï Patruchev, accompagné d'une forte délégation composée de hauts responsables représentant les différentes institutions russes, a effectué, ces derniers jours, une visite de 48 heures à Alger. Il va sans dire que la qualité de l'hôte de l'Algérie et son rang dans la hiérarchie sécuritaire de son pays font ressortir l'aspect important de la mission russe. Ce ballet de hauts cadres dans la lutte antiterroriste des puissances étrangères en Algérie, dénote, certes de l'existence d'une menace réelle en Afrique mais aussi du fait que l'Algérie demeure «un partenaire clé» des Etats-Unis dans le domaine sécuritaire, comme l'avait déclaré, lors de la 4ème session du dialogue algéro-américain sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme tenue à Washington, le coordonnateur pour la lutte antiterroriste au Département d'Etat, Justin Siberell, évoquant une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.