Très accessibles via le Net (YouTube et les réseaux sociaux), ainsi que les chaînes satellitaires, les jeunes Algériens ne cessent de visionner les vidéos de ces cheikhs et de consulter leurs pages. Les jeunes Algériens n'ont pas que des idoles en football et en musique, ils ont aussi leurs stars prêcheuses. C'est en tout cas ce que vient de démontrer une étude du très sérieux Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, le Crasc. Très accessibles via le Net (YouTube et les réseaux sociaux), ainsi que les chaînes satellitaires, les jeunes Algériens ne cessent de visionner leurs vidéos et de consulter leurs pages, en quête de connaissances dans la religion et des fetwas (avis religieux) à leurs préoccupations. Selon le directeur du Crasc, Djilali El Mestari, qui a rendu publics avant-hier les résultas de l'étude en question, le recours à ces cheikhs et muftis est la seule source pour ces jeunes, en matière de savoir dans la religion. «En effet, sur un échantillon de 5 077 jeunes âgés de moins de 35 ans issus des wilayas de Ghardaïa et d'Oran, la majorité absolue d'entre eux a avoué qu'ils ne recourt qu'à ces cheikhs et muftis pour s'informer», indique-t-il. L'échantillon des jeunes concernés a avoué en outre qu'ils ne recourt jamais aux imams des mosquées proches de chez eux pour demander de tels avis. «Ces imams cathodiques représentent la référence religieuse chez les jeunes», précise le conférencier. Djilali El Mastari qui intervenait à l'occasion d'une journée d'étude autour du thème: Jeunes et religiosité, a déploré le fait que le mal pour ces jeunes est déjà fait. «Car ces cheikhs représentent pour eux des stars et des modèles», a-t-il souligné. En outre, la sonnette d'alarme doit être tirée, de l'avis du directeur du Crasc, en raison de l'impossibilité de lutter contre ce phénomène. «L'accès à ces chaînes satellitaires et aux réseaux sociaux est quasi impossible à interdire ou le contrôler», a-t-il mentionné, sans expliquer amplement les raisons de cet état de fait, le conférencier a fait remarquer que cette tendance constitue un danger pour le référent religieux national. Et d'indiquer que désormais la religiosité pose des difficultés pour les chercheurs en termes de limitation du champ de la recherche. «Le phénomène de la mondialisation a fait du domaine de la recherche un espace ouvert où il est impossible de parler de religiosité, dans une région ou un pays particulier. Aujourd'hui, la priorité pour le chercheur est de diagnostiquer les situations préalables religieuses ou médiatiques. Le chercheur doit faire l'effort de comprendre lui-même et avec ses propres instruments, ces phénomènes», a-t-il soutenu. Le conférencier a terminé, par ailleurs son intervention, en disant que le discours religieux des imams des mosquées n'intéressent désormais que les personnes âgées. Pour rappel, la sonnette d'alarme quant à ce sujet a déjà été tirée par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. Celui-ci a beau essayer d'interpeller les jeunes sur le fait de ne pas suivre et écouter ce qui se dit sur ces chaînes et réseaux sociaux. Pour le ministre, les avis religieux prodigués par ces derniers ne conviennent pas aux jeunes Algériens, et ce, pour la simple raison que ces chouyoukhs ne vivent pas en Algérie, et donc dans la société algérienne qui se caractérise par des tas de traditions et de coutumes propres à elle. Pour convaincre ces jeunes, le ministre des Affaires religieuses a recouru aux hadiths prophétiques et versets coraniques qui confirment ses propos. Il est à rappeler sur un autre plan que l'écoute de ces chouyoukhs a déjà causé du mal à la société algérienne. En effet, tout le monde se souvient que les cheikhs qui professent via ces chaînes satellitaires ont contribué au drame qu'a vécu l'Algérie durant la décennie noire. Des chouyoukhs ont en effet appelé via les plateaux de ces chaînes le jeunes Algériens à porter des armes contre les services de sécurité et à aller au maquis. Notons que le ministre des Affaires religieuses et la ministre de l'Education nationale ont procédé, dans le projet de la réforme du système scolaire à enlever de nombreux cours et leçons contraires aux traditions de la société algérienne. «En Algérie, il y a un contexte social et sociétal dont il faut tenir compte», ont tenu à rappeler les deux ministres à ceux qui les ont critiqués.