Le télé-prédicateur influence également beaucoup d'Algériens sur l'espace bleu Les Algériens occupent la deuxième place après les Egyptiens en matière de suivi et d'absorption d'informations concernant la religion musulmane. En matière de culture religieuse, les Algériens seraient de grands boulimiques des contenus qui sont distillés par les «douaâte» et autres prêcheurs étrangers, notamment ceux activant en Egypte et au Golfe. C'est ce que révèle une étude du groupe Interface Média et dont l'objet a porté sur les intérêts et orientations religieuses des Algériens sur Facebook. L'étude inédite révèle que les Algériens recourent à l'espace virtuel bleu pour parfaire et enrichir leurs connaissances religieuses et suivre «fatawas» et «dourous» que livrent des exégètes de différentes chapelles. Il en ressort ainsi que les Algériens, dans leur grande majorité, préfèrent les contenus étranges aux contenus nationaux. Les dix premières pages les plus suivies sur Facebook sont ainsi égyptiennes ou khalidjies. Les causes de cette orientation rendue explicite par les chiffres puisque sur les 21 millions de facebookers algériens, dont 61% représentés par la frange masculine et 39% par la frange féminine, un pourcentage significatif fait ressortir que les internautes algériens sont de gros consommateurs du contenu religieux produit au Moyen-Orient. Les Algériens occupent la deuxième place après les Egyptiens en matière de suivi et absorption d'informations concernant la religion musulmane. L'on révèle ainsi que certains orateurs religieux sont plus suivis par les Algériens que par leurs propres compatriotes. A titre d'exemple, le prédicateur saoudien cheikh Mohamed El Arifi a plus de fans algériens que de fans saoudiens. «Il y a 21 millions d'Algériens sur Facebook et 29 millions de Saoudiens sur ce même réseau social. Mais, on constate que la page du cheikh saoudien Mohamed Al Arifi est suivie par plus de 2 millions d'Algériens et seulement 1,3 millions de Saoudiens, soit 16,3% de ses fans sont des Algériens et 8% seulement des Saoudiens», explique Younès Sadi, auteur de cette étude en soulignant que les fans algériens du prédicateur égyptien Amr Khaled sont plus de 5 millions. Idem pour le prédicateur saoudien Aidh Ben Abdellah El Karni dont la page est suivie par 2 383 368 Algériens contre 1 306 425 Saoudiens. Il en est de même pour la page de Cheikh Rached Ben Othman El Zahrani de la ville de Riyadh en Arabie saoudite. Sachant que le nombre de comptes Facebook saoudiens est de loin supérieur à celui du nombre de comptes similaires algériens. Dans cette analyse, il apparaît que le présentateur vedette des émissions de télévisions religieuses Amr Khaled séduit largement l'audience algérienne, puisque la page facebook de ce dernier est régulièrement suivie par 23,7% d'Algériens inscrits sur le réseau social et y sont accros contre 23,5% d'Egyptiens. L'étude qui met en garde contre les dérives et dangers d'une telle tendance, particulièrement le péril d'entretenir une certaine idéologie extrémiste et hostile à tout ce qui ne colle pas au discours salafiste concocté sous d'autres latitudes. Des exemples récents relayés par l'actualité nationale ont d'ailleurs étayé que ces craintes sont bien fondées, soutiennent les observateurs. Les initiateurs de cette étude expliquent les raisons de ce phénomène en relevant bien des lacunes manifestes en matière de contenu religieux algérien et capable de rivaliser avec l'arrosage religieux venu d'Orient et assuré par les médias en général et le Net en particulier. Ils citent l'inexistence de savants et exégètes religieux algériens, l'absence de toute école coranique prestigieuse en Algérie, contrairement au Royaume d'Arabie saoudite, l'Egypte ou le Koweït. Parmi les autres tares qui empêchent l'émergence d'un contenu religieux algérien digne des avancées de l'heure, figure l'archaïsme des méthodes et moyens mis au service du discours religieux en Algérie, comme l'on cite les affres de la décennie noire.