La Russie et l'Algérie «partagent beaucoup de choses en commun en politique étrangère», a déclaré hier le ministère russe des Affaires étrangères. Le patron de la diplomatie algérienne s'est envolé pour Moscou. Une étape importante du long périple qui le conduira en Biélorussie puis en Turquie. «La Russie et l'Algérie entretiennent des liens étroits et partagent beaucoup de choses en commun en politique étrangère», a souligné un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, la veille de l'arrivée du chef de la diplomatie algérienne. Des liens forts tissés durant la guerre de Libération nationale, densifiés juste après l'accession de l'Algérie lorsque l'Union soviétique symbolisait le «contre-impérialisme américain». Qu'en est-il à l'heure actuelle? «Par nos efforts communs, nous avons réussi à rendre les liens russo-algériens très bénéfiques.» indique le MAE russe. Sur quoi portent-ils? «Diversifiés et riches, ils englobent aussi bien le domaine matériel, et notamment la coopération militaro-technique et énergétique, que les échanges socioculturels. Depuis plusieurs années, nos échanges dépassent 3 milliards de dollars», précise la déclaration de la diplomatie russe qui souligne qu'elle considère l'Algérie comme l'un de ses principaux partenaires en Afrique et dans le monde musulman. Le partenariat algéro-russe est en effet entré dans sa phase concrète après la signature des différents accords dans les domaines d'activités économique, commercial, scientifique et technique. La visite du ministre des Affaires étrangères tombe donc à pic pour en faire son diagnostic. «M. Messahel procèdera avec son homologue russe Sergei Lavrov ainsi qu'avec les autres responsables russes à une évaluation exhaustive de la coopération bilatérale ainsi qu'à une projection sur les perspectives liées à l'approfondissement de ce partenariat», avait annoncé le 16 février un communiqué du MAE algérien. Côté russe, on rappelle que durant la visite en Algérie du Premier ministre Dmitri Medvedev en octobre 2017, «il a été convenu d'un vaste programme de démarches concrètes, lequel s'étendra également aux domaines de pointe, notamment à l'usage de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques». La Commission intergouvernementale russo-algérienne mixte pour la coopération commerciale, économique, scientifique et technique, «qui s'est déjà réunie huit fois et qui fonctionne avec succès, est appelée à jouer un rôle actif dans la mise en oeuvre de ces plans», souligne le même canal d'information. «Les conditions sont réunies pour poursuivre une coopération étroite avec l'Algérie, et que nos liens traditionnellement amicaux continueront d'évoluer positivement», affirme le MAE russe. Puis il sera question d'entrer dans le vif des conflits qui secouent le Moyen-Orient et d'autres régions du monde. Notamment ceux qui secouent la Syrie, la Libye, la Palestine et le Sahara occidental. Les positions des deux pays les concernant sont partagées. L'Algérie et la Russie «prônent la garantie de la stabilité et de l'équilibre des intérêts dans les relations internationales, le renforcement du rôle central de l'ONU, et le respect des normes et des principes fondamentaux du droit international, notamment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sans ingérence extérieure. Nos approches se rejoignent, par exemple sur la Syrie et la Libye», confirme le département de Sergueï Lavrov. Avant cette première halte en Russie, qui le conduira successivement en Biélorussie puis dans la capitale turque, Ankara, le patron de la diplomatie algérienne a procédé, le 16 février, à Vienne en Autriche, à la signature du Protocole additionnel au Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Il s'était entretenu la veille à Berlin, avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler. Une entrevue qui s'inscrit dans le cadre des consultations que mène le successeur de Christopher Ross pour relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario, dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité. Abdelkader Messahel a rappelé lors de cette rencontre que la question du Sahara occidental, territoire inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes, «était une question de décolonisation dont le règlement doit se fonder sur l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément à la doctrine et à la pratique des Nations unies en la matière». Le sujet sera certainement aussi évoqué à Moscou.