Les chefs de la diplomatie algérienne et russe Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est prononcé hier pour «la tenue de négociations directes entre les deux parties au conflit du Sahara occidental, à savoir le Royaume du Maroc et le Front Polisario», dans une conférence de presse conjointe avec Abdelkader Messahel. Après avoir rencontré jeudi dernier à Berlin l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, l'allemand Horst Kohler, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, s'est entretenu hier à Moscou avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, sur un certain nombre de dossiers intéressant les deux parties, et tout particulièrement celui du Sahara occidental. Indéniablement, la Russie et l'Algérie conservent «des liens étroits» depuis de nombreuses décennies et c'est un lieu commun que de dire que ces liens se traduisent par une entente parfaite dans le domaine de la politique étrangère. La visite à Moscou de Messahel aura culminé avec cette réunion, mais il a eu également plusieurs autres rencontres, notamment avec le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev, qui se trouvait, voici deux semaines, à Alger, à la tête d'une importante délégation, et le vice-président du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement russe) Ilias Oumakhanov. Temps fort de ce séjour, une conférence de presse conjointe que les deux chefs de la diplomatie ont donné, hier, à l'issue de leurs entretiens. Comme cela a été indiqué dans un communiqué du MAE russe, l'Algérie est et demeure l'un des principaux partenaires de la Russie en Afrique et dans le monde musulman, eu égard à une relation privilégiée dans nombre de domaines et en particulier sur les questions stratégiques de la stabilité et de l'équilibre des intérêts dans les rapports entre les nations. Partisans du respect des normes et des principes fondamentaux du droit international, comme le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sans ingérence extérieure, les deux pays maintiennent une étroite concertation sur les sujets brûlants de l'actualité internationale, et plus particulièrement les enjeux actuels en Syrie, en Libye et au Sahara occidental. Les visites à Alger du Premier ministre Dimitri Medvedev en octobre 2017 et du secrétaire du Conseil de sécurité Nicolaï Patrouchev, fin janvier, ont permis de sérier les domaines dans lesquels la coopération entre les deux pays sera renforcée, au-delà du domaine militaro-technique qui reste exemplaire. Ainsi a-t-il été question d'un vaste programme qui inclut, entre autres domaines, celui des technologies de pointe, dont l'énergie nucléaire utilisée à des fins pacifiques. Le partenariat stratégique signé en avril 2001 est le premier en son genre que la Russie ait conclu avec un pays arabe et africain. Il a été élargi en 2006 lors de la visite en Algérie du président Vladimir Poutine et des mesures, telles que l'effacement de la dette contractée envers l'Urss, ont contribué à le conforter davantage. Et cette progression a été saluée par les deux parties à l'occasion de la visite en Algérie du secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrushev, accompagné de Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique, pour coprésider avec Abdelkader Messahel la 3e session du dialogue stratégique algéro-russe. La réunion, hier, à Moscou, entre Sergueï Lavrov et Abdelkader Messahel est une suite logique et nécessaire dans le déroulement de cette coopération stratégique. Les deux hommes ont abordé des questions éminemment sensibles comme la situation en Syrie, en Libye, au Mali et au Sahel, sans omettre la question pressante du Sahara occidental, avant d'ausculter la coopération dans le domaine de lutte contre le terrorisme, le crime transfrontalier et la radicalisation. Des thèmes qui intéressent au plus haut point les deux pays dont les points de vue sont totalement partagés. «Il est aujourd'hui admis que les deux pays sont en position de force: l'Algérie sur la scène régionale et continentale, la Russie sur la scène mondiale. Les soutiens à la souveraineté nationale des Etats et au concept multipolaire de la gestion du monde sont également des aspects qui rapprochent considérablement Alger et Moscou», souligne Mikhail Gamandiy-Egorov dans Sputnik, site médiatique russe, qui rappelle le refus d'Alger de soutenir l'action de l'Otan en Libye contre le régime de Mouamar El Gueddafi, en 2011, de classer le Hezbollah libanais parmi les organisations terroristes, de se positionner contre l'Iran, malgré la pression saoudienne, et la position constante en faveur du respect de la souveraineté syrienne, avant de conclure sur une tentative de réconciliation entre Damas et Ankara. Des arguments qui suffisent à étayer la parfaite convergence de vues entre Alger et Moscou.