Les relations économiques sont portées par des partenariats industriels qui touchent plusieurs secteurs. Alger sera sans aucun doute l'étape la plus importante du périple africain du chef de l'Etat turc. Il se rendra par la suite en Mauritanie, au Sénégal et au Mali. L'Algérie est, en effet, le premier partenaire africain de son pays avec une histoire commune en partage. Les legs architecturaux notamment, témoignent de la présence ottomane dans notre pays. La mosquée Ketchaoua en est un exemple attesté. Un joyau restauré gracieusement par des spécialistes turcs que le président turc inaugurera. Un geste symbolique qui n'occultera pas l'importance que revêt cette visite pour les deux pays. En plus d'avoir à aligner leurs positions sur les conflits au Moyen-Orient, au Maghreb et au Sahel», l'Algérie et la Turquie visent à élever leur partenariat économique à un niveau d'exception. C'est d'ailleurs ce qu'a affirmé l'invité de l'Algérie dans un entretien au quotidien Echourouk publié hier. M. Erdogan, qui a commencé par louer le rôle «essentiel» de l'Algérie «dans l'instauration de la paix et de la stabilité dans une région confrontée à des troubles en permanence», a fait part, ensuite, de la volonté de la Turquie d'oeuvrer «à l'approfondissement de la coopération entre les deux pays dans les domaines politique, économique, culturel, touristique, énergétique et sécuritaire», ajoutant que les «relations économiques qui lient les deux pays dans les domaines du commerce, l'investissement, l'immobilier et le tourisme seront développées davantage à l'avenir». Le président turc, qui effectue une visite officielle de deux jours en Algérie à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est arrivé hier à la tête d'une forte délégation d'hommes d'affaires. Les entretiens qui se dérouleront entre les deux chefs d'Etat et les travaux entre les délégations des deux pays «permettront à l'Algérie et à la Turquie de partager leurs analyses de la situation régionale et internationale, notamment au Moyen-Orient, au Maghreb et au Sahel», a indiqué dimanche un communiqué de la présidence de la République. «Les discussions qui auront lieu entre les membres des deux délégations ainsi que le Forum d'affaires, qui regroupera un grand nombre d'entreprises algériennes et turques, ne manqueront pas de donner un élan accru aux échanges et aux partenariats entre les économies algérienne et turque», a souligné la même source. Un autre volet important sera également abordé lors de cette visite. Il s'agit, comme l'a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan d'élaborer les accords nécessaires permettant de tirer profit des potentialités des deux pays. Il s'agit, selon le président turc, «de la liberté de circulation entre les deux pays et de l'octroi de facilités mutuellement bénéfiques». Il est à noter que les échanges entre les deux pays ont atteint 3,5 milliards de dollars alors que 796 entreprises turques, qui emploient près de 30.000 personnes, activent actuellement à travers le territoire national. Les investissements directs (Ide) turcs, ont quant à eux flirté avec le milliard de dollars en 2016. Leurs relations économiques sont portées par des partenariats industriels qui touchent plusieurs secteurs. Ils leur ont insufflé une dynamique significative ces dernières années. Les deux partenaires saisiront l'opportunité de la visite du chef de l'Etat turc pour les élever à un niveau d'excellence. En matière d'investissements enregistrés en 2017 auprès de l'Agence nationale du développement de l'investissement, la Turquie a occupé la première place des investissements mixtes en terme de nombre et de montant de projets avec plus de 20 projets d'investissements d'un montant global de plus de 200 milliards de DA devant générer près de 6000 emplois. Que réserve l'avenir? C'est certainement le domaine du textile qui risque de se tailler la part du lion. Une usine de filature de coton implantée à Relizane devra entrer en production dans les prochains mois, dans le cadre d'un partenariat algéro-turc. D'une capacité de production de 9 000 tonnes par an, cette usine fait partie d'un projet de complexe. Il est composé de huit usines de production intégrée appartenant au joint-venture Tayal formé de deux filiales du Groupe public national de textile Getex, du holding Madar (ex-Snta) et de l'entreprise turque Intertay. Ce projet, dont la réalisation est programmée vers la fin de l'année 2018, porte sur la réalisation de huit usines totalement intégrées, d'un centre d'affaires et d'une d'école de formation en métiers de tissage et de confection avec une capacité d'accueil de 500 stagiaires par session. Rappelons qu'un protocole d'accord portant sur la création d'un joint-venture de production de filés de laine et d'autres produits textiles à Meskiana (Oum-El Bouaghi), a été signé entre l'entreprise publique économique Texalg et la société turque Boyner Sanayi A.S. D'autres secteurs, et non des moindres, sont ciblés. Il sera question de l'extension du complexe sidérurgique d'aciérie et de laminoirs du Groupe turc de droit algérien Tosyali Iron and Steel Industry Algérie sur une superficie de 100 hectares et dédiée à la production du rond à béton dans le pôle économique de Béthioua. Il faudra aussi compter sur le secteur énergétique, point fort de l'économie nationale, dont les compétences sont attestées au niveau international. La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach avait signé en 2017 un mémorandum d'entente avec Ronesans Endestri Tesisleri lnsaat Sanayi ve Ticaret et Bayegan. Son étude de faisabilité porte notamment sur la conception, l'ingénierie, l'approvisionnement, la construction et l'exploitation. Ce projet a pour objectif de produire entre 500.000 et 750.000 tonnes/an de polypropylène en Turquie. Sonatrach et ses partenaires turcs aspirent à un partenariat qui doit assurer à la Turquie un débouché à long terme au propane algérien. La liste reste ouverte...