Le constat de la bonne santé des relations économiques algéro-turques est, une fois de plus, confirmé avec la visite officielle qu'effectue depuis hier, en Algérie, pour deux jours, le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, à l'invitation du président Bouteflika. Le président turc a voulu délivrer un message fort à l'adresse de notre pays en lui réservant sa première visite officielle bilatérale à l'étranger. D'après les données des Douanes algériennes, en 2013, la Turquie était classée 9e client de l'Algérie (pour 2,6 milliards de dollars) et son 7e fournisseur (pour 2,07 milliards de dollars). Plus de 200 entreprises turques ont investi en Algérie dont 53 dans le domaine de la construction. L'intérêt accordé par la Turquie à ses relations économiques avec l'Algérie n'est donc pas fortuit. Il est visible dans l'importance de la délégation qui se déplace avec le président Erdogan, composée notamment de plusieurs ministres, de parlementaires, de hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires. Enfin, autre signe évident de cet intérêt : un forum économique des hommes d'affaires algéro-turc est prévu en présence du président turc et du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Selon un communiqué de la présidence de la République, cette visite s'inscrit dans le cadre du «renforcement continu des relations entre les deux pays». La même source rappelle que les deux pays sont liés par un Traité d'amitié et de coopération, signé en 2006, et indique que leur partenariat touche tous les secteurs d'activité et évolue à la satisfaction des deux pays. L'Algérie compte sur la Turquie pour la relance de la filière textile qui est en panne depuis une trentaine d'années. Ce secteur a, d'ailleurs, la part du lion dans le partenariat algéro-turc conçu sur la base de la formule 51%-49%, et concrétisé par la création d'une société mixte algéro-turque, appelée «l'Algérienne du sport's wear», Tayal, détenue à 51% par la partie algérienne à travers le groupe CH (30%) et l'entreprise publique algérienne de textiles Texalg (21%), et à 49% par la société turque Intertay, filiale du groupe turc Taypa. Elle est appelée à réaliser un grand pôle industriel des textiles sur le site du nouveau parc industriel de Sidi Khettab (Relizane) sur une superficie de 250 hectares dont 100 ha serviront d'assiette à 8 usines intégrées qui seront spécialisées dans la production des tissus denim (jean), des filets textiles et d'autres types de tissus, de confection des chemises, des pantalons jean, des articles de bonneteries et de finissage de tissus, et 150 ha pour la construction future d'une dizaine d'autres usines, spécialisées essentiellement dans la production de linge de maison, d'accessoires de confection et de tissus non tissés. Au total, ce complexe coûtera 155 milliards de DA et devrait générer près de 25 000 emplois. A la faveur de ce partenariat, l'Algérie compte réaliser un vieux projet datant des années 1970 et non réalisé à ce jour, consistant en la mise en place d'une usine de fibres synthétiques qui permettra de satisfaire les besoins du marché national et exporter le surplus. La filière lait est également inscrite dans ce mouvement de renforcement de la coopération bilatérale algéro-turque. Un protocole d'accord entre l'Union générale des commerçants algériens (UGCA) et l'Association des industriels des produits laitiers (Asud) de Turquie a été signé, en juin dernier à Alger, dans le cadre de rencontres d'affaires bilatérales entre une quinzaine d'entreprises turques dans la filière lait et une cinquantaine de leurs homologues algériennes. Il est évident que si le président turc s'est déplacé avec une aussi importante délégation, c'est pour repartir avec de bonnes affaires conclues pour son pays grâce à une extension du partenariat à d'autres secteurs que ceux du textile, du lait et du tourisme.