Le président afghan Ashraf Ghani a proposé hier un cessez-le-feu préalable à des pourparlers de paix sous conditions aux taliban, afin de mettre un terme à 17 années de guerre dans le pays.«Il devrait y avoir un cadre politique à la paix. Un cessez-le-feu devrait être proclamé. Les taliban devraient être reconnus comme un parti politique et un processus de renforcement de la confiance devrait être lancé», a-t-il déclaré en ouverture de la deuxième conférence du Processus de Kaboul. En préalable à l'engagement de pourparlers, M. Ghani exige des taliban qu'ils reconnaissent la constitution, qu'il se dit prêt à «amender», ainsi que son gouvernement. «Maintenant, la décision est entre vos mains. Acceptez la paix... et apportons de stabilité à ce pays», a-t-il lancé. Le président afghan a également posé comme condition «le respect des droits des citoyens, en particulier des femmes, conformément à la constitution» et «le respect des forces de sécurité». De leur côté, les autorités s'engageraient à assurer la sécurité des taliban qui accepteraient leur offre, à «considérer» leurs propositions, à lever les interdictions de voyager qui pèsent sur certains de leurs responsables et à obtenir un soutien international aux pourparlers. Mais, a insisté M. Ghani, «aucun groupe armé lié à des organisations terroristes étrangères, gouvernementales ou non, ne sera autorisé sur le sol afghan». La proposition du président afghan intervient au lendemain d'un appel des taliban aux Etats-Unis pour qu'ils «discutent» avec leurs représentants au Qatar. C'est la première fois depuis plus de deux ans que les insurgés taliban montrent leur disposition à participer à des pourparlers pour mettre fin au conflit engagé depuis 2001 avec les Etats-Unis, dans la foulée d'une série d'attentats meurtriers visant les civils à Kaboul fin janvier. Kaboul accueillait hier la seconde conférence du «Processus de Kaboul», qui réunit les représentants de vingt-cinq de pays de la région, dont l'Inde et le Pakistan, ainsi que les Etats-Unis et «trois organisations internationales dont l'ONU». «Ils vont évoquer les mécanismes de paix et la lutte contre le terrorisme», a indiqué le porte-parole du ministère Ahmad Shekib Mustaghni. La première réunion avait eu lieu en juin dernier, sans résultat notable. Les taliban avaient récemment adressé une lettre ouverte au «peuple américain et au Congrès» pour expliquer que «la guerre n'est pas notre choix, mais nous est imposée» et réclamer une solution pacifique au conflit. «Il doit maintenant être établi par les Américains et leurs alliés que la question afghane ne peut pas être résolue militairement», insistent-ils mardi. «Les stratégies militaires testées depuis 17 ans ne feront qu'intensifier et prolonger la guerre. Et ce n'est dans l'intérêt de personne».